Le g�n�ral Khaled Nezzar a remis � la commission Bensalah une v�ritable feuille de route. Une plateforme politique en douze points, bien pr�cis, englobant tous les grands axes politiques inh�rents � la crise et qui sont, surtout, d�essence d�mocratique et r�publicaine. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Incontestablement, les propositions de Nezzar, invit� jeudi dernier � la pr�sidence par l�instance de consultations sur les r�formes politiques, sont les plus s�rieuses, les plus radicales et les plus n�cessaires pour le pays, depuis le d�but des consultations. Eternelle b�te noire des islamistes et du camp du �qui-tue-qui ?�, le g�n�ral Nezzar, ancien ministre de la D�fense nationale et membre de l�ex-Haut-Comit� d�Etat, a �t� celui qui a conduit l�op�ration salvatrice de l�arr�t du processus �lectoral suicidaire engag� par le trio Chadli, Mehri et Hamrouche en 1991. Chef de file des militaires, leur leader officiel jusqu�en 1995, puis officieux depuis, Nezzar a toujours incarn� l�arm�e alg�rienne. Sa voix a toujours �t� per�ue comme �tant celle de la grande muette. D�ailleurs, le document remis jeudi � la commission Bensalah rappelle, � bien des �gards, celui confidentiel, r�dig� sur instruction du ministre de la D�fense nationale, Nezzar en l�occurrence, par les g�n�raux Mohamed Touati, Abdelmadjid Taghit et Mohamed Lamari en 1990, d�j�. Ce document, remis � Chadli, pr�venait d�j� d�une �crasante victoire du FIS aux l�gislatives. En m�me temps qu�il pr�conisait une s�rie de mesures � m�me de permettre l��mergence du courant d�mocratique et r�publicain aux l�gislatives de 1991. Or, Mehri et Hamrouche n�en voulaient pas, Chadli n�en tenait donc pas compte, et la suite tout le monde la conna�t. Jeudi dernier, Nezzar revenait presque � la charge, une vingtaine d�ann�es plus tard. Au sortir de sa rencontre avec la commission Bensalah, l�ancien ministre de la D�fense ass�ne : �Si j�ai d�cid� de r�pondre positivement ( � l�invitation), en voici les raisons : d�abord parce que nous sommes en pr�sence d�un engagement solennel du pr�sident de la R�publique. Partant de l�, je consid�re ces r�formes comme un dispositif fondamental par lequel sera parachev� l��difice institutionnel et l�gislatif national.� Nezzar ne m�che pas ses mots, ceci �tant : �Si l�enjeu consiste en une r�vision constitutionnelle consacrant l�Alg�rie comme Etat de droit, et dans la mesure o� tel est le but vis�, je souligne publiquement la port�e historique de la chance qui nous est offerte au risque d��tre d��u une fois de plus.� C�est une v�ritable mise en garde, � peine voil�e que Nezzar explicitera tout de suite apr�s. �Ayant �t� membre du Haut-Comit� d�Etat (�) je ne peux manquer l�occasion de souligner les points suivants sur lesquels notre future Constitution amend�e ne devra laisser subsister aucune confusion ou ambigu�t�.� �P�rennit� du caract�re r�publicain et d�mocratique de l�Etat� D�embl�e, Nezzar propose de baliser d�finitivement et pour toujours, le terrain politique. �Elle (la r�vision constitutionnelle) doit garantir : 1. La p�rennit� du caract�re r�publicain et d�mocratique de l�Etat.� C�est, l�, � n�en pas douter, le c�ur m�me de la probl�matique. Car le terrain ainsi balis�, � savoir priver les islamistes de toutes vell�it�s d�instaurer un r�gime th�ocratique, le reste n�est qu�un ensemble de r�gles universelles. Nezzar les �num�re d�ailleurs en d�tail lorsqu�il poursuit que cette m�me r�vision doit aussi garantir �l�organisation de l�alternance au pouvoir, avec �galit� des chances d�acc�s aux instances d�lib�rantes et aux ex�cutifs �lus, ceci � tous les niveaux de l�autorit� de l�Etat ; la primaut� de la l�gitimit� constitutionnelle pour toute question touchant au temporel et aux droits du citoyen�. Puis, cette pique toute destin�e � Abdelaziz Bouteflika. �Le respect de la libert� d�expression et des libert�s publiques. Le droit de manifester pacifiquement doit �tre effectif y compris � Alger.� Pour mieux se faire comprendre, Nezzar fera remarquer, � juste titre du reste, que �si de tels principes et m�canismes �taient en vigueur dans la Constitution de 1989, il n�y aurait eu nul besoin de recourir � la suspension du processus �lectoral pour la sauvegarde de la voie d�mocratique�. L�ancien ministre de la D�fense remet, ensuite, profond�ment en question la d�marche, telle qu�engag�e par Bouteflika. Il indiquera en effet que �d�ores et d�j�, la d�marche du pr�sident gagnerait consid�rablement en cr�dibilit�, d�abord par la mise au point d�finitive des textes et leur approbation �manant d�une instance ou d�un organe qui �chappe � l�influence partisane ; ensuite que la future commission devant �tudier la r�forme constitutionnelle doit pouvoir se prononcer sur la question de la limitation du mandat pr�sidentiel sur option de Monsieur le pr�sident de la R�publique�. Le g�n�ral enfonce encore le clou lorsqu�il aborde la loi �lectorale. �S�il y a un domaine o� l�autorit� publique est handicap�e par un d�ficit de cr�dibilit�, c�est bien en mati�re �lectorale.� Tandis que le tir est davantage plus pr�cis lorsqu�il �voque la loi sur les partis. �A ce sujet, je ne peux avancer de dispositifs pr�cis cependant que les dossiers d�agr�ment d�j� d�pos�s depuis fort longtemps et non encore agr��s pour des motifs �administratifs bureaucratiques� puissent l��tre. A tout le moins, qu�ils puissent d�ores et d�j� �tre mis en position de se pr�parer le plus t�t � participer aux �lections futures.� Des l�gislatives auxquelles Nezzar accorde le plus grand int�r�t. C�est le sens m�me de sa onzi�me proposition : �Afin de renforcer la cr�dibilit� du projet de r�forme pr�sidentiel, il y a lieu d�opter pour une l�gislation par ordonnance. Cette d�marche vise � contourner l�instance l�gislative actuelle. Ces projets de lois devraient �tre �labor�s par une commission ind�pendante �. La derni�re proposition de Nezzar concerne la presse et les m�dias. Il plaide clairement pour la r�habilitation du Conseil sup�rieur de l�information. �La nouvelle loi (sur l�information) devra restaurer les pr�rogatives d�une autorit� de r�gulation ind�pendante et de promotion m�diatique dans le respect des r�gles de d�ontologie.� En somme, Khaled Nezzar propose un tout autre projet de soci�t�, celui-l� m�me que l�Alg�rie avait manqu� de lancer au d�but des ann�es 1990, sacrifi� qu�il �tait sur l�autel de la �cohabitation� si ch�re au trio Chadli, Mehri, Hamrouche...