Pour les agents immobiliers, certaines dispositions de la loi de finances 2018 vont amplifier le phénomène des fausses déclarations lors des transactions immobilières. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Les dispositions phares de la loi de finances 2018 en relation directe avec l'immobilier et leurs impacts sur le marché immobilier et ses différents acteurs ont été au cœur du débat d'une journée d'information, organisée par le site immobilier Lkeria.com en partenariat avec la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai) hier, à Alger. Les agents immobiliers estiment que la nouvelle application de la taxe sur la plus-value ne sera pas sans incidences négatives sur le marché de la vente. Réintroduite en 2017, la taxe de 5% sur la plus-value touchait tout type d'habitation détenue depuis plus de 10 ans. «En 2018, les appartements ont été exonérés de cette taxe à condition qu'ils soient la seule habitation. Cette situation provoquera la sous-déclaration pour calculer les 5% sur une valeur moindre. Il y aura aussi une augmentation potentielle de 5% du prix du bien afin de rattraper l'augmentation», explique Lotfi Ramdani, directeur du site immobilier Lkeria.com. Selon lui, cette taxe pénalise également la mobilité des personnes qui désirent vendre leur appartement et changer d'habitation. «Elle va en contradiction avec l'esprit de l'incessibilité supprimée dans la loi de finances 2018, pour permettre une mobilité», dit-il. Lotfi Ramdani précise, à cet effet, que l'incessibilité des logements publics a été supprimée pour tous les logements publics sauf le logement social locatif. Cette nouvelle vision, ajoute-t-il, permettra plus de transactions de vente et davantage de mobilité pour les personnes. Pourtant, l'expert consultant immobilier, Abderrahmane Benyamina, est d'un autre avis. Il estime que la suppression de l'incessibilité des logements publics ne va pas relancer la dynamique du marché de l'immobilier. Ce marché connaît justement depuis une année, un recul. Selon le directeur du site immobilier Lkeria.com, plus de 250 000 annonces immobilières de vente ou de location sur le net ont été recensées en 2016, contre uniquement 110 à 120 000 annonces en 2017. Le bug sur le marché immobilier explique pour sa part, Abderrahmane Benyamina, est dû à un «dysfonctionnement». «Les prix augmentent sans appui réel. Il n'y a aucun investissement, aucune qualité de produit. Les experts imputent ce fait au blanchiment d'argent», dit-il. De son côté, le président de la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai), Abdelkrim Aouidat, a évoqué la retenue de la moitié du prix de vente au lieu du cinquième précédemment. «Le dépôt de 50% de la transaction va encourager les fausses déclarations», assure-t-il.