[email protected] J'apprends que le charlatan Mohamed Rashed El- Hachemi, patron de la cha�ne de t�l�vision �Al- Hakika� qui tue � distance, a �t� arr�t� vendredi dernier � Alger. C'est une bonne nouvelle que cet escroc international, qui affirme pratiquer la �m�decine proph�tique�, ait �t� incarc�r�. Cependant, la satisfaction de voir un m�chant d�masqu� est temp�r�e par le fait que cet individu ait �t� arr�t� non pas � son arriv�e � Alger, mais � son d�part. Ce qui change beaucoup de choses, et suscite nombre d'interrogations sur la dur�e et le programme de son s�jour parmi nous. D'abord, il n'est pas venu par hasard, ou apr�s avoir lu un de nos d�pliants touristiques vantant l'air sain et vivifiant des rives de l'oued El-Harrach. Ce Jordanien qui laisse entendre, par sa particule, qu'il aurait des liens de parent� avec la dynastie r�gnante de son pays, �tait en mission d'investissement. Entendez par l� qu'il est venu investir l'Alg�rie comme on investit une place forte, dont les voies d'acc�s auraient �t� ouvertes par des partisans locaux. Rashed El-Hachemi savait pouvoir b�n�ficier de toutes les alliances possibles dans ce pays o� le charlatanisme cro�t et prosp�re au rythme de l'�volution d�mographique et scolaire. J'aurais m�me tendance � croire que le patron de la mortif�re �Hakika� est venu en Alg�rie, non pas pour y enseigner l'art de faire les poches aux �gogos�, mais pour apprendre, pour perfectionner ses recettes. Gu�rir le cancer � distance ? Quelle affligeante banalit� ! Chez nous, c'est le malade qu'il s'agit de tenir � distance, et suffisamment longtemps pour que le rem�de radical fasse son effet. Gu�rir le mal en tuant le malade : on n'a pas trouv� mieux depuis les b�chers de la sainte inquisition. Quand on pr�tend faire des miracles, par le biais du petit �cran, il n'y a rien de tel qu'un pays de miracles pour am�liorer la technique et les rendements. Oui, je suis n� et mourrai sans doute en pays de miracles : on me le r�p�te sans arr�t depuis 1962, mais j'ai mis du temps � le comprendre. Des miracles ? Il y en a partout et tous les jours. Il suffit de lire les journaux pour s'en apercevoir. N'est-ce pas miraculeux que la terre tremble partout sous les pieds des puissants arabes, et qu'il ne se passe rien ici ? D'accord, nous ne sommes pas �Oum Eddounia�, la �M�re de l'univers�, mais nous sommes quand m�me ce qui se rapproche le mieux de son nombril. La tectonique des plaques, c'est d'une facilit� d�concertante : pour la comprendre et l'assimiler, il faut juste avoir acc�s aux d�lib�rations du FLN. C'est tout de m�me incroyable et miraculeux que nous soyons les seuls � payer la �zakat�(1) par milliards alors que nos revenus se chiffrent par millions ! Ce n'est pas sain, ce n'est pas orthodoxe, j'allais dire fondamentaliste puisque nous baignons l�-dedans. Mais pour ce qui concerne le marchand de tr�pas jordanien, mieux vaut tard que jamais, c'est finalement une bonne chose qu'il ait �t� arr�t� au moment o� il quittait Alger. D'accord, il n'a pas de projet prom�th�en, il en est m�me tr�s loin, mais n'aurait-il pas d�couvert et d�rob� chez nous quelque secret susceptible de l'enrichir sans rien nous rapporter ? On peut se demander ce qu'il aurait fait de l'exp�rience acquise s'il avait r�ussi � embarquer pour Tunis, comme il en avait l'intention, apr�s, il y aurait eu Tripoli, puis Le Caire. Le Caire ? Ce serait �tonnant que Hachemi aille y faire tourner sa toupie, comme on dit sous nos cieux tourbillonnants. L�-bas, ils auraient vite fait de le remettre en place, eux ils n'attendent pas que le miracle intervienne, ils le provoquent. Voyez avec quelle dext�rit�, les �Fr�res� musulmans et leurs �cadets� fondamentalistes ont lanc� l'OPA sur une r�volution et sur un pays ! Apr�s une longue p�riode de silence, le magistrat et �crivain Mohamed Sa�d Achemaoui vient de publier une s�rie d'articles sur les derniers �v�nements en Egypte. Les plus r�cents, publi�s en deux parties sur le site �Middle East Transparency�, sont consacr�s aux derni�res �lections l�gislatives. M. S. Achemaoui d�nonce la double imposture constitutionnelle qui a pr�sid�, selon lui, � ces �lections l�gislatives. D'abord, il observe que les amendements effectu�s le 30 mars 2011 portaient sur une Constitution abolie de fait par la r�volution du 25 janvier. Ensuite, l'article 4, paragraphe 3 de la Constitution amend�e interdit toute constitution de partis ou toute activit� politique sur des bases religieuses, ou sur la distinction de sexe ou de confession. �Or, cette interdiction tr�s claire a �t� ignor�e par tous, et annihil�e par un complot du silence. Qui est responsable ? Le Haut conseil des forces arm�es, ou le gouvernement avec toutes ses institutions, ou bien les partis politiques la�ques qui sont entr�s dans une comp�tition d�shonorante, qui n'avait rien � voir avec la politique. Une comp�tition domin�e par le discours religieux et loin des slogans oppos�s � l'Etat religieux port�s par les jeunes de la place �Al-Tahrir�. Pour l'auteur de l'ouvrage de r�f�rence qu'est l'Islam politique(2), les partis lib�raux la�ques ont rat� une occasion unique en participant au scrutin. Ils pouvaient refuser d'y aller en invoquant l'article 4 de la Constitution, mais ils ont pris part � l'�lection, en lui conf�rant une apparence de respectabilit�. Comme quoi les absents n'ont pas toujours tort. Bien �videmment, les �Fr�res� musulmans et leurs �cadets� fondamentalistes profitent � fond de l'aubaine. Par touches successives, ils se fabriquent une l�gende, rel�guant l'Histoire et ses vrais artisans aux oubliettes. La r�volution du 25 janvier, mais nous y �tions, tonnent les �Fr�res�, sur l'air des �Ul�mas� alg�riens. �Nous sommes descendus en force le 28 janvier sur la place �Al- Tahrir� pour prot�ger les manifestants �, proclament-ils dans les m�dias. Et puis, la r�volution du 25 janvier, ce ne sont pas les jeunes Egyptiens qui l'ont faite. �C'est l'�uvre de Dieu, c'est une r�volution divine. � Et comme ils sont les repr�sentants de Dieu sur la terre d'Egypte, en attendant la suite� Quant aux tenants du �Salafisme� qui n'en reviennent pas d'avoir obtenu autant de voix, et surtout des voix f�minines, ils annoncent d�j� que leur victoire �tait inscrite dans le Coran. A l'adresse des Egyptiennes qui ont vot� pour eux, ils avertissent qu'elles devront porter le hidjab ou �sortir de l'Islam�. Et si, pour une fois, elles les prenaient au mot et choisissaient le vote sanction ? A. H. 1) Il faut d'ores et d�j� vous habituer � cette formule dans votre lexique citoyen, � la suite de mots oubli�s ou enfouis comme �Rokia�, �Hidjama� etc. La �Zakat� a l'avantage de vous pr�munir contre les redressements fiscaux et autres tracasseries modernes. Le retour aux sources a du bon, s'agissant d'argent. 2) L'Islam politique par Mohamed Sa�d El-Achemaoui, Editions ENAG 1990. Je ne pense pas qu'il ait �t� r��dit� ces derni�res ann�es, �a ne se fait pas sous la coalition tripartite.