Depuis fin octobre 2011, la situation sur le front des activit�s terroristes n�alimente que tr�s rarement la rubrique des attentats. Les informations publi�es se rapportent beaucoup plus � des �liminations d�islamistes arm�s ou de d�fections dans les rangs d�Aqmi que de pertes dans le camp r�publicain. Pour faire le point, nous avons appel� plusieurs contacts notamment ceux bas�s dans les localit�s de l�est de la wilaya de Boumerd�s. Nous avons �galement longuement discut� avec un haut responsable s�curitaire, sp�cialis� dans la lutte antiterroriste. La collecte de ces donn�es et leur recoupement ont �t� faits bien avant la sortie m�diatique du ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales, Daho Ould Kablia, qui a d�clar� que la situation s�curitaire dans le pays est en nette am�lioration. Le responsable s�curitaire, qui nous avait averti, rappelons-le, plusieurs mois (mars 2007) avant l�ex�cution des premiers attentats kamikazes de la forte probabilit� concernant cette d�rive aveugle et sanguinaire (attentats suicides), donne, � l�occasion, un avis d�expert. �Le terrorisme est en nette recule�, dira-t-il. Bien que le simple citoyen n�a pas une vue d�ensemble, limitant par ailleurs son appr�ciation � la seule r�gion o� il vit, nous avons not� n�anmoins que les appr�ciations de la situation s�curitaire des deux parties � les citoyens que nous avions questionn�s et le responsable � ne divergent pas fondamentalement. Les �chos de nos diverses sources ne contredisent pas en effet l�optimisme de ce responsable. Ceci dit, le responsable s�curitaire se garde d�user de termes triomphalistes. En clair, la vigilance est toujours de mise. La centaine de terroristes, l�estimation est de l�officier, isol�s, affam�s et pourchass�s dans les maquis de la Basse et la Haute-Kabylie, peuvent r�agir comme la b�te bless�e et traqu�e. Le risque d�attentats, y compris des attaques de kamikazes, demeure mais ce il est largement revu, depuis quelques mois, � la baisse. Optimisme et prudence �C�est formidable ! La RN24 est rouverte, nous circulons plus librement et en s�curit�, nous veillons �galement tard dans la nuit�, nous dira au t�l�phone un membre des GLD (Groupes de l�gitime d�fense) install� � l�est de Dellys, non loin de la fameuse for�t de Mizrana. Il y a lieu de rappeler que la RN 24 (Alger- Azzefoun par le littoral) a �t� ferm�e pour des raisons s�curitaires, sur le tron�on entre Dellys dans la wilaya de Boumerd�s et la ville de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, depuis plus d�une d�cennie. �Effectivement, la s�curit� s�est am�lior�e. Les services de s�curit� sont pr�sents partout, la peur a diminu� et les affaires reprennent. � C�est en r�sum� ce que nous ont dit des citoyens et des membres de la soci�t� civile de Ammal, Dellys, Th�nia, Zemmouri, Baghlia. Nos interlocuteurs sont bien inform�s sur la situation s�curitaire de leurs localit�s. En revanche, un ancien patriote de Sidi-Daoud reste sceptique. Pour preuve, il nous d�crira la situation qui pr�vaut dans sa commune. �Il y a un groupe terroriste d�une vingtaine d'�l�ments, 16 d�entre eux sont essentiellement originaires de la commune de Sidi-Daoud qui bouge beaucoup. Ce groupe, qui est command� par Djamel Hameb, mont� au maquis en 1994, fait des incursions dans les villages des hauteurs de cette commune. Les terroristes circulent dans les montagnes, organisent des r�unions et ramassent de l�argent. Ils disposent donc n�cessairement de r�seaux de soutien ou du moins d�informateurs.� Il pr�cisera, par contre, que ces �l�ments ne commettent pour l�heure aucun attentat. Les terroristes se contentent, selon lui, de faire le va-et-vient entre les environs de Sidi-Daoud et le massif de Sidi-Ali-Bounab, dans la commune voisine de Laaziv. La saign�e Quelles sont les raisons pouvant expliquer la diminution substantielle de la nuisance des terroristes ? C��tait l�une des questions adress�es � notre interlocuteur. Il nous en citera plusieurs. �Il y a d�abord le travail fait sur le terrain. Le quadrillage du territoire, le harc�lement et les pressions exerc�es au quotidien par les services de s�curit� ne laissent aucun r�pit aux terroristes. Ce qui a pour r�sultats tangibles la diminution des effectifs des katibate toujours en activit�. De plus, il y a le rejet du terrorisme par la population. Maintenant, les citoyens n�h�sitent plus � refuser de leur verser de l�argent. Il est vrai, les terroristes ne viennent plus en groupes de vingt ou trente individus arm�s pour racketter les familles isol�es. Mais le citoyen a moins peur.� Effectivement, s�agissant du rejet du terrorisme, il ne subsiste maintenant plus aucun doute concernant la rupture entre la population, notamment les jeunes, et les salafistes arm�s. C�est d�sormais le tarissement des sources de recrutement. Sur ce point, une anecdote qui nous a �t� rapport�e par des citoyens de Zemmouri est � m�diter. Elle d�montre, en outre, le changement de mentalit� des jeunes par rapport � l�id�ologie d�Aqmi. Par le pass�, lorsqu�une personne est embarqu�e dans le cadre de la lutte antiterroriste par les services de s�curit�, les jeunes de Zemmouri, fief de la sinistre katibat El Arkam impliqu�e dans la majorit� des attentats kamikazes commis dans la r�gion centrale de la wilaya de Boumerd�s, disaient que la personne en question �a un probl�me avec Eddoula� (comprendre avec l�Etat ou le pouvoir.) Pr�sentement, pour une situation similaire, les m�mes jeunes disent que la personne en question �a un probl�me concernant le terrorisme�. L��volution s�mantique est r�v�latrice d�un nouvel �tat d�esprit. Une autre victoire, plus importante que celle contre les seriate et les �l�ments arm�s, est � inscrire au b�n�fice des services de s�curit�. Il s�agit de la neutralisation du plus gros des effectifs des r�seaux de soutien. �Lorsqu�un terroriste descend lui-m�me jusqu�� un douar isol� pour acheter un sachet de lait pour survivre, cela signifie que les r�seaux de soutien font d�faut�, rappellera l�officier sup�rieur. Sans ces r�seaux, les chefs terroristes sont effectivement �aveugles� et ne peuvent se mouvoir sans risque de rencontrer les services de s�curit�. Ce qu�ils ne peuvent plus se permettre. La capacit� d�affronter militairement les forces de l�ordre leur a �t� enlev�e depuis longtemps. L�officier rappellera un autre fait qui d�moralise davantage les terroristes. Il s�agit des affrontements, pour des raisons id�ologiques, entre les anciens de GSPC (Groupe salafiste de pr�dication et de combat) et ceux issus des GIA (Groupes islamiques arm�s). Le principal point de discorde discorde entre seriate ou �mirs se rapporte, selon notre interlocuteur, � l�assassinat des repentis ; acte refus� par les �l�ments du GSPC. Le partage de l�argent du racket et la question du leadership ne font sans doute qu�attiser la violence entre �mirs. Est-ce le tournant d�cisif de la lutte antiterroriste ? Cela d�pend de la prise en charge de l�aspect politique de cette guerre. 2012, ann�e cruciale Le plus pessimiste des citoyens ne peut nier un fait : les services de s�curit� sont en voie d�obtenir une seconde victoire militaire contre les islamistes arm�s. Seconde parce que, tout simplement, la premi�re, celle obtenue � l�or�e des ann�es 2000, n�a pas �t� totale. A cause des man�uvres politiciennes et la mauvaise interpr�tation de la loi sur la r�conciliation nationale, le rel�chement qui s�en �tait suivi a permis aux terroristes de se r�organiser et de recruter massivement. R�sultat : la liste des victimes a �t� rallong�e de milliers de noms et la facture des d�g�ts gonfl�e de plusieurs centaines de milliards. L�officier n�est pas d�accord avec une partie de cette analyse et affirme qu��aucun texte de loi n�a jamais interdit ou ralenti la poursuite de la lutte antiterroriste, bien au contraire�. Il est clair qu�aucun patriote ne souhaite la r�p�tition de cette immense erreur. En tout cas, l�optimisme de cet officier et des citoyens doit �tre soutenu par des d�cisions militantes et audacieuses pour asseoir la victoire sur Al Qa�da et son id�ologie mortelle. Notre pays est, en effet, � la crois�e des chemins. 2012 est une �tape cruciale pour arracher cette victoire. Tout Alg�rien qui a souffert durant ces deux derni�res d�cennies dira sans aucun doute que la bonne gouvernance, la justice sociale, la lutte contre la corruption et toutes formes d�abus sont les cl�s de cette r�ussite. Dans le cas contraire, les Alg�riens pr�pareront le lit d�une autre crise.