Reportage r�alis� par Mehdi Mehenni Maghnia. 24 janvier 2012. Il est 00h30. A quelques centaines de m�tres du poste avanc� El Akid Abbas, un simple trac� d�herbes sauvages s�pare la terre d�Alg�rie du sol marocain. La patrouille des gardes fronti�res alg�riens rep�re trois v�hicules suspects � une centaine de m�tres, du c�t� du royaume ch�rifien. Non loin, des lumi�res surgissent d�une modeste b�tisse. Un sur la terrasse, deux sortent derri�re un mur. El Mkhaznia braquent leurs torches sur le cort�ge des GGF alg�riens, plut�t que sur les contrebandiers stationn�s � une cinquantaine de m�tres de leur point d�observation ! Les trois voitures, dont la coupe se rapproche de la Renault 21, �teignent leurs phares et attendent paisiblement que la patrouille nocturne alg�rienne disparaisse pour traverser la fronti�re. �Ils transportent certainement de la drogue�, dira un gendarme. De leurs torches, El Mkhaznia inspectent le nombre de v�hicules des gardes fronti�res alg�riens en passage. Il y a quelque chose qui bouge chez le voisin alg�rien. Il est imp�ratif de cerner l�objet de la visite. Les contrebandiers en retraite ne semblent point pr�occuper El Mkhaznia, qui plus consacr�s � surveiller les mouvements des GGF alg�riens qu�� mettre la main sur les trafiquants. Le business en jeu ! Y a-t-il eu prise de marchandises ou arrestation de contrebandiers chez les Alg�riens ? Telle est la question qui semble tourmenter El Mkhaznia ! Un gendarme alg�rien renvoie l�ascenseur et balaie de sa torche El Mkhaznia fig�s sous leur b�tisse. Histoire de dire : �Je vous ai compris !�. Pour quelques dirhams de plus ! Pendant ce temps, les trois v�hicules des contrebandiers demeurent toujours stationn�s. Comme s�ils font, eux et El Mkhaznia, partie d�un seul corps. Sc�ne d�routante ! Flagrante ! La patrouille alg�rienne poursuit son chemin sans animosit� aucune. Les GGF ne nourrissent gu�re d�illusions sur la �bonne� volont� d�El Mkhaznia. A chacun ses priorit�s, � chacun son combat. L�un d�fend une cause, l�autre braque sa torche ailleurs pour quelques dirhams de plus ! Plus loin, dans la r�gion d�El Khandak, alors qu�il fait plus froid et plus humide, deux gardes fronti�res alg�riens sortent des buissons pour saluer la patrouille en passage. Ces hommes qui g�lent sous un climat glacial et dont la vie est constamment en danger ont besoin d�un geste. Un �que Dieu soit avec vous�, de la part du commandant du 1er groupement des gardes fronti�res de Maghnia, pr�sent � la t�te du cort�ge. Un simple geste d�encouragement, de reconnaissance qui saura donner davantage de force � ces hommes faisant face � la contrebande et ses p�rils, � la duret� de la nature et ses s�quelles. Ils sont �g�s � peine de trente ans. D�autres jeunes de leur g�n�ration ont choisi de brader le carburant de leur pays et faire rentrer de la drogue pour empoisonner leurs concitoyens. Eux, ils ont pr�f�r� faire face, dresser un obstacle, d�fendre enfin une cause, dont le prix ne peut �tre ressenti que par ceux qui se trouvent � cet endroit et � cette heure-ci. Il est 1h30. Postes d�observation ou de recensement ? La patrouille parcourt les postes avanc�s et leurs points d�observation. Face � chaque poste des GGF alg�riens, le Maroc a �rig� un point d�observation � lui. Les torches d�El Mkhaznia sont constamment brandies pour cerner la mouvance de l�autre c�t�. Postes de vigilance contre les contrebandiers ou postes de recensement des patrouilles des GGF ? Une fois la nuit tomb�e, les points d�observation alg�riens se transforment en zones d�embuscade. Certains agriculteurs de la r�gion de Maghnia ont opt� pour la cl�ture de leurs exploitations avec du barbel� pour emp�cher le passage des contrebandiers par leurs terres. Ce qui facilite la t�che aux GGF qui ont, en plus, creus� des ravins et dresser de grosses pierres sur les petits sentiers pour bloquer le passage des v�hicules des contrebandiers. Des mesures qui ne semblent pas d�courager les trafiquants, car l� o� le terrain est accident�, ils optent pour des �nes afin de transporter la drogue ou le carburant. Depuis le d�but de l�ann�e en cours, les �l�ments GGF de Maghnia ont mis la main sur 16 770 litres de mazout et 420 litres d�essence, le gros transport� � dos d��ne. D�ailleurs, plus de 18 bourriques ont �t� intercept�es jusque-l�. Les saisies ont pour la plupart �t� r�alis�es en embuscade. Mais le fait le plus inqui�tant est depuis quelque temps, ce ph�nom�ne du port d�armes � feu par les contrebandiers. Lorsqu�ils transportent de la drogue ou des marchandises de grandes valeurs, ils n�h�sitent pas � ouvrir le feu au vu des gardes fronti�res alg�riens. Depuis le d�but de l�ann�e, les GGF de Maghnia ont �galement proc�d� � la saisie de 49,50 kg de kif trait�. Des �nes super intelligents ! Il est 2h du matin. Toujours dans la r�gion d�El Khandek. La patrouille se pr�cipite vers un terrain vague. Un groupe de GGF en embuscade entoure trois bourricots charg�s de seize jerricanes contenant trente litres de carburant chacune. Un lot de 480 litres. Ce n�est pas une blague, mais les trafiquants font souvent porter aux �nes utilis�s pour la contrebande, des walkmans. �Hu-da-da�, tourne en boucle sur la cassette audio pour faire avancer les bourricots. Du coup, les trafiquants n�ont plus besoin de prendre le risque d�accompagner la marchandise. Mais il y a, contrairement � ce que la plupart pense, des �nes super intelligents. Ils connaissent parfaitement leur itin�raire. Ceux-l� n�ont pas besoin d�un walkman. Ils ma�trisent le boulot ! Certains prennent m�me la fuite � la vue des tuniques vertes. Les trois baudets de cette nuit ont les� oreilles d�couvertes. Ce sont des �nes super intelligents !