Entretien r�alis� par Brahim Taouchichet �Alg�rie Poste, une entreprise citoyenne� comme l�a qualifi�e son patron Mohamed La�d Mahloul, produit de la maison o� il a eu �la chance et le privil�ge� de faire ses classes. D�localis�e � Dar El Be�da, banlieue est d�Alger, dans des immeubles rutilants qui font oublier les constructions coloniales de T�lemly, Alg�rie Poste s�offre peut-�tre ce luxe mais attise aussi les convoitises de ceux dont les ambitions sont somme toute l�gitimes mais �galement d�autres pass�s ma�tres dans l�art de d�stabiliser. Derni�re victime en date, son actuel DG dont une source � identifi�e mais non divulgu�e au grand public � a annonc� son limogeage par la tutelle qui a d�ailleurs vite r�agi par un d�menti cinglant. Il est vrai que la situation pass�e d�Alg�rie Poste pr�te le flanc aux attaques du fait m�me que cinq DG se soient succ�d� � sa t�te. C�est sans encombre que nous parvenons � notre interlocuteur que nous invitons dans cet entretien � s�parer le bon grain de l�ivraie. L�occasion peut-�tre aussi pour lui de se lib�rer d�une pression intenable sans se l�cher pour autant. Le Soir d�Alg�rie : Le fait du jour, c�est donc l�installation du syndicat. Comment cela s�est-il pass� pour vous et quels en sont les r�sultats ? Mohamed La�d Mahloul : Cette date du 30 janvier co�ncide effectivement avec la mise en place du syndicat d�entreprise. La r�forme du secteur a donn� lieu � plusieurs op�rateurs ainsi qu�une structure de r�gulation. Nous avons donc une f�d�ration qui englobe les diff�rents op�rateurs ainsi que le minist�re de tutelle. L�installation de notre syndicat d�entreprise fait suite � celle du syndicat de notre op�rateur de t�l�phonie mobile Mobilis, il y a deux semaines. Dans quelle ambiance cela s�est-il pass� ? Cela s�inscrit dans la tradition d�Alg�rie Poste o� l�UGTA est tr�s pr�sente. Il y a beaucoup de motivation. Le syndicat est chez nous une r�alit�. Permettez une question relative au d�menti concernant votre �limogeage�. Estce donc de l�intox plut�t qu�une info reprise par ailleurs par la plupart des m�dias ? (Gros rire). Toute personne s�expose � ce genre d�al�as. Il y a des personnes malintentionn�es qui essayent de propager de fausses informations et dommage que les m�dias les reprennent sans prendre le temps de v�rifier leur v�racit�. On dit aussi qu�il n�y a pas de fum�e sans feu... Depuis pas mal d�ann�es, la Poste fait l�objet d��crits de ce type. J�ai eu la chance et le privil�ge de faire mes classes dans le secteur, je peux donc vous dire que les attaques ne datent pas d�aujourd�hui. Je ne fais pas exception. Les ragots et ballon-sonde on en a l�habitude. En trois ans, Alg�rie Poste a connu, jusqu�� votre nomination, cinq DG. Pourquoi cette instabilit� chronique selon vous dans un secteur au demeurant tr�s sollicit� notamment par le grand public ? Aujourd�hui, la Poste retrouve sa stabilit� et sa s�r�nit�. Nous avons instaur� un climat propice au travail et � la convivialit� qui nous donne le sentiment d�appartenance � une m�me famille, cadres, employ�s pour la construction d�une grande entreprise citoyenne. Notre pr�occupation � tous est de r�pondre aux attentes du public. Parlant de vous, vos d�tracteurs disent que vous avez la main lourde � l�endroit de vos employ�s. Est-ce votre m�thode de travail et les nouvelles r�gles de travail que vous introduisez qui suscitent des oppositions ? Les d�tracteurs dont vous parlez ne sont pas aussi nombreux que �a, heureusement. C�est pour d�autres raisons que l�on essaye de donner du personnage une fausse image. Je suis quelqu�un de tr�s humain, d��coute et de concertation et de communication. Ma m�thode de travail n�est pas le fait du jour. La Poste est en construction suite aux r�formes. Il est vrai qu�aujourd�hui l�encadrement d�Alg�rie Poste se recherche. Il y a eu peut-�tre des moments o� les gens n��taient pas suffisamment engag�s dans leur mission et parce qu�on appelle � s�adapter � ces changements qu�il y a quelques r�sistances. Ce n�est pas une question de m�thode. Il s�agit d�enrichir et consolider le staff d�Alg�rie Poste. A propos de la Banque postale, o� en est-on au juste au jour d�aujourd�hui ? Il faut rappeler que la Poste conna�t un d�clin de ses activit�s traditionnelles. Avec les innovations technologiques, les besoins de communiquer sont plus grands et donc plus rapides � travers d�autres canaux. Le temps o� l�on �crivait une lettre pour un parent d�une autre contr�e est r�volu� Quant � la Banque postale, c�est une structure financi�re populaire de proximit� qui vient en appoint au r�seau bancaire. Aujourd�hui, nous en sommes au lancement de 15 chantiers pour sa mise en �uvre. Concr�tement, c�est la mise en place de l�infrastructure n�cessaire, la formation du personnel. Fin pr�ts le syst�me d�information, de la charte et l�am�nagement des espaces adapt�s aux op�rations bancaires. Quelle sera sa place parmi les banques traditionnelles, ne risque-t-elle pas de d�ranger des situations acquises ? Bien au contraire, ce sera un facteur d��mulation qui les poussera � plus de dynamisme. Mais j�aimerais souligner qu�elle ne vient pas marcher sur les plates bandes des banques commerciales. L�objectif est de donner l��gal acc�s pour les populations des zones montagneuses et d�sertiques qui n�ont pas la chance d�avoir une banque de proximit�. O� en est-on aujourd�hui avec la carte de paiement �lectronique dont l�introduction devait intervenir en octobre dernier ? Aujourd�hui, on est en phase de vulgarisation. L�op�ration est lanc�e � travers toutes les wilayas pour le paiement �lectronique des factures Sonelgaz. En octobre, nous avons commenc� avec 5 �tablissements de la wilaya d�Alger, les Sept Merveilles, la Grande-Poste, Didouche-Mourad, notamment. Nous comptons �tendre ce mode de paiement � l�ensemble du pays. La d�mat�rialisation de la mon�tique exige une adaptation. La Poste est pr�curseur dans ce domaine. Nous avons 15 millions de comptes dont 13 actifs et 2 millions �pisodiques. Nous avons 9 millions de salari�s qui per�oivent r�guli�rement leur paie dans leur compte. Nous avons d�livr� 6 millions de cartes dans le but d�emmener les gens � utiliser ce moyen, les rassurer. 4,8 millions ont r�cup�r� leur carte dont 3 qui l�utilisent. Les autres sont encore r�ticents. Dans l�esprit de ses concepteurs, cette carte doit pallier le probl�me r�current du manque de liquidit�s. Le risque est-il enfin d�finitivement �cart� ? Voil� une question qui a fait couler beaucoup d�encre. Le probl�me des liquidit�s ou la monnaie fiduciaire, le billet est li� � la culture ambiante. Les Alg�riens utilisent beaucoup les paiements en esp�ces. Il faut aussi noter toutes les augmentations des salaires, les rappels depuis 2008 qui ont g�n�r� une tr�s forte demande. Dans nos guichets il fallait presque doubler les disponibilit�s. Je rassure qu�aujourd�hui, nous avons mis en place un syst�me qui nous permet plus de visibilit� et de r�agir tr�s vite. Voulez-vous dire que nous n�aurons plus � conna�tre les d�sagr�ments inh�rents au manque de liquidit�s dans les guichets d�Alg�rie Poste ? Cela appartient au pass�. L��ventuelle privatisation du service courrier serait � l�origine de pressions de certains milieux int�ress�s par son rachat. Un autre risque d�instabilit� dans la maison Alg�rie Poste ? Comment voyez-vous cette probl�matique si tant est que c�en est une ? Si vous parlez des segments d�activit� du service courrier, il y a plusieurs r�gimes r�gis par les agr�ments n�cessaires d�livr�s par l�Autorit� de r�gulation. Des op�rateurs priv�s exercent cette activit�. Il reste que la Poste est tenue d�assurer le service public, le service universel et une pr�sence postale l� o� il y a plus de 6 000 habitants comme l�exige la loi. Pour le courrier d�un poids de 50 grammes, il est du ressort de la Poste. Donc tout ce qui est sup�rieur � ce poids est du domaine de la concurrence. Il y a ceux qui exercent de fa�on informelle d�s qu�il s�agit d�un march� porteur et recourent aux taxis. Il y a aussi les services qui rel�vent du r�gime d�exclusivit�. Des bus transportent des sacs de courrier. Mais il y a une police de la Poste charg�e de relever toute infraction. La consultation du compte co�te � vos clients 7 DA. Ne devrait-elle pas �tre gratuite d�autant qu�ils payent l�internet ? La consultation de l�avoir co�te 10 DA. Vous savez, nous payons cher pour disposer du site et sa maintenance. Et ce n�est pas seulement pour des raisons commerciales et financi�res. Auparavant, la consultation du compte sans la taxe �tait moins s�curisante. C�est donc un verrou que nous avons mis en place pour s�curiser les comptes de nos clients et emp�cher tout moteur de recherche d�en violer la confidentialit�. Par ailleurs, je dois rappeler que tous nos tarifs sont administr�s et qu�ils n�ont pas chang� depuis 2004. Depuis cette date, le contexte �conomique a beaucoup chang� et nous n�avons pas song� augmenter le prix de nos prestations comme pour le carnet de ch�ques gratuit� Une derni�re question peut-�tre sur la s�curisation des comptes de vos clients. Avez-vous d�j� interpell� � ce sujet ? Ecartez-vous aussi le risque de panne informatique comme cela s�est produit en novembre 2010 ? C�est pour nous un souci permanent que de disposer d�un syst�me s�curis� r�guli�rement renforc�. Nous prenons en compte tous les aspects de la s�curit� informatique qui est une question d�actualit� aussi bien sur le plan des transmissions que des logiciels. Nous pr�voyons aussi un plan �B� ou de secours en cas de catastrophe naturelle pour assurer la continuit� des services et rassurer notre client�le. Je vous assure que cela fait partie de nos pr�occupations quotidiennes.