Le g�n�ral de corps d�arm�e Mohamed Lamari a �t� inhum�, hier mardi, au cimeti�re de Ben Aknoun � Alger et a eu droit � des fun�railles dignes du grand parcours qui �tait le sien, tant dans la hi�rarchie militaire qu�eu �gard � son r�le d�terminant dans la sauvegarde de l�Etat et de la R�publique alg�riens. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Sa brillante carri�re militaire, Lamari l�avait entam�e au sein de l�ALN, d�abord avant de finir, au bout d�un parcours plein, au poste tr�s n�vralgique de chef d��tatmajor de l�Arm�e populaire nationale qu�il occupera de 1993 � 2004. Autant dire, durant la p�riode la plus difficile, la plus incertaine qu�a eu � traverser l�Alg�rie ind�pendante. Pour l�un des plus proches collaborateurs du ministre de la D�fense, le g�n�ral Khaled Nezzar, Mohamed Lamari �tait l�un des artisans de l�arr�t du processus �lectoral. Nezzar, qui pr�parait sa retraite pour 1994, le choisira � la t�te de l��tat-major de l�ANP. Comme le dira Nezzar lui-m�me dans ses m�moires, Mohamed Lamari avait le profil qu�il fallait pour la fonction. Un profil qu�il fallait pour, d�abord, �viter l��clatement de l�arm�e et pour, ensuite, permettre � celle-ci d�affronter la situation catastrophique que le FIS et ses troupes sanguinaires imposaient au pays. L�homme accomplira admirablement sa mission. C�est durant son �re que l�ANP allait se doter d�un �tat-major digne de ce nom, moderne, unifi� et surtout op�rationnel. Le chef d��tat-major chapeautera directement la lutte antiterroriste durant une p�riode o� l�Alg�rie, �conomiquement � genoux, �tait mortellement isol�e sur la sc�ne internationale. Alors que les groupes arm�s du FIS �taient soutenus sur tous les plans par de nombreuses puissances, r�gionales et occidentales, des pays comme la France de Mitterrand d�cr�taient un embargo total sur les ventes d�armes pour l�Alg�rie. Beaucoup, il est vrai, tablaient � l��poque sur une imminente arriv�e des islamistes au pouvoir � Alger. La CIA pronostiquait m�me, fin 1994 au maximum. N�emp�che, l�ANP r�ussira � renverser la vapeur et m�nera une lutte implacable contre les groupes terroristes qu�elle d�cimera successivement. En 1999 d�j�, leurs capacit�s de nuisance �taient r�duites � des proportions insignifiantes. Et malgr� quelques abjectes attentats sporadiques, l�islamisme arm� n��tait plus en mesure de menacer la p�rennit� de l�Etat alg�rien. Mais cette victoire militaire ne sera pas, malheureusement, accompagn�e d�une entreprise politique � m�me d�en finir d�finitivement avec le p�ril int�griste. Une faillite des politiques que le g�n�ral Mohamed Lamari d�noncera publiquement en juin 2002. A deux reprises, lors d�un entretien paru au Soir d�Alg�rie, puis lors d�une conf�rence de presse qu�il animera � Cherchell, il lancera ce v�ritable cri d�alarme : �Aujourd�hui, le terrorisme est vaincu mais l�int�grisme est toujours l�.� Douze ann�es plus t�t, il lan�ait le m�me avertissement � travers un rapport confidentiel conjointement r�dig� avec les g�n�raux Mohamed Touati et Abdelmadjid Taghrit. Un rapport qui pr�voyait d�une mani�re extraordinaire tout ce qui allait s�ensuivre et qui, en m�me temps, proposait tout un plan � m�me de permettre, s�il avait �t� appliqu�, � l�Alg�rie d��tre la premi�re d�mocratie dans le monde arabe. Remis par Nezzar au pr�sident Chadli, ce rapport sera tout simplement ignor� sur proposition de Hamrouche et Mehri. C�est dire, en tout cas, que Mohamed Lamari que ce militaire �pur et dur�, image que ses adversaires islamistes et leurs alli�s du �qui-tue- qui ?� persistent encore � lui coller. C�est d�ailleurs pour ces m�mes convictions que le tout puissant chef d��tat-major qu�il �tait d�missionnera de son poste au lendemain de la pr�sidentielle d�avril 2004. Hier, au cimeti�re de Ben Aknoun, et malgr� un froid polaire, il y avait, pour les derniers adieux � cette illustre personnalit� nationale, tout ce que l�Alg�rie compte comme �lite politique et militaire. Ou presque. Si l�absence des anciens chefs d�Etat �tait remarqu�e, il y avait par contre toutes les autorit�s nationales : Bensalah, Ziari, Ouyahia, Bessa�eh, tous les membres du gouvernement, le chef d��tat-major Ga�d Salah, l�ensemble des responsables des services de renseignement, � leur t�te le g�n�ral de corps d�arm�e, Mohamed M�diene dit Toufik, des cadres de la pr�sidence comme le g�n�ral major Mohamed Touati, Sa�d Bouteflika, Mohamed Guendil, et Mohamed Ali Boughazi, d�anciens g�n�raux comme Nezzar, Djouadi, Benmeaalem, etc, d�anciens chefs de gouvernement comme R�da Malek, Hamrouche et Sifi, l�ancien pr�sident de l�APN, Karim Youn�s, de nombreux anciens ministres comme Hamid Lounaouci et Noureddine Bahbouh, une multitude de chefs de partis et d�innombrables autres personnalit�s nationales. Mais il n�y avait pas que ceux-l�. L�acc�s � l�int�rieur du cimeti�re d�j� plein comme un �uf �tant interdit aux simples citoyens et m�me � la presse, une foule immense �tait � l�ext�rieur. Elle �tait compos�e de certains proches du d�funt, de ses voisins, de citoyens anonymes et m�me de ses proches ou amis d�enfance. Deux septuag�naires amis du d�funt, visiblement �mus, commentaient l��v�nement : �Tu as vu ? dira l�un d�eux. M�me les simples citoyens sont venus.� Et � l�autre de lui r�pondre : �Oui, avec le temps, les Alg�riens ont fini par comprendre ce qu�il valait.� C�est l� le meilleur des hommages pour le d�funt K. A. R�ACTIONS L'Alg�rie perd un �patriote sinc�re� et un �nationaliste convaincu� L'Alg�rie perd avec le d�c�s du g�n�ral de corps d�arm�e, � la retraite, Mohamed Lamari, un �patriote sinc�re � et un �nationaliste convaincu�, ont t�moign� mardi � Alger des personnalit�s politiques et militaires ayant c�toy� le d�funt. Le pr�sident de l'Association des anciens du Minist�re de l'armement et des liaisons g�n�rales (MALG), M. Daho Ould Kablia, a d�clar� � l'APS que l'Alg�rie vient de perdre, avec le d�c�s de Lamari, un �patriote sinc�re� et un �nationaliste convaincu�, ajoutant que le d�funt �tait un homme �dot� d'une grande qualification, un intellectuel et un organisateur av�r�. �Au niveau de l'arm�e, il avait r�alis� de tr�s grandes �uvres dans la lutte contre le terrorisme (...) et il a marqu� de son empreinte une bonne g�n�ration d'officiers de l'Arm�e nationale populaire (ANP)�, a-t-il encore relev�, lors des obs�ques du d�funt. Pour sa part, M. Khaled Nezzar, ancien ministre de la D�fense et ancien membre du Haut Comit� d'Etat, a indiqu� que le d�funt �tait connu pour son d�vouement dans son travail au niveau de tous les postes de responsabilit� qu'il a eus � assumer au sein de l'institution militaire, mettant en exergue son r�le dans la lutte contre le terrorisme et dans la restauration de la paix et de la s�curit� dans le pays. �C'�tait un enfant de l'Alg�rie qui avait assum� son r�le en tant qu'Alg�rien�, a-t-il abond� dans le m�me sens. De son c�t�, l'ancien chef du gouvernement, M. Mokdad Sifi, a rappel� que le d�funt Mohamed Lamari �avait �t� au-devant de la sc�ne � un moment crucial de l'histoire du pays et avait particip� (...) � pr�server l'Etat alg�rien de l'effondrement�, au moment o� il menait une lutte implacable contre le terrorisme. �J'ai eu le plaisir et l'occasion de travailler avec lui dans un comit� restreint de s�curit� pour la protection de la population et des biens publics et priv�s. On se r�unissait chaque semaine pour mettre en place de nouveaux dispositifs qui ont �t� � l'origine de la cr�ation de la garde communale et autres dispositifs civils�, se souvient M. Sifi qui a soulign� que �c'est gr�ce � des hommes comme lui que l'Alg�rie est rest�e debout�. Le g�n�ral-major en retraite, Abdelhamid Djouadi, ami proche du d�funt, a indiqu� que Mohamed Lamari �tait un homme �tr�s appliqu�, intelligent, rationnel et plein de sagesse�. �Il �tait un grand patriote ayant donn� � l'Alg�rie le meilleur de lui-m�me et qui s'opposait � toute forme d'extr�misme�, a-t-il poursuivi.