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LA BATAILLE D�ALGER
Les m�rites et les insuffisances des films coproduits par l�Alg�rie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 05 - 2012


Par Hac�ne-Lhadj Abderrahmane*
Pour des raisons d�espace, nous n�aborderons dans cette �tude que les films coproduits durant la p�riode 1962-1975. Nous ne traiterons, par ailleurs, que des titres qui permettent de poser fondamentalement la probl�matique de la coproduction.
Au lendemain de l'ind�pendance, l�Alg�rie s�est attel�e � la construction d�un Etat souverain. Pour pallier l�absence de sp�cialistes dans diff�rents domaines, situation sans issue l�gu�e par le colonialisme, l�Etat fera appel � une coop�ration accrue et multiforme qui, dans certains cas, s�est av�r�e, h�las, malheureuse. Au vu des priorit�s que s��tait fix� le pays, la culture ne pouvait pr�tendre occuper alors une place de choix. Pourtant, la radio, la t�l�vision, le th��tre et, bien entendu, le cin�ma auraient pu jouer un r�le important dans la mobilisation des masses et la formation d�une conscience nationale. Du moins, tel �tait l�objectif express�ment affich� par les autorit�s en place. En 1962, le secteur de la culture, qui se trouvait le plus en difficult�, �tait bien celui du 7e art. En effet, l�Alg�rie �tait totalement d�pourvue de moyens de production. Elle ne poss�dait ni studios de tournage, � l�exception de ceux exigus de la RTA, ni de laboratoires pour le traitement de la pellicule, ni de salles de montage et de mixage, ni d�auditorium. Quant aux r�alisateurs et techniciens en mesure de participer � la cr�ation d�une �uvre cin�matographique, ils se comptaient sur les doigts d�une seule main. H�las, peu de choses ont �volu� depuis. Face � de telles difficult�s, il s�av�rait presque n�cessaire, durant les premi�res ann�es de l'ind�pendance, de faire appel � la coproduction. Cependant, les films coproduits ont-ils �t� � la hauteur des esp�rances ? D�une mani�re g�n�rale, la coproduction r�pond � des exigences particuli�res, comme celle par exemple de porter � l��cran un sujet qui pr�sente un int�r�t commun � deux pays. On peut solliciter �galement un grand metteur en sc�ne pour r�aliser un film complexe au plan dramaturgique ou cin�matographique, ou faire appel � un producteur �tranger lorsque le film n�cessite un gros budget. Enfin, tendre la main � des r�alisateurs, qui, pour des raisons de censure, ne peuvent pas r�aliser leur film dans leur propre pays. Malheureusement, les films coproduits par l�Alg�rie ont �t� rarement s�lectionn�s sur la base des crit�res �num�r�s ci-dessus. Ce qui est plus d�solant, c�est que la plupart d�entre eux n�ont �t� d�aucun apport au d�veloppement de notre jeune cin�ma ni � la formation de nos jeunes cin�astes. Le premier film coproduit par l�Alg�rie s�intitule La Bataille d�Alger (1966). Il est l��uvre de Casbah- Film, soci�t� priv�e de production et de distribution qui �tait la propri�t� de Yacef Sa�di, ancien chef de la zone autonome d�Alger. Durant sa courte existence (1962-1969), Casbah-Film coproduira deux autres films : Trois pistolets contre C�sar (1967) et L��tranger(1968). Pour les raisons �voqu�es ci-dessus, et par souci de rentabilit� commerciale, Yacef Sa�di fera appel exclusivement � des r�alisateurs �trangers de renom. Cependant, malgr� le haut niveau professionnel de ces derniers, leurs �uvres ne sont pas exemptes de tout reproche. Les deux derniers films pr�cit�s, � notre avis, ne m�ritent pas une attention particuli�re. Trois pistolets contre C�sar, r�alis� par Enzo Peri, peut �tre tout simplement class� dans la cat�gorie des films westerns spaghetti. Quant � L��tranger, de Luschino Visconti, adapt� du roman �ponyme d�Albert Camus, il n�a rien apport� de particulier au public alg�rien ni a enrichi le cin�ma alg�rien. En fait, ce film aurait pu �tre tourn� ais�ment dans un autre pays. En v�rit�, ce ma�tre de la parole dont les �uvres suscitent toujours un vif int�r�t dans le monde est rest� ��tranger� � sa terre natale. Si l�on se rappelle ses romans tir�s de la vie alg�rienne, on y remarque qu�Albert Camus n�attache pas d�importance � un peuple qui avait alors tant besoin que l�on parl�t de lui. Il suffit d�ailleurs de faire une incursion rapide dans ses �uvres pour �tre fix� sur la position d�observateur impartial qu�il pr�f�rait choisir afin d��viter de soulever les probl�mes que posait la colonisation. Dans son roman L��tranger, port� fid�lement � l��cran par Visconti, on peut m�me ressentir un certain m�pris dans sa fa�on de parler de la communaut� autochtone. Le choix d�un personnage �arabe� dans ce roman n�est qu�un moyen de faire progresser le conflit vers le d�nouement que nous connaissons (l�assassinat de l�Arabe par Meursault). Cet Arabe est sans nom et sans caract�ristique humaine. Du reste, lorsqu�on rencontre dans les �uvres de Camus des Alg�riens, ils sont d�pouill�s de traits nationaux. Quant � sa position vis-�-vis des �v�nements qui ont ensanglant� le pays qui l�a vu na�tre et grandir, elle ne souffrira d�aucune ambigu�t�. Ce talentueux �crivain, connu pour son humanisme et son sens de la justice, se retrouvera tout simplement de l�autre c�t� de la barricade. A la remise du prix Nobel de litt�rature, qui lui fut attribu� en d�cembre 1957, il clarifiera sa position en ces termes : �J�ai toujours condamn� la terreur, je dois condamner aussi le terrorisme qui s�exerce aveuglement dans les rues d�Alger et qui peut, un jour, frapper ma m�re ou ma famille. Je crois en la justice, mais je d�fendrai ma m�re avant la justice.� Le Monde du 17 d�cembre 1957). Albert Camus avait condamn� le terrorisme pratiqu� dans les rues d�Alger au moment o� les soldats du g�n�ral Massu accomplissaient leurs forfaits criminels dans les villas, les �coles et les casernes de la capitale ; au moment o� les escadrilles de l�aviation fran�aise rasaient de la surface de la terre des villages entiers. Il semble avoir oubli� que la terreur des ultras avait exist� bien avant le �terrorisme� de la R�volution alg�rienne. Mais enfin, pourquoi Camus a-t-il d�nonc� la violence politique sans pour autant condamner la violence du r�gime colonial ? Nous ne voulons nullement condamner Camus pour ses sentiments filiaux, nous condamnons ses positions r�actionnaires � l�encontre de son pays natal, faisant volte-face � un peuple dont il n�a pas pourtant ni� l�existence difficile dans ses premiers articles de presse. H�las, ce n��tait l� que les premiers articles de presse ! Le film coproduit par Casbah-Film qui m�rite par contre notre attention est La Bataille d'Algerr�alis� par Gillo Pontecorvo. Cette �uvre cin�matographique, qui a re�u en 1966 la plus haute distinction du Festival de Venise, le Lion d�or, est tir�e d�un r�cit de Yacef Sa�di. Bas� sur des faits r�els, ce film retrace les �v�nements h�ro�ques et sanglants qui oppos�rent dans la capitale les militants de la zone autonome d�Alger � un �tat-major de guerre chapeaut� par le g�n�ral Massu et ses lieutenants. Les colonels Bigeard, Godard, Jean-Pierre, Trinquier, Argoud, Fossey... Le g�n�ral Massu d�barque � Alger le 7 janvier 1957 avec une armada de soldats compos�e de 30 000 hommes, dot�e de �pouvoirs sp�ciaux�, vot�s par l�assembl�e fran�aise le 12 mars 1956. Il a �t� charg� de �mettre de l�ordre� dans la capitale par tous les moyens. D�s le d�but de la gr�ve de 8 Jours, plus de 5 000 personnes seront arr�t�es et conduites vers les centres de torture, d�o� plusieurs centaines ne reviendront jamais. Et syst�matiquement jusqu�� la fin de la bataille d�Alger, des crimes abominables seront commis contre une population qui ne demandait qu�� vivre libre dans son propre pays. Paul Teitgen, secr�taire g�n�ral de la police fran�aise � Alger pendant la bataille d�Alger, apr�s une enqu�te qu�il m�nera lui-m�me, d�couvrira que 3 024 personnes, sur les 24 000 assign�es � r�sidence, ont disparu. Il d�missionne de son poste le 12 septembre 1957, en r�action aux actes de torture (qu�il avait lui-m�me subis de la part de la Gestapo) pratiqu�s sur les prisonniers et � des ex�cutions sommaires. (Ces informations sont reprises du livre de Fran�ois Malye et de Benjamin Stora Fran�ois Mitterrand et la guerre d�Alg�rie. Editions Calmann-Levy). Pontecorvo et son op�rateur Macello Gatti, pour donner au film un aspect documentaire, opteront pour la pellicule en noir et blanc. Les personnages du film ont r�ellement exist�. Les noms de certains h�ros ont �t� maintenus tels quels � l��cran, � l�exemple de celui du personnage principal Ali La Pointe, interpr�t� remarquablement par Brahim Hadjadj, acteur non professionnel. (Il est � rappeler que 80% des acteurs de La Bataille d�Alger ne sont pas des professionnels). Cet enfant du peuple, issu des couches les plus pauvres du pays, est incarc�r� � la prison de Barberousse pour avoir cogn� un Fran�ais qui l�avait provoqu�. A travers la petite lucarne de sa salle, il assiste � l�ex�cution d�un condamn� � mort. Cette sc�ne le bouleversa et lui fit prendre conscience de la v�ritable nature du colonialisme. A partir de ce moment, sa vie sera transform�e. D�s sa lib�ration, il rejoindra la gu�rilla urbaine. Gr�ce � son courage et � sa t�m�rit� exceptionnels, il deviendra un des membres les plus actifs la zone autonome d�Alger. Son caract�re d�homme r�solu et d�termin� feront de lui un �l�ment essentiel de cette organisation. Apr�s la mort de Ramel, Si Mourad et Larbi Ben M�hidi, l�arrestation de Yacef Sa�di, responsable de la ZAA, Ali La Pointe sera traqu� sans r�pit par le colonel Bigeard (colonel Mathieu dans le film) qui n'ignorait pas que tant que cette figure embl�matique n��tait pas neutralis�e, la gu�rilla urbaine ne cessera pas. Ayant localis� le lieu o� Ali La Pointe s��tait retranch� avec ses compagnons de lutte, Hassiba Ben-Bouali, petit Omar et Mahmoud Bouhamidi, le colonel Mathieu, bien que convaincu que dans ce refuge, pas plus grand qu�une bo�te d�allumettes, il n�y avait ni fusils-mitrailleurs, ni bazooka, ni lance-roquettes et qu�un gamin pas plus haut que trois pommes s�y trouvait, il le fera dynamiter sans h�sitation ni �tat d��me. La puissante d�flagration fera cesser de battre le c�ur du petit Omar �g� � peine de 13 ans et d�chiquettera les corps de ses compagnons. Tous ces �v�nements sont reproduits de main de ma�tre. La critique internationale n�a pas tari d��loges sur La Bataille d�Alger. Elle consid�ra m�me que les auteurs du films ont su restituer avec brio l�h�ro�sme de la
population d�Alger. Cependant, malgr� tous ces m�rites, nous ne pouvons passer sous silence quelques insuffisances qui desservent notre r�volution. En premier lieu, nous constatons que l�absence d�une analyse politique s�rieuse a emp�ch� Pontecorvo de placer les �v�nements tragiques qui ont ensanglant� la capitale dans leur vrai contexte et de leur conf�rer leur v�ritable dimension. Par ailleurs, l�action dans le film ayant rel�gu� en arri�re-plan les motivations politiques, nous avons l�impression, par moments, de suivre les p�rip�ties d�un film policier. En effet, la d�naturation de certains faits a engendr� une situation invraisemblable : l�image des bourreaux de la population, paradoxalement, s�est transform�e � l��cran en celle de �sauveurs �. Quant � ceux qui combattaient pour leur ind�pendance, ils sont assimil�s � des �terroristes� et leurs actions r�duites � des actes �criminels�. C�est tout cet amalgame qui risque de fausser la perception exacte des �venements que nous allons tenter de d�m�ler en axant notre analyse sur les m�rites et les insuffisances de cette coproduction. Pontecorvo, voulant sans doute demeurer fid�le � la v�rit� historique, a cantonn� les �v�nement de La Bataille d�Alger dans La Casbah et certains quartiers europ�ens. Cependant, cette d�limitation qui ne tenait pas compte des liens qu�avait la gu�rilla urbaine avec le reste du pays donnait l�impresiosn que la lutte se d�roulait sur une �le et qu�elle �tait dirig�e principalement contre la population europ�enne d�Alger et non contre le pouvoir colonial qui a r�duit le peuple alg�rien � l��tat d�asservissement durant plus d�un si�cle. Aussi, apr�s le d�mant�lement de la ZAA, nous avons la sensation que le FLN n�a pas perdu une simple bataille, mais comme si, � l��cran, br�lait les derniers feux d�une r�volution qui s��teignait. Certes, quelques phrases �nonc�es dans le film laissaient entendre que la guerre avait embras� toute l�Alg�rie, mais d�nu�es d�images explicites, elles s�av�raient peu convaincantes. A notre avis, le risque d�une telle interpr�tation erron�e des images que nous renvoie l��cran aurait pu �tre �vit�e, si Yacef Sa�di avait sugg�r� � Pontecorvo d�ins�rer quelques plans sur les activit�s du commandement de la r�volution (CCE) install� � l��poque � Alger et sur sa rencontre avec Jermaine Tillon. De telles s�quences auraient r�v�l� toute la grandeur de notre r�volution et des hommes qui la dirigeaient, et conf�r� au film une dimension politique tout autre. Certes, dans La Bataille d�Alger, il y avait d�j� le personnage de Larbi Ben M�hidi. Mais ce h�ros, � l��cran, incarnait plus le r�le d�un valeureux responsable que l�image d�un dirigeant charismatique du CCE, comme le furent �galement Abane Ramdane, Ben Youcef Ben Khedda, Sa�d Dahleb et Krim Belkacem. Cet addenda, � notre avis, n�aurait en aucun cas remis en cause l�id�e essentielle du film qui consistait � rendre hommage aux militants de la zone autonome et � la population alg�roise qui a r�sist� h�ro�quement � un ennemi cruel, sans scrupule ni morale, qui ne l�sinait sur aucun moyen, m�me le plus barbare, pour �craser la gu�rilla urbaine. Cependant, ni le g�n�ral Massu ni le colonel Bigeard et consorts ne se seraient r�jouis si vite de leur victoire macabre si un concours de circonstances n��tait pas intervenu � leur avantage. Il s�agit de l�ignoble trahison de Hac�ne Guendriche dit Zerrouk, qui avait bascul� dans le camp ennemi � l�insu de ses compagnons. Ce revirement inattendu a modifi� et acc�l�r� le cours des �v�nements. Aussi, nous sommes �tonn�s de constater que le film fait l�impasse totale sur cette taupe exceptionnelle r�cup�r�e et manipul�e par le capitaine Chabannes, et dont la f�lonie a provoqu� un v�ritable cataclysme au sein de la zone autonome. Par sa trahison et sa collaboration avec l�ennemi, les refuges des chefs d��tat-major ont �t� rep�r�s et pris d�assaut par une brochette d�officiers en manque de gloire, et qui voulaient co�te que co�te redorer leurs galons ternis par des d�faites militaires subies sous d�autres cieux. La rage au c�ur, ils engageront un combat in�gal, utilisant un arsenal de guerre sophistiqu� contre des r�sistants qui n�avaient que leurs �couffins� et leur foi � opposer � leurs oppresseurs. Pourquoi donc Pontecorvo a-t-il gomm� le personnage de Hac�ne Guendriche ? Pourtant, la v�rit� historique exigeait que celui qui a �t� � l�origine de l��limination physique de Si Mourad, Ramel, Ali La Pointe et ses compagnons de l�arrestation de Yacef Sa�di et de Drif Zohra, ainsi que d�autres responsables de la ZAA soit repr�sent� � l��cran. Dans le film, le spectateur est tout simplement mis chaque fois devant le fait accompli, ignorant tout du processus qui mena vers cette terrible catastrophe. Yacef Sa�di lui-m�me reconna�t pourtant dans son livre �ponyme que Guendriche �tait �celui qui, quelques ann�es plus tard, allait nous perdre et transformer Alger en un gigantesque navire en perdition�. ( La Bataille d�Alger- �dition Casbah - Tome 3 - page 205).* Toutefois, pour montrer l�heureuse issue de la R�volution, le r�alisateur �tait oblig� d'ins�rer des s�quences qui pr�figuraient la victoire du peuple alg�rien. Ainsi, apr�s l�assassinat d�Ali La Pointe et de ses compagnons, Pontecorvo encha�nera directement sur les manifestations du 11 D�cembre 1960, magistralement reconstitu�es. Ces images grandioses et tragiques, accompagn�es de youyous stridents des femmes et rythm�s par le son des karkabous, sonnaient le glas de l��re coloniale en Alg�rie. Mais en enjambant le cours de l�histoire, sans que rien ne se passe � l��cran de 1957 � 1960, nous avons l�impression que le r�alisateur a brusquement interrompu la narration de son r�cit en mettant un point � sa phrase, sans l�avoir achev�e. Pourtant, durant cette m�me p�riode, malgr� les nombreux assassinats et les arrestations massives de militants, d�autres Alg�riens s��taient lev�s pour continuer le combat. Toute guerre � son lot de drames et de trag�dies. Toute perte humaine due � la cruaut� des hommes ne peut susciter qu�indignation et r�volte, a fortiori quand de simples citoyens sont les victimes d�une machine de guerre dont la seule devise est �la fin justifie les moyens�. Malheureusement, dans le film, pas une seule image sur les militants de la zone autonome sous la torture ni sur les ex�cutions sommaires de civils par les bourreaux du g�n�ral Massu. Pourtant, ces actes abominables avaient soulev� � l��poque bien des protestations de la classe progressiste en France. Curieusement, dans La Bataille d�Alger, en dehors de l�assassinat d�Ali La Pointe et de ses compagnons, le colonel Mathieu et ses soldats n�ont tu� personne d�autre. M�me la mort de Ramel et de Si Mourad est le fait de l�explosion de la bombe destin�e � cet officier. Dans la r�alit�, ces deux h�ros, ainsi que le fr�re de Ramel et Zahia Hamitouche avaient soutenu un si�ge de trois heures � la rue Saint-Vincent-de-Paul, en Basse Casbah, avant de tomber sous un d�luge de feu. (Ces d�tails sont repris du livre pr�cit� de Yacef Sa�di). Par ce silence, Pontecorvo ne voulait-il pas nous faire croire que le style documentaire qu�il a choisi l�obligeait � garder une certaine neutralit� vis-�-vis des �v�nements qu�il relatait dans le film ? Ou plut�t ne voulait-il pas s�asseoir sur deux chaises en m�me temps, contenter les Alg�riens sans trop vexer les Fran�ais ? Certaines images du film nous poussent m�me � nous poser la question : vers quel camp penchait la sympathie du r�alisateur ? En effet, nous sommes perplexes lorsqu�� deux reprises la cam�ra est braqu�e sur la frimousse ang�lique d�un petit bambin de souche europ�enne qui savourait paisiblement une glace dans un caf�, o� dans quelques minutes la vie lui serait �t�e par la d�flagration d�une bombe d�pos�e par une fida�a. Effectivement, la pr�sente de ce bambin en ce lieu r�serv� exclusivement aux adultes soul�ve bien des questions. Le choix de la caf�t�ria de la rue Michelet et du Milk-Bar de la rue d�Isly par les responsables de la zone autonome n��tait pas fortuit. Ces endroits, comme tant d�autres, �taient assid�ment fr�quent�s par les jusqu�aux-boutistes de l�Alg�rie fran�aise. Ces extr�mistes, qui, quelques ann�es plus tard, constitueront le gros des effectifs de l�OAS, organisation criminelle qui de �d�cembre 1961 � juin 1962 aura commis 4 fois plus d�attentats qu�en a commis le FLN en 6 ans�. Pontecorvo, sous l�effet d�un objectivisme bourgeois, occultera virtuellement ces ultras en tant que force du mal et militants dans des organisations extr�mistes qui s�opposeront syst�matiquement � toute �volution positive du conflit. En revanche, il filmera plusieurs gros plans de jeunes Europ�ens venus dans ces lieux s�exalter aux rythmes des m�lodies diffus�es par les jukeboxes, exhibant des visages rayonnant de bonheur. Mais voil� que ce bonheur sera vite transform� en trag�die par les d�flagrations des bombes. Comment le public pouvait-il alors, sous l�effet de ces images dures et p�nibles, se rappeler que ces actions du FLN n��taient qu�une riposte � un acte criminel commis quelques jours plus t�t en pleine Casbah ? D�ailleurs, pour att�nuer l�effet horrible de cet attentat, qui a co�t� la vie � plusieurs dizaines d�Alg�riens et a frapp� dans leur sommeil des enfants aussi innocents que ce bambin europ�en, Pontecorvo filmera cet �pisode en n�utilisant que ces plans d�ensemble et de demi-ensemble, technique qui consiste � faire presque dispara�tre un personnage pour accorder plut�t la priorit� aux d�cors. Par ailleurs, en pr�sentant la trag�die de la rue de Th�bes comme une simple constatation des faits, alors que les actions du FLN sont reproduites avec minutie et d�tails, mais sans le substrat politique qui les expliquerait, celles-ci prenaient d�s lors l�apparence d�actes ill�gitimes, teint�s m�me de cruaut�. De ce d�s�quilibre dramaturgique est n� un ph�nom�ne paradoxal : l�image de tortionnaires et de bourreaux des parachutistes du g�n�ral Massu, vue � travers ce
prisme d�formant, s�est transform�e en celle de sauveurs venus lib�rer la capitale et ses habitants. Quant � la gu�rilla men�e par les militants de la zone autonome d�Alger, de par les m�thodes utilis�es, elle s�apparentait � une guerre injuste, d�nu�e de morale. Malgr� les grandes qualit�s du film et les m�rites de Gillo Pontecorvo, notamment celui d�avoir fait conna�tre davantage au monde une page de la guerre de Lib�ration nationale, le r�alisateur n�est pas parvenu � magnifier l�esprit de sacrifice et de patriotisme des Alg�riens, � restituer la vraie grandeur de la r�volution, encore moins � d�voiler les causes qui furent � l�origine du soul�vement du 1er Novembre 1954. C�est l�, � notre avis, que r�side principalement la grande faiblesse de la plateforme id�elle du film. Si l�on survolait les films coproduits par le CNCA puis l�ONCIC, force est de constater que la plupart ne repr�sentaient aucun int�r�t particulier pour l�Alg�rie. Certains se sont m�me av�r�s dommageables, tant au plan �thique que financier. C�est le cas de Soleil Noir r�alis� en 1967 par Denys de la Patteli�re, coproduit par le CNCA et Comacico. Ce film raconte les aventures d�un trafiquant d�armes dans le Sud alg�rien. Il est �tonnant qu�au moment o� l�on s�attelait � la construction d�un Etat souverain, � la formation d�un �homme nouveau�, impr�gn� des grands principes de notre r�volution, le CNCA coproduise un film sans nul int�r�t pour l�Alg�rie. D�ailleurs, la presse fran�aise l�avait jug� � l��poque comme �le meilleur navet de l�ann�e� ; quant � la censure alg�rienne, elle lui avait tout simplement refus� le visa d�exploitation sur le territoire national. En 1968 est sorti le film Zde Costa-Gavras, d�apr�s le livre de Vassili Vassilikos, coproduit par l�ONCIC et Reggane Films (Paris). Cette �uvre cin�matographique avait obtenu plusieurs distinctions internationales, dont l�Oscar du meilleur film �tranger � Los Angeles en 1970. Son succ�s retentissant, il le doit au professionnalisme du metteur en sc�ne et � l�actualit� de son th�me qui d�non�ait et condamnait la violence politique et particuli�rement le fascisme en Gr�ce o� une junte militaire s��tait empar�e du pouvoir. Cependant, malgr� ses qualit�s ind�niables, il n�est pas tout � fait sans reproche. Voil� ce qu�en pensait Guy Hennebelle : � Zdonnait le sentiment que le peuple grec �tait un t�moin muet devant la sc�ne politique et que le destin du pays ne d�pendait que de la partie qui se jouait entre quelques protagonistes singuliers.� (Guy Hennebelle 15 ans de cin�ma mondial. Edition CERF, Paris (1975). Quant � un �ventuel apport de ce film au d�veloppement du cin�ma alg�rien, il nous semble que l�avis du journaliste Abdou B. est �difiant � ce sujet : �Le film Za mobilis� tout le monde du cin�ma pendant 3 mois, mobilis� de nombreux responsables et utilis� le budget annuel de la production nationale. De plus, le mat�riel de l�ONCIC ne suscitant pas la confiance des techniciens �trangers, ces derniers ont lou� le n�cessaire � des soci�t�s �trang�res.� (Abdou B. revue El-Dje�ch, d�cembre 1970). Parmi les films coproduits par l�ONCIC, rares sont ceux que nous pouvons consid�rer comme des �uvres utiles pour le cin�ma alg�rien. Dans la cat�gorie des exp�riences heureuses, nous pouvons citer le film de Michel Drach Elise ou la vraie vie, r�alis� en 1970 d�apr�s le roman de Claire Etcherelli, avec Marie-Jos� Nat et Mohamed Chouikh dans les r�les principaux. Ce film, contrairement � d�autres, aborde un th�me li� � l�Alg�rie, plus exactement � l��migration alg�rienne durant la guerre de Lib�ration nationale. Elise ou la vraie vie raconte l�histoire d�une Bordelaise, Elise, qui monte � Paris pour tenter de ramener � la maison son fr�re Lucien. Malgr� son insistance, celui-ci refuse de la suivre. Pour ramasser l�argent du billet retour, elle se fait embaucher � l�usine o� Lucien travaillait. Dans les ateliers, o� le travail � la cha�ne faisait confondre voitures et �tres humains, elle d�couvre aussi le monde du racisme et les injustices dont �tait la cible les �migr�s de la part de certains travailleurs fran�ais, mais notamment des responsables. Elle-m�me d�ailleurs ne tardera pas � devenir la ris�e de ces m�mes groupes pour avoir li� amiti� avec Arezki, jeune Alg�rien �migr�. Puis une s�rie de malheurs s�abattent sur elle et la plongent dans le d�sarroi. D�abord, son fr�re Lucien trouve la mort lors d�une manifestation. Ensuite, c�est Arezki qui est pris dans une rafle et dispara�t sans plus jamais donner signe de vie. D�sesp�r�e et seule, Elise d�cide de rentrer � Bordeaux. Michel Drach, en r�alisant ce film, voulait montrer � la fois le sort peu enviable des �migr�s alg�riens en France et leur participation � la lutte pour l�ind�pendance. Cependant, l�histoire d�Elise et de son amour pour Arezki ayant pr�domin� dans le film, l��uvre a pris la tournure d�un m�lodrame. Michel Drach donne tout de m�me l�impression d��tre sceptique, aussi bien envers le probl�me alg�rien que les luttes des forces progressistes � l�int�rieur m�me de la France. Tout en montrant la r�alit� am�re que vivent les �migr�s dans sa propre patrie, il scindra en deux camps bien distincts les travailleurs fran�ais et alg�riens. Entre eux, ces Fran�ais sont polis, affables et entretiennent des relations idylliques. D�s qu�ils sont face aux Alg�riens, ils n�h�sitaient pas � d�verser sur eux des flots d�injures. Comme la plupart de ces �migr�s sont repr�sent�s sous un angle d�gradant (alcooliques, agressifs...), le spectateur trouvera l�gitime le comportement des Fran�ais qui refusent de supporter autour d�eux ces �sous-hommes�. Seul Arezki �chappe � ces clich�s. Pouvait-il en �tre autrement ? Il est bien le h�ros du film, l�amant d�Elise. Par cons�quent, son personnage devait n�cessairement r�pondre aux canons du m�lodrame petit-bourgeois. Qui dans le film sympathise avec les Alg�riens ? Bien s�r, Lucien, un type fort douteux, un pseudo-r�volutionnaire, un r�veur qui subissait plus qu�il n�agissait. A l��ge de 15 ans, il quitte l��cole sans n�avoir rien fait de bon par la suite. Puis un jour, il d�cide d�aller vivre � Paris, abandonnant � Bordeaux son �pouse et son b�b�. Pour effectuer ce voyage et s�assurer quelques moyens d�existence durant les premiers jours, il vole � sa grand-m�re qui l�a �lev� avec sa s�ur Elise ses rares bijoux. A Paris, il se met en m�nage avec une vulgaire ma�tresse et tente de s�investir dans des activit�s syndicales. Mais ses camarades d�usine qui n�ignoraient rien de sa vie priv�e le rabrouaient chaque fois qu�il prenait la parole. Quelques mois plus tard, on apprend d�une mani�re inopin�e qu�il est mort lors d�une manifestation, �une mort d�risoire pour une manifestation inutile�. C�est ainsi que s�ach�ve �la vie manqu�e� de Lucien que Michel Drach s�efforce de nous pr�senter comme un r�volutionnaire-type. Il est tout de m�me curieux de constater que le r�alisateur, au lieu d�unifier les rangs des travailleurs pour mener un m�me combat contre les exploiteurs, a pr�f�r� les diviser en deux camps hostiles, sur la base d�un racisme primaire. Par ailleurs, la lutte des travailleurs alg�riens pour leur ind�pendance, qui sert de toile de fond dans le film, se r�duit � quelques bribes de phrases et � un meeting dans une salle quasiment vide. Quant au militantisme d�Arezki, cens� repr�senter l��migration alg�rienne engag�e dans le combat lib�rateur, il n�a pas eu la place qu�il m�rite, il est � peine �voqu�. H�las, les bonnes intentions de Michel Drach sont rest�es derri�re l��cran, �touff�es par l�histoire pr�dominante de la pauvre Elise qui se heurtait tout au long du film � la �vraie vie�. En dehors des crit�res classiques qui peuvent servir de base � des accords de coproduction, d�autres moins conventionnels peuvent �tre � l�origine d�une telle collaboration. Il s�agit notamment de raisons humanitaires. C�est le cas du c�l�bre metteur en sc�ne japonais Akira Kurosawa. L�auteur des films cultes Rashomon (1950) et Les Sept samoura�s (1954), suite � plusieurs �checs dont celui de Dodes� Caden (1970), a tent� de mettre fin � ses jours. Cet acte de d�sespoir ne laissa pas indiff�rent le metteur en sc�ne sovi�tique Serge Guerassimov, auteur du c�l�bre film Le don paisible r�alis� en 1959, d�apr�s le roman de Micha�l Cholokhov. Cet �minent professeur � l�Institut du cin�ma de Moscou (VGIK) qui a form� plusieurs g�n�rations de talentueux metteurs en sc�ne et d�acteurs, dont Serge Bondartchouk et Nikola� Goubenko, appel� quelques ann�es plus tard � assumer la fonction de ministre de la Culture, pour aider ce grand humaniste du cin�ma japonais � traverser une crise de d�sespoir et reprendre confiance en ses capacit�s cr�atrices, il l�invita � tourner un film en URSS. Kurosawa ayant donn� son accord, le Goskino (l��quivalent d�un minist�re du cin�ma) mit � sa disposition les moyens n�cessaires pour concr�tiser le projet. C�est ainsi que fut r�alis� le film Dersou Ouzalaen 1974, tir� du livre �ponyme de Vladimir Areseniev, officier de l�arm�e du tsar. Cette coproduction sovi�to-japonaise, d�une splendeur in�galable, raconte la forte amiti� qui s�est d�velopp�e entre cet officier et son guide. Dersou Ouzala, vivant en parfaite harmonie avec la nature, dans sa Sib�rie. Ce film obtint l�Oscar du meilleur film �tranger en 1976. L�ONCIC, dans sa politique de coproduction, a aussi tendu la main � des r�alisateurs �trangers qui, pour des raisons de censure, ne pouvaient pas r�aliser leur film dans leur propre pays. Parmi ceux qui ont b�n�fici� d�une telle assistance figure le r�alisateur �gyptien Youcef Chahine. Ce repr�sentant bien connu du courant progressiste du cin�ma �gyptien, gr�ce aux moyens techniques et financiers mis � sa disposition par l�ONCIC, r�alisa en 1971 Le Moineau. Cette �uvre cin�matographique courageuse donne une analyse objective des causes qui furent � l�origine de la d�faite de l�Egypte en 1967. Youcef Chahine fait partie de ce petit cercle de cin�astes �gyptiens audacieux qui, durant
les ann�es 1950, font changer de d�cor au film arabe. De vulgaires m�lodrames et films musicaux lancinants, ils passent aux films r�alistes qui parlent des petites gens, des humbles, des malheureux, des paysans opprim�s. Youcef Chahine, qui faisait d�j� figure �d�avant-gardiste � vers la fin du r�gime du roi Farouk, est parvenu quelques ann�es plus tard, gr�ce aux th�mes s�rieux qu�il aborde dans ses films, � pratiquer un cin�ma d�une grande qualit� esth�tique et id�elle. Si l�ONCIC peut s�enorgueillir d�avoir coproduit quelques rares films int�ressants, cet office a n�anmoins coproduit des films sans int�r�t pour notre cin�ma, encore moins pour notre pays. Dans cette liste, outre Soleil noir, nous pouvons ajouter Les aveux les plus doux-r�alis� par Edouard Molinaro en 1971. Ce long m�trage relate l�histoire d�un jeune d�linquant r�cidiviste, qui, apr�s avoir commis un d�lit, se retrouve de nouveau en prison. Les deux inspecteurs charg�s de l�enqu�te (Philippe Noiret et Roger Hanin) utiliseront des m�thodes peu ordinaires pour tenter de lui arracher des aveux. En effet, ils vont l�extraire de la prison pour quelques heures durant lesquelles ils se chargeront de lui organiser un simulacre de mariage avec sa dulcin�e, lui faisant croire que cette nouvelle situation pouvait r�duire sa peine. Vieux encore, ils l�autoriseront � passer quelques �moments intimes� avec elle, mais cette faveur exceptionnelle est conditionn�e par des aveux pr�alables. On se d�p�che alors d�am�nager un des bureaux du maire (Hassan El Hassani dans le r�le) pour cette rencontre amoureuse �ph�m�re. Mais voil� que notre h�ros h�site � l�cher le morceau. Irrit�s par cette attitude irr�solue, les deux inspecteurs perdent patience et se d�cha�nent sur leur victime, transformant ce lieu improvis� pour une amourette en vrai lieu de supplice. Franchement, cette deuxi�me partie du film est une histoire � dormir debout. On se demande pourquoi l�ONCIC s�est aventur� � coproduire ce film dont le th�me n�avait aucune relation avec les probl�mes que vivait l�Alg�rie, ne pr�sentait, par ailleurs, aucun caract�re d�actualit�, encore moins un int�r�t particulier au plan cin�matographique. Ce film aurait d� tout simplement se faire ailleurs d�autant qu�au plan �thique les auteurs se sont permis un �cart grossier. En effet, ces derniers n�ayant pas pris soin de masquer suffisamment certains d�tails durant le tournage et de filmer sous des angles indirects les sites utilis�s, nous devinons ais�ment que les p�rip�ties du film se d�roulent dans notre capitale. La tenue des policiers, le mod�le de bus des transports urbains (ex-RSTA), les plaques d�immatriculation, attestent cette �vidence. Mais l� o� l�impudence atteint son comble, c�est lorsque le d�linquant est incarc�r� � la prison de Barberousse. Il est triste et d�solant de constater que ce haut lieu charg� d�histoires o� plusieurs condamn�s � mort furent ex�cut�s durant la guerre de Lib�ration nationale a �t� utilis� sans tact ni respect pour la m�moire de ces glorieux martyrs par des cin�astes �passagers� et pour les besoins d�un film trivial. Il est tout de m�me regrettable de constater que l�ONCIC qui, de tout temps, n�a produit que des films nationaux s�rieux et de bonne facture, coproduise par contre des film qui nous laissent pantois. Il est temps de prendre des mesures afin que les films coproduits par l�Alg�rie se fassent dans le respect des valeurs et des symboles de notre pays et tiennent compte des int�r�ts mutuels de chaque partie engag�e dans ce processus, tant au plan culturel qu��conomique. En ce qui concerne ce dernier point, selon les affirmations du regrett� A�t Si Selmi, responsable du d�partement de la production de l�ex-ONCI, seul le film Za pu amortir le budget engag� pour sa r�alisation. Sinon, tous les autres films ont �t� d�ficitaires. M. A�t Si Selmi, dont personne ne peut nier la longue et riche exp�rience dans le domaine du cin�ma et tout particuli�rement dans celui de la production, nous a avou�, par ailleurs, que tous les r�alisateurs �trangers, qui ont tourn� en Alg�rie, ont b�n�fici� d�excellentes conditions de travail. Cependant, leur collaboration n�a �t� d�aucun apport au d�veloppement du cin�ma alg�rien, encore moins � la formation de nos jeunes cin�astes. Pour preuve, lors de la r�alisation du film Z,Costa Gavras s�est entour� d�une �quipe 100% fran�aise. Quant aux rares Alg�riens, qui ont �t� sollicit�s, ils ont servi de main-d��uvre locale. (Les propos de M. A�t Si Selmi ont �t� repris de l�interview qu�il nous a accord� le 28 juin 1973, � Alger). En conclusion, nous pouvons affirmer que, dans l�ensemble, les films coproduits par l�Alg�rie n�ont pas fait l�objet d�une s�lection rigoureuse ni choisis selon des param�tres s�rieux. Quant au choix de l�Alg�rie par les r�alisateurs �trangers, il est souvent d�termin� par la beaut� des sites et la forte contribution financi�re de notre pays. Il est temps que notre participation � une coproduction d�passe le stade d�une �mise � disposition� ou d�une simple figuration. Nous devons � l�avenir nous imposer comme partenaire � part enti�re et proc�der avec rigueur au choix des sc�narios � coproduire. Cela exige, bien entendu, une commission de lecture compos�e de membres hautement qualifi�s, car seules de telles comp�tences pourraient discerner un bon sc�nario d�un sc�nario qui, sous un vernis d�id�es progressistes ou moralisatrices, v�hicule des id�es r�trogrades ou nuisibles � notre pays. Durant des d�cennies, notre s�pti�me art a �t� � l�avant-garde du cin�ma africain et arabe. Il a suscit� un vif int�r�t dans le monde. Pourrait-il aujourd�hui reprendre la place qui lui est d�volue ? Pour peu que les d�cideurs affichent une volont� politique, nos �crans s�illumineront de nouveau. Dans nos salles obscures jaillira la lumi�re de nos g�nies cr�ateurs. Enfin, les t�n�bres, longtemps tiss�es et impos�es par une cat�gorie de gestionnaires incultes et incomp�tents, se dissiperont comme se dissipe �La nuit (qui) a peur du soleil�.
H. H. A.
(*) (Dipl�m� de l�Institut du cin�ma de Moscou (VGIK). Ex-directeur de la Cin�math�que alg�rienne. Ex-directeur de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou.
* A notre grand regret, nous avons tent� � plusieurs reprises de joindre M. Yacef Sa�di pour clarifier certaines zones d�ombre dans le film, en vain.


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