Le Maroc a d�cid� de retirer sa confiance � l�envoy� personnel du secr�taire g�n�ral des Nations unies pour le Sahara occidental. Une d�cision unilat�rale qui intervient quelques semaines apr�s le rapport accablant contre Rabat pr�sent� par Ban Ki-moon aux membres du Conseil de s�curit�. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Rien ne va plus entre le roi Mohammed VI et le secr�taire g�n�ral de l�ONU. Rabat a d�cid�, jeudi, un retrait de confiance unilat�ral envers Christopher Ross, l�envoy� sp�cial de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental. Ross est accus� d�avoir appliqu� �dans plusieurs cas� une �m�thode d�s�quilibr�e et partiale � pour mener sa mission, pr�cise un communiqu�. �Les comportements contrast�s de M. Ross s'�cartent des grandes lignes qui ont �t� trac�es par les n�gociations dans le Conseil de s�curit�. Pour cela, le Maroc a d�cid� de retirer sa confiance�, note ce communiqu� attribu� au gouvernement islamiste mais qui est, en r�alit�, une �sentence� royale prise par le roi Mohammed VI. En fait, le Maroc n�a jamais �t� satisfait de la nomination de Christopher Ross. En 2008, les autorit�s de ce pays avaient attendu plusieurs mois avant de donner leur accord � son installation � ce poste. Une r�action qui intervenait suite au d�part de Peter Van Walsum, z�l� d�fenseur du Maroc, qui avait d�clar� devant les membres du Conseil de s�curit� de l�ONU que �l�ind�pendance du Sahara occidental n�est pas une option r�aliste�. En lui succ�dant, Ross s�est montr� inflexible dans sa gestion du dossier sahraoui. Le dernier rapport du secr�taire g�n�ral de l�ONU, qui se base essentiellement sur des donn�es pr�sent�es par son envoy� personnel, est une preuve de cette inflexibilit�. Ce rapport avait fait �tat de la n�cessit� de prendre en compte la question de la protection des droits de l�Homme des populations sahraouies dans les territoires occup�s et d�nonc� les mesures mises en �uvre par les autorit�s marocaines pour limiter l�action des membres de la Mission des Nations unies pour l�organisation d�un r�f�rendum d�autod�termination au Sahara occidental (Minurso). Ces derni�res semaines, un v�ritable bras de fer avait oppos� les autorit�s marocaines � Christopher Ross apr�s qu�il eut annonc� son intention de se rendre dans les territoires occup�s dans le cadre d�une tourn�e dans la r�gion. Une initiative rejet�e en bloc par le palais. En agissant de la sorte, le Maroc risque de se discr�diter au sein de la communaut� internationale. Ancien ambassadeur des Etats-Unis � Alger et � Damas, Ross a �t� nomm� � plusieurs postes de responsabilit� au sein du d�partement d�Etat am�ricain, notamment dans la lutte antiterroriste. Diplomate avis�, il b�n�ficie toujours de l�appui de Washington dans sa mission actuelle. Le Front Polisario a r�agi jeudi pour d�noncer ce qu�il consid�re �tre une d�cision �infond�e et arbitraire� du Maroc. �Le Front Polisario et le gouvernement de la R�publique sahraouie estiment infond�e et arbitraire la d�cision du royaume du Maroc de retirer sa confiance � l�envoy� personnel du secr�taire g�n�ral de l�ONU, M. Christopher Ross, dans la poursuite de la mission qui lui a �t� confi�e par le secr�taire g�n�ral et le Conseil de s�curit� pour la recherche d�une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental, garantissant le droit du peuple sahraoui � l�autod�termination. Cette d�cision, aussi grave qu�injustifi�e, est un nouveau d�fi intol�rable et inadmissible du Maroc � la communaut� internationale, au secr�taire g�n�ral et au Conseil de s�curit� qui, dans sa r�solution 2044, du 24 avril 2012, a consid�r� le statu quo inacceptable et a �r�affirm� son soutien � l�envoy� personnel du secr�taire g�n�ral pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et � l�action qu�il m�ne pour faciliter les n�gociations entre les parties�.� En agissant de la sorte, le Maroc veut s�arroger sans vergogne le droit de dicter au secr�taire g�n�ral le contenu de ses rapports au Conseil de s�curit� et de d�cider de la conduite que doit suivre son envoy� personnel au Sahara occidental. Comme il veut, par l� m�me, tout faire pour r�duire � n�ant la cr�dibilit� et neutralit� op�rationnelle de la Minurso, d�cri�es dans le dernier rapport du secr�taire g�n�ral, bloquer le processus de paix et continuer � violer impun�ment les droits humains dans les territoires sahraouis occup�s�, souligne un communiqu� du minist�re de l�Information de la R�publique sahraouie. Pour sa part, le secr�taire g�n�ral de l�ONU, � travers son porte-parole, a affirm� accorder �toute sa confiance� � Christopher Ross. Sur le plan international, le retrait de confiance unilat�ral d�cid� par le Maroc a fait r�agir, hier, la France, son alli� traditionnel. Pour sa premi�re sortie officielle sous l��re du pr�sident Fran�ois Hollande, le minist�re des Affaires �trang�res a appel� � un �r�glement rapide du diff�rend�. �La France a pris note de la d�claration du Maroc, qui a d�cid� de retirer sa confiance � l'envoy� personnel du secr�taire g�n�ral de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross (�), le r�glement de ce diff�rend doit tenir compte des pr�occupations l�gitimes de toutes les parties�, a affirm� Bernard Valero, le porte-parole du minist�re fran�ais des Affaires �trang�res. La question du Sahara occidental a toutefois provoqu� un malaise au sein du nouveau gouvernement du Parti socialiste suite � la publication d�une lettre adress�e par Jean-Marc Ayrault, alors pr�sident du groupe socialiste � l�Assembl�e fran�aise, � R�gine Villemont, pr�sidente de l�Association des amis de la R�publique arabe sahraouie d�mocratique. Dans cette correspondance, le Premier ministre avait indiqu� que les �socialistes, dans leurs d�clarations publiques, s�en tiennent, depuis l�occupation du territoire par le Maroc, � une position privil�giant le respect du droit international et du droit � l�autod�termination des peuples colonis�s�. M�me si la position de la France envers le palais royal ne risque pas de changer subitement, la question du soutien ind�fectible au Maroc devrait cr�er des tensions entre certaines �ailes� du Parti socialiste.