La décision unilatérale du Maroc de retirer sa confiance à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, est non seulement "infondée" et "arbitraire" mais elle est également "grave" et "injustifiée", a déclaré vendredi à l'APS le ministère sahraoui de l'Information. "Le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie estiment infondée et arbitraire la décision du Maroc de retirer sa confiance à l'envoyé personnel du Secrétaire général de l´ONU, Christopher Ross, dans la poursuite de la mission qui lui a été confiée par le Secrétaire général de l'ONU et le Conseil de sécurité pour la recherche d´une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental garantissant le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination", a indiqué le ministère sahraoui. En conséquence, a-t-il poursuivi, "cette décision, aussi grave qu'injustifiée, est un nouveau défi intolérable et inadmissible du Maroc à la communauté internationale, au Secrétaire général de l'ONU et au Conseil de sécurité qui, dans sa résolution 2044 du 24 avril dernier, a considéré le statut quo inacceptable et +a réaffirmé son soutien à l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l'action qu'il mène pour faciliter les négociations entre les parties+". En agissant de la sorte, ajoute le ministère sahraoui de l'Information, "le Maroc veut s'arroger, sans vergogne, le droit de dicter au Secrétaire général de l'ONU le contenu de ses rapports au Conseil de sécurité et de décider de la conduite que doit suivre son Envoyé personnel au Sahara occidental". En outre, le Maroc "veut, par la même, tout faire pour réduire à néant la crédibilité et la neutralité opérationnelles de la MINURSO, tel que décrié dans le dernier rapport du Secrétaire général, bloquer le processus de paix et continuer à violer impunément les droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés", a-t-il soutenu. "Tout en renouvelant la volonté des autorités sahraouies à poursuivre leur soutien et leur coopération loyale avec les efforts du Secrétaire général de l'ONU et de son Envoyé personnel, M. Christopher Ross, pour mener à terme le processus de décolonisation du Sahara occidental, le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie lancent un appel pressant au Conseil de sécurité pour quil prenne les mesures et décisions nécessaires à même de sauvegarder et protéger l'autorité des Nations Unies et la crédibilité de son œuvre de paix au Sahara Occidental des dérives et conséquences de la stratégie de fuite en avant poursuivie par le Maroc", a insisté le ministère sahraoui de l'Information. Le Maroc a décidé jeudi de retirer sa confiance à Christopher Ross, prétendant que les décisions de ce dernier étaient "partiales et déséquilibrées" et que "ses comportements contrastés s'écartent des grandes lignes tracées par les négociations dans le Conseil de sécurité''. Mais dans son commentaire suite à cette décision marocaine, le porte-parole du chef de l'ONU, Martin Nesirky, a affirmé que Ban Ki-moon a "pleinement confiance" en Christopher Ross. Dans son rapport sur le Sahara occidental d'avril dernier, le secrétaire général de l'Onu avait affirmé que la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) éprouvait des difficultés pour effectuer ses missions, précisant qu'elle n'est en mesure "ni d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance, d'observation et de liaison liées au maintien de la paix, ni d'endiguer, de sa propre autorité, l'érosion de ses capacités de mettre en œuvre son mandat". Il avait également relevé que le principe de neutralité de la Minurso "est, depuis de nombreuses années, compromis par le Maroc". Le rapport a également noté que ‘‘la confidentialité des communications entre le quartier général de la MINURSO et New York a été compromise''. Suite à ce rapport, le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle il a réaffirmé la solution permettant "l'autodétermination du peuple sahraoui", tout en insistant sur la nécessité d'une "totale liberté de mouvement de la Minurso". Par ailleurs, lors d'une rencontre qu'il avait eue, il y a une semaine à Washington, avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad-Eddine El Othmani, le secrétaire d'Etat adjoint américain, William Burns, avait affirmé que "les Etats-Unis continuent d'appuyer les efforts visant à trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental, y compris le processus de négociation des Nations unies dirigé par l'Envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, l'ambassadeur Christopher Ross".