Assainissement: traitement de près de 600 millions m3 d'eaux usées par an    Foot / Ligue des Champions (Gr: A - 6e et dernière journée) : héroïque en Tanzanie, le MC Alger qualifié en quarts de finale    Foot: clôture du Séminaire sur la gouvernance organisé par la CAF à Alger    La Coopérative Oscar pour la culture et les arts de Biskra commémore le 21e anniversaire de la mort du musicien Maati Bachir    Conseil de sécurité: la diplomatie algérienne réussit à protéger les avoirs libyens gelés    Cancer de la prostate: le dépistage individuel seul moyen de prendre connaissance de la pathologie    Intempéries: plusieurs routes coupées en raison de l'accumulation de la neige    Tourisme saharien : près 23.000 touristes étrangers ont visité le Grand Sud depuis début octobre 2024    Le Caftan constantinois: un des habits féminins prestigieux incarnant l'authenticité algérienne    Volley/Mondial 2025 (messieurs) - Préparation : le Six national en stage à Alger    Agression sioniste: environ 35 enfants palestiniens tués par jour à Ghaza, selon l'UNICEF    Chutes de neige sur les reliefs de l'ouest du pays à partir de samedi    L'attaque "lâche" contre le siège de "Global Aktion" vise à empêcher toute forme de solidarité et de soutien au peuple sahraoui    Marchés de gros: relance et développement des activités de la société MAGROS en 2025    Vers un embargo sur les armes    La valorisation du savoir et la bonne gouvernance et non le volume des réserves d'or qui permet le développement d'un pays    Vers l'importation de près de 28.000 tonnes de viandes blanche et rouge    LG lance un service de streaming audio gratuit    Bensaha deuxième recrue hivernale de l'USMH    Les Verts ratent leur sortie et déçoivent leurs fans    Championnat d'Arabie saoudite : L'Algérien Yousri Bouzok s'engage avec Al-Raed    Le ministre présente ses condoléances suite au décès du Moudjahid Mohamed Hadj Hamou,    Le Président Tebboune a reçu les responsables de médias    L'état du secteur de la communication et ses perspectives futures    Campagne de lutte contre la chenille processionnaire    Le wali en faveur du projet «SBA verte»    Mostaganem Premieres averses, grand soulagement    Poursuite des réactions internationales et appels au respect de l'accord    RDC : Appel à soutenir le processus de paix de Luanda    Frédéric Berger n'est plus    Entre bellicisme médiatique et journalisme populacier    La 10e édition a tenu toutes ses promesses    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie auprès de la République de Sierra Léone    Batna: la dépouille mortelle du moudjahid Lakhdar Benchaïba inhumée au cimetière d'Arris    Boughali reçoit des représentants de l'Association des parlementaires algériens    Batna: décès du moudjahid Lakhdar Benchaïba, dit Abdelhafid        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Enquete
SUICIDE � TIZI-OUZOU Entre clich�s m�diatiques et approches stigmatisantes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 06 - 2008

V�ritable probl�me de sant� publique � l��chelle mondiale, le suicide a fait, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, plus de 428 victimes (des chiffres sous-estim�s), depuis l�ann�e 2000 jusqu�au milieu du mois de mai 2008. Si les chiffres sont inqui�tants, le ph�nom�ne l�est encore plus, en raison des questions qu�il pose � la soci�t� et � l�Etat sur le plan m�dical, socio�conomique et politique.
Enqu�te r�alis�e par Sa�d A�t-M�barek
Un ph�nom�ne qui est loin d��tre l�apanage de la seule wilaya de Tizi-Ouzou et de toute la Kabylie comme l�ont longtemps sugg�r� certains journaux qui font �tat avec un alarmisme qui sied � la loi des s�ries du moindre cas de suicide enregistr� dans telle ou telle localit� de la r�gion. Depuis 2001 et en raison des �v�nements v�cus durant cette p�riode, la Kabylie est devenue la tarte � la cr�me de tout journaliste en mal de sujets �vendeurs�. Des sujets qui sont, souvent, �voqu�s avec alarmisme et sans le recul que recommande l�analyse objective de la r�alit�. Il en est ainsi du ph�nom�ne du suicide qui pourrait relever, en d�autres temps, presque de l��piph�nom�ne, si l�on tient compte des chiffres qui dessinent une courbe de plus en plus descendante. D�autant qu�en l�absence d�une cartographie nationale du suicide, rien ne permet de dire que l�on se suicide � Tizi-Ouzou ou � B�ja�a plus que dans le reste du pays.
Chiffres en baisse, stigmatisation constante
Depuis l�ann�e 2000 jusqu�au milieu du mois de mai de l�ann�e en cours, il a �t� enregistr� plus de 429 cas de suicide. Un chiffre non exhaustif, comme c'est souvent le cas en pareille situation � travers le monde entier, et en de�� de la r�alit�, en raison des cas tus et non d�clar�s par certaines personnes qui per�oivent le suicide sous l�angle de l�opprobre. Ceux qui ont mis fin � leurs jours ont �t� au nombre de 93 en 2000 ; 71 en 2001 ; 53 en 2002 ; 43 en 2003 ; 62 en 2004 ; 35 en 2005 ; 42 en 2006 et durant l�ann�e 2007, il est fait �tat de 48 cas de suicides dont 4 femmes. Les chiffres arr�t�s au mois de mai 2008 et recueillis par les services de la Gendarmerie nationale font �tat de 34 cas enregistr�s � travers l�ensemble de la wilaya de Tizi-Ouzou. L�enqu�te effectu�e par les services du groupement de la Gendarmerie nationale de Tizi-Ouzou au milieu de l�ann�e 2007 et aupr�s desquels nous avons recueilli ces chiffres ne fait pas ressortir les motifs qui ont pouss� ces personnes � se suicider. Un �tudiant au ch�mage, un directeur d��cole qui �tait aussi pr�sident d�une institution �lue (P/APC), un boucher et un artisan font partie du lot des victimes qui �taient majoritairement au ch�mage ou sans profession. Ces victimes sont des adultes jeunes dont l��ge se situe entre 19 et 40 ans. Une observation confirm�e par le Dr Ziri, ma�tre-assistant � l�EHS de Oued- A�ssi qui signale 31 tentatives de suicide enregistr�es depuis le d�but de cette ann�e (2007), uniquement au niveau de l��tablissement psychiatrique de Oued-A�ssi. Toutes ces indications sont recoup�es par une �tude r�trospective pr�sent�e lors d�un s�minaire tenu, il y a deux ans � l�h�pital psychiatrique de Oued-A�ssi. En fonction des saisons, le suicide a connu le taux le plus �lev� au 2e trimestre de l�ann�e (avril, mai et juin), avec 37,2%. Les c�libataires constituent la cat�gorie la plus touch�e, avec 46, 2% des cas. Un suicid� sur quatre est sans niveau d�instruction ; le niveau d��tude moyen repr�sente 14%. En fonction de l��ge et du sexe, le suicide est exceptionnel avant dix ans. Les jeunes adultes et les adolescents sont les plus concern�s. Le sexe ratio est de trois hommes pour une femme. Le Dr Ziri et le Dr Boudar�ne, auteurs de cette �tude affirment en conclusion que �si le suicide dans notre wilaya est une r�alit� tangible, nous ne pouvons faire aucune �tude comparative avec les autres r�gions du pays, faute de statistiques �.
Le suicide s�inscrit dans l�histoire individuelle
De fait, ajoutent les deux praticiens, la surm�diatisation et la stigmatisation (persistante, ndlr) de la Kabylie concernant ce ph�nom�ne est injustifi�e. �Nous ne pouvons faire aucune �tude comparative entre les diff�rentes r�gions du pays, faute d�une enqu�te nationale statistique �, affirment-ils encore, situant la wilaya de Tizi- Ouzou dans la moyenne nationale qui est estim�e � environ 5 cas de suicid�s pour 100 000 habitants. Mais s�il n�existe aucune �tude quantitative sur la distribution g�ographique du suicide en Alg�rie, les sp�cialistes de la maladie mentale sont formels et unanimes � reconna�tre la complexit� du ph�nom�ne et des causes qui conduisent au suicide. �Les facteurs de risque du suicide sont multiples. G�n�ralement, les personnes qui se suicident cumulent plusieurs de ces facteurs�, lit-on dans le rapport �tabli en 2006 par la F�d�ration internationale de la sant� mentale publi� � l�occasion de la c�l�bration de la Journ�e internationale de la sant� mentale, mettant en avant le r�le important jou� par les maladies mentales, y compris la toxicomanie et la d�pendance, dans le risque du suicide. �M�me si la majorit� des personnes souffrant de maladies mentales ne meurent pas par suicide, les �tudes r�alis�es en Europe et aux Etats-Unis indiquent que 90% des personnes suicid�es pr�sentaient une forme ou une autre de trouble mental, y compris l�alcoolisme et la toxicomanie�, nous dit encore le document de la WFMH. Exemple, plac�e au quatri�me rang des pathologies les plus pr�occupantes dans le monde, la d�pression est la cause, rien qu�en France, de 10 000 d�c�s par suicide et de 160 000 tentatives de suicide par an. En Grande-Bretagne, une �tude a montr� que 12% des personnes qui meurent par suicide ont �t� en contact avec les services de la sant� mentale au cours des 12 derniers mois pr�c�dant leur d�c�s. Parmi ces personnes, 16% sont hospitalis�es en psychiatrie, et 24% sont sorties de l�h�pital au cours des trois derniers mois. �Le non-respect du traitement et la perte de contact avec ces services sont des facteurs courants. Il est donc clair, dit en conclusion la m�me �tude que les personnes souffrant d�une maladie mentale ont plus de risque de se suicider si elles ne sont pas trait�es ou si elles re�oivent un traitement inad�quat. Ceci devrait donner aux personnes travaillant dans le milieu de la sant� mentale un nouveau sens de l�urgence de leur travail dans le monde entier�, dit encore l��tude de la WFMH. On peut donc le dire sans risque de se tromper que les facteurs de risques de la mortalit� par suicide sont partout les m�mes et sont li�s � la situation de l�homme et � sa capacit� d�adaptation au stress qu�engendrent les contraintes et les r�alit�s multidimensionnelles de l�environnement et de la vie. Le suicide s�inscrit, d�abord et avant tout, dans l�histoire individuelle complexe propre � chaque victime. S�il est difficile de faire l�impasse sur les conditions socio�conomiques telles que les relations familiales, la crise du logement, le ch�mage, l��chec scolaire, les difficult�s �conomiques, la promiscuit� qui peuvent �tre � la source de souffrances auxquelles beaucoup tentent d��chapper par une agression de soi qui conduit � la mort, la r�alit� psychique du sujet en proie � une alt�ration psychique quelconque, tels la d�pression nerveuse, les troubles de la personnalit� et du comportement est primordiale. Les contraintes socio�conomiques, l�hostilit� du milieu familial, �conomique et social satur� par plusieurs formes de violence et d�agressions tels le chaos et la d�gradation du milieu urbain, l�agressivit� et l�incivisme ambiants, l�oisivet� Bref, un faisceau d�agressions qui influent n�gativement sur la vie de l�homme et qui peuvent constituer des facteurs de risques suppl�mentaires susceptibles d�agir de fa�on indirecte pour d�clencher un processus suicidaire qui serait latent, en raison d�une souffrance psychique couv�e et, souvent, non d�cel�e chez des sujets qui n�attendent que la r�union de certaines conditions pour le passage � l�acte. �Souvent, ajoute le Dr Ziri, la mort constitue un ultime refuge contre le mal-�tre de ces personnes vuln�rables et fragiles et qui ne vivent pas de la m�me fa�on les agressions de l�ext�rieur ; tout d�pend de la capacit� de r�action de chacun aux �v�nements traumatisants de la vie�, signale ce praticien pour qui les tentatives de suicide signifient �un appel au secours de la part de la victime qui tente de se d�fendre et de se d�faire de la souffrance comme un malade le ferait d�une camisole de forces. �Dans tous les cas, il y a un d�sir de fuite devant les contraintes de la vie par la mort et l�an�antissement de soi�, commente le praticien qui s�int�resse au sujet du suicide dans une perspective acad�mique et de recherche. Mais l�aspect pr�ventif n��chappe pas au travail entrepris par ce psychiatre qui insiste sur la n�cessit� de �ne pas dramatiser, il faut savoir d�tecter le message avant le passage � l�acte�. Selon lui, il est important d�intervenir en amont et en aval du ph�nom�ne. �Tout est dans la pr�vention�, dira le Dr Ziri pour qui �derri�re chaque suicide, il y a une histoire, un processus biographique complexe o� interf�rent le v�cu psychique et les contraintes ext�rieures�. Voil� qui tord le cou aux poncifs et aux clich�s profess�s ici et l� avec l�allure d�ex�g�se savante sur l�attrait des jeunes Kabyles au suicide comme le montre cet exemple. Interrog� sur les motivations des jeunes qui mettent fin � leurs jours dans la wilaya de Tizi-Ouzou, l�officier de la gendarmerie en charge du dossier au niveau du groupement de gendarmerie de Tizi- Ouzou soutient mordicus que le taux du suicide sup�rieur � Tizi-Ouzou � celui enregistr� dans d�autres wilayas du pays, tient pour beaucoup du rel�chement du sentiment religieux et au manque de la foi religieuse chez ces jeunes victimes. Les id�es re�ues ont d�cid�ment la peau dure d�autant plus que le propos se donne souvent des allures doctes et savantes et se moque de l�avis autoris� des sp�cialistes de la sant� mentale qui ont toujours mis en garde contre les approches stigmatisantes de ce genre de conduites asociales mais qui restent tout de m�me inh�rentes au comportement humain. On se rappelle de la campagne tendancieuse men�e � la suite du battage m�diatique durant les ann�es 2001 � 2004 autour du suicide en Kabylie. Le ph�nom�ne avait alors donn� lieu, � profusion, � des extrapolations politiques tendancieusement moralisatrices et infamantes sur les causes du suicide en Kabylie. Les petits soldats de cette campagne ont �t� des partis et personnalit�s des milieux islamoconservateurs. �L�alcoolisme, l��vang�lisme, le communisme, l�agnosticisme�� des Kabyles ont �t� tour � tour convoqu�s par ces milieux m�diatiques et politiques pour expliquer la forte pr�valence du ph�nom�ne en Kabylie, s�est indign� un psychiatre lors du s�minaire tenu en 2005 � l�EHS de Oued-A�ssi. Pourtant, les chiffres qui sont, comme on dit, t�tus, situent la Kabylie dans la moyenne nationale de 4 � 5 suicides par 100 000 habitants. Rien ne prouve donc qu�on se suicide plus ou moins en Kabylie que dans d�autres r�gions du pays. Selon le professeur Kacha, qui s�est exprim� durant la m�me rencontre scientifique, les taux en apparence �lev�s du suicide dans cette r�gion s�expliquent par sa forte densit� de peuplement.
Valoriser le statut social de la psychiatrie et de la maladie mentale
Le Dr Ziri pose le probl�me de la sant� mentale et de la consultation psychiatrique dans notre soci�t�. �Le cas du suicide du P/APC d�A�t Agouacha est significatif d�une situation pathologique qui aurait pu �tre d�tect�e s�il y avait eu consultation en service psychiatrique de ville ou en institution. Il n� y a pas de honte � consulter un psychiatre qui est le seul sp�cialiste � pouvoir d�celer et soigner un trouble psychique. Le charlatanisme, le recours � des soins alternatifs du genre roqia ou consultations des talebs peuvent �tre fatales dans le cas de la survenue d�un trouble ou d�une alt�ration psychique quelconque�, pr�vient le m�decin pour qui �il y a une persistance de la relation magique � la maladie mentale au sein de notre soci�t�. Le Dr Ziri fait sciemment l�apologie du sp�cialiste de la maladie mentale qui est �seul capable d�aider le malade � se resocialiser�. Lanc� en 2001 � la suite des pr�conisations des autorit�s sanitaires des Nations unies (OMS), le plan national de sant� mentale, qui constitue un indice de la qualit� de vie des citoyens, n�a visiblement pas atteint le niveau de mise en �uvre n�cessaire. Emettant une s�rie de recommandations visant � am�liorer le niveau de prise en charge et la pr�vention du ph�nom�ne du suicide en milieu hospitalier, � travers, notamment, la disponibilit� des m�dicaments, la r�duction du nombre de consultations par psychiatre dont il faut augmenter les effectifs, l�augmentation du nombre de lits, le t�moignage du Dr Ziri, ma�tre-assistant � l�EHS de Oued-A�ssi, peut �tre saisi dans ce sens : �A l�h�pital de Oued-A�ssi, on est d�bord�. C�est un h�pital r�gional qui a un taux d�occupation tr�s important qui avoisine les 100%. Il n�arrive pas � prendre en charge toute la demande en mati�re d�hospitalisation des wilayas couvertes (Tizi-Ouzou, Boumerd�s, B�ja�a et Bouira).� L�am�lioration de la couverture psychiatre du territoire, l�une des pr�conisations de l�OMS, est une urgence, selon le m�decin qui regrette l�absence de structures sp�cialis�es en la mati�re � Bouira et B�ja�a. �Une situation qui rend de plus en plus difficile la gestion des urgences psychiatriques au niveau de l�EHS o� se pose parfois le probl�me du manque de places.�
De la n�cessit� �de faire parler les morts�
Du c�t� des autorit�s sanitaires, il y a comme une tendance � la banalisation inqui�tante d�un ph�nom�ne qui ne cesse de monter en puissance dans la soci�t�. Aucune enqu�te �pid�miologique et sur le terrain fond�e sur une approche clinique n�a �t� �labor�e qui permettrait d�intervenir en amont et en aval dans une optique de pr�vention de ce ph�nom�ne qui ne semble pas focaliser l�int�r�t des services de la Direction de la sant� et de la population de la wilaya. Aux derni�res nouvelles, la commission intersectorielle de wilaya de suivi et de surveillance du ph�nom�ne suicidaire, mise en place en 2005 sur recommandation de l�APW qui s�est r�unie en session sp�ciale autour des maux sociaux en 2005, est mise en veilleuse. Les �lus de l�APW, qui ont �voqu� ce ph�nom�ne dans le cadre de ladite session sp�ciale, ont �t� unanimes � critiquer l�analyse des chiffres pr�sent�s par les services de la Direction de wilaya de la sant� et de la population qui �taient ��loign�s de la r�alit� �. La Gendarmerie nationale, les services de la Protection civile sont les seuls services publics qui disposent d�informations statistiques mais qui demandent � �tre soumises � l�analyse critique des sp�cialistes. Se contenter de la tenue d�une comptabilit� morbide sans se soucier de faire la �tra�abilit� � de chaque cas ne suffit pas. �Mieux comprendre les circonstances d�un suicide et l��tat d�esprit de la victime au moment de son acte pourrait contribuer � la pr�vention du suicide�, estiment les sp�cialistes. D�autant plus que les avanc�es th�rapeutiques actuelles et en vigueur dans certains pays d�velopp�s tendent � �faire parler les morts�, en proc�dant � �une autopsie psychologique�, une technique qui consiste � reconstituer le contexte psychosocial et m�dical entourant le d�c�s d�une personne suicid�e. Cette m�thode, qui est en vigueur dans de nombreux pays comme la France, le Canada, le Royaume-Uni, la Finlande, est un examen en profondeur o� les d�tails de la mort, l�histoire familiale, les conditions de travail, la sant� physique et mentale, d��ventuelles conduites suicidaires ant�rieures, les r�actions des proches� sont analys�s et d�cortiqu�s dans une perspective de mise en place d�un plan de lutte et de pr�vention du suicide.
S. A. M.
Dr ZIRI DE L�EHS DE OUED-A�SSI :
�La mise en place d�un observatoire du suicide est vivement souhait�e� La mise en place d�un observatoire du suicide et des tentatives du suicide au niveau des institutions publiques est n�cessaire, selon le Dr Ziri qui regrette l�insuffisance ou la quasi absence des structures d��coute et de prise en charge psychologique qui aideraient � l�am�lioration de la pr�vention du suicide et des tentatives de suicide. �La fonction de cette structure sera d��tudier et de tenter de comprendre tous les param�tres et les facteurs qui favorisent les conduites suicidaires. Il s�agira de mettre en place un dispositif qui permettra d�intervenir en amont et en aval du ph�nom�ne suicidaire. Le travail ou l�observation consistera � r�pertorier tous les cas de suicide et des tentatives de suicide. Ce qui servira ensuite � �tablir une cartographie nationale du ph�nom�ne. Chose qui n�existe pas encore en Alg�rie, en dehors de quelques �tudes �pid�miologiques � caract�re local et limit�. Le fichier que nous sommes en train d��laborer, qui est d�abord un corpus de base pour un travail de recherche, permettra de faire un �tat des lieux diagnostic sur le plan local mais qui peut �tre utile dans une d�marche th�rapeutique et de pr�vention �.
S. A. M.
A) Les dangers de l�imitation ou l��effet Werther�(1)
Les ph�nom�nes d�imitation sont souvent b�n�fiques et indispensables pour le d�veloppement des individus. Cependant, il arrive que la conduite des autres ait des cons�quences n�fastes sur celui qui les observe. En effet, le sociologue Philips a �tudi� les statistiques relatives aux suicides aux Etats- Unis dans les ann�es 1947 et 1968. Il a d�montr� qu�il existait un lien entre la publicit� faite autour d�une histoire de suicide et le nombre de personnes qui mettaient fin � leur existence peu de temps apr�s la diffusion de ce fait. En effet, dans les deux mois qui suivait la diffusion du suicide d�une personnalit� connue et respect�e du public, on comptait en moyenne 58 suicides de plus que d�ordinaire. C�est ce que l�on appelle �l�effet Werther�. Philips explique ce ph�nom�ne surprenant par le ph�nom�ne d�imitation. Certains individus en mal de vivre d�cideraient que le suicide est, pour eux aussi, une bonne solution. Tout se passe comme si les obstacles personnels ou moraux, qui les emp�chaient de mettre � ex�cution cette issue tragique, �taient alors d�sinhib�s. L�effet Werther a depuis �t� retrouv� et v�rifi�. Cela pose le probl�me de la m�diatisation faite autour des suicides de personnalit�s.
La preuve sociale (2)
La preuve sociale est une forme de persuasion qui provoque une adh�sion automatique et donc non r�fl�chie de la part des individus. Le principe de la preuve sociale veut que les gens d�terminent le bien-fond� de leur comportement en regardant ce que font les autres. Souvent sans gravit�, il peut, on vient de le voir, avoir des effets pervers. La similarit� est un facteur essentiel dans le comportement d�imitation. En fait, le principe de la preuve sociale fonctionne tr�s bien si deux conditions sont r�unies : lorsque l�on observe le comportement des gens qui nous sont semblables d�une part et lorsque nous nous trouvons dans un �tat d�incertitude d�autre part.
B) Impact m�diatique des reportages sur le suicide
Le suicide est peut �tre le moyen le plus tragique de terminer sa vie. La majorit� des personnes qui envisagent le suicide sont ambivalentes. Elles ne sont pas s�res de vouloir mourir. Un des nombreux facteurs, pouvant conduire une personne fragile au suicide pourrait �tre la publicit� dans les m�dias � propos de ce ph�nom�ne ; la fa�on dont ces derniers pr�sentent les cas de suicide peut en pr�cipiter d�autres. Une diffusion plus appropri�e de l�information et une prise de conscience du ph�nom�ne sont les �l�ments essentiels pour assurer le succ�s des programmes de pr�vention du suicide. En 1999, l�OMS a lanc� son programme Supre qui est une initiative mondiale de pr�vention du suicide. Cette brochure (cf. r�sum� ci-apr�s) fait partie d�une s�rie de recommandations pr�sent�es dans ledit programme et s�adresse aux groupes professionnels et sociaux sp�cifiques (dont les journalistes) impliqu�s dans la pr�vention du suicide.
Indications de l�OMS pour les professionnels des m�dias
R�sum� de ce qui �doit �tre fait� et de ce qui �ne doit pas �tre fait� :
Ce que l�on doit faire :
Donner les informations sur les services d�assistance et les possibilit�s locales de pr�vention.
Mettre l�accent sur les indicateurs de risque et les signes d�alerte.
Collaborer �troitement avec l�autorit� sanitaire en pr�sentant les faits.
Parler du suicide en termes de �suicide accompli� et non de �suicide r�ussi�.
Publier uniquement les donn�es appropri�es dans les pages int�rieures.
Ce que l�on ne doit pas faire :
Ne pas publier de photos ou de lettres de suicid�s.
Ne pas donner des d�tails pr�cis sur la m�thode employ�e.
Ne pas donner de raisons simplistes.
Ne pas glorifier ou faire du sensationnalisme � propos d�un suicide.
Ne pas utiliser de st�r�otypes religieux ou culturels.
Ne pas r�partir le bl�me.
Source : Organisation mondiale de la sant�
Source (1 et 2) : in psychologie-sociale.com


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.