V�ritable probl�me de sant� publique � l��chelle mondiale, le suicide a fait, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, plus de 428 victimes (des chiffres sous-estim�s), depuis l�ann�e 2000 jusqu�au milieu du mois de mai 2008. Si les chiffres sont inqui�tants, le ph�nom�ne l�est encore plus, en raison des questions qu�il pose � la soci�t� et � l�Etat sur le plan m�dical, socio�conomique et politique. Enqu�te r�alis�e par Sa�d A�t-M�barek Un ph�nom�ne qui est loin d��tre l�apanage de la seule wilaya de Tizi-Ouzou et de toute la Kabylie comme l�ont longtemps sugg�r� certains journaux qui font �tat avec un alarmisme qui sied � la loi des s�ries du moindre cas de suicide enregistr� dans telle ou telle localit� de la r�gion. Depuis 2001 et en raison des �v�nements v�cus durant cette p�riode, la Kabylie est devenue la tarte � la cr�me de tout journaliste en mal de sujets �vendeurs�. Des sujets qui sont, souvent, �voqu�s avec alarmisme et sans le recul que recommande l�analyse objective de la r�alit�. Il en est ainsi du ph�nom�ne du suicide qui pourrait relever, en d�autres temps, presque de l��piph�nom�ne, si l�on tient compte des chiffres qui dessinent une courbe de plus en plus descendante. D�autant qu�en l�absence d�une cartographie nationale du suicide, rien ne permet de dire que l�on se suicide � Tizi-Ouzou ou � B�ja�a plus que dans le reste du pays. Chiffres en baisse, stigmatisation constante Depuis l�ann�e 2000 jusqu�au milieu du mois de mai de l�ann�e en cours, il a �t� enregistr� plus de 429 cas de suicide. Un chiffre non exhaustif, comme c'est souvent le cas en pareille situation � travers le monde entier, et en de�� de la r�alit�, en raison des cas tus et non d�clar�s par certaines personnes qui per�oivent le suicide sous l�angle de l�opprobre. Ceux qui ont mis fin � leurs jours ont �t� au nombre de 93 en 2000 ; 71 en 2001 ; 53 en 2002 ; 43 en 2003 ; 62 en 2004 ; 35 en 2005 ; 42 en 2006 et durant l�ann�e 2007, il est fait �tat de 48 cas de suicides dont 4 femmes. Les chiffres arr�t�s au mois de mai 2008 et recueillis par les services de la Gendarmerie nationale font �tat de 34 cas enregistr�s � travers l�ensemble de la wilaya de Tizi-Ouzou. L�enqu�te effectu�e par les services du groupement de la Gendarmerie nationale de Tizi-Ouzou au milieu de l�ann�e 2007 et aupr�s desquels nous avons recueilli ces chiffres ne fait pas ressortir les motifs qui ont pouss� ces personnes � se suicider. Un �tudiant au ch�mage, un directeur d��cole qui �tait aussi pr�sident d�une institution �lue (P/APC), un boucher et un artisan font partie du lot des victimes qui �taient majoritairement au ch�mage ou sans profession. Ces victimes sont des adultes jeunes dont l��ge se situe entre 19 et 40 ans. Une observation confirm�e par le Dr Ziri, ma�tre-assistant � l�EHS de Oued- A�ssi qui signale 31 tentatives de suicide enregistr�es depuis le d�but de cette ann�e (2007), uniquement au niveau de l��tablissement psychiatrique de Oued-A�ssi. Toutes ces indications sont recoup�es par une �tude r�trospective pr�sent�e lors d�un s�minaire tenu, il y a deux ans � l�h�pital psychiatrique de Oued-A�ssi. En fonction des saisons, le suicide a connu le taux le plus �lev� au 2e trimestre de l�ann�e (avril, mai et juin), avec 37,2%. Les c�libataires constituent la cat�gorie la plus touch�e, avec 46, 2% des cas. Un suicid� sur quatre est sans niveau d�instruction ; le niveau d��tude moyen repr�sente 14%. En fonction de l��ge et du sexe, le suicide est exceptionnel avant dix ans. Les jeunes adultes et les adolescents sont les plus concern�s. Le sexe ratio est de trois hommes pour une femme. Le Dr Ziri et le Dr Boudar�ne, auteurs de cette �tude affirment en conclusion que �si le suicide dans notre wilaya est une r�alit� tangible, nous ne pouvons faire aucune �tude comparative avec les autres r�gions du pays, faute de statistiques �. Le suicide s�inscrit dans l�histoire individuelle De fait, ajoutent les deux praticiens, la surm�diatisation et la stigmatisation (persistante, ndlr) de la Kabylie concernant ce ph�nom�ne est injustifi�e. �Nous ne pouvons faire aucune �tude comparative entre les diff�rentes r�gions du pays, faute d�une enqu�te nationale statistique �, affirment-ils encore, situant la wilaya de Tizi- Ouzou dans la moyenne nationale qui est estim�e � environ 5 cas de suicid�s pour 100 000 habitants. Mais s�il n�existe aucune �tude quantitative sur la distribution g�ographique du suicide en Alg�rie, les sp�cialistes de la maladie mentale sont formels et unanimes � reconna�tre la complexit� du ph�nom�ne et des causes qui conduisent au suicide. �Les facteurs de risque du suicide sont multiples. G�n�ralement, les personnes qui se suicident cumulent plusieurs de ces facteurs�, lit-on dans le rapport �tabli en 2006 par la F�d�ration internationale de la sant� mentale publi� � l�occasion de la c�l�bration de la Journ�e internationale de la sant� mentale, mettant en avant le r�le important jou� par les maladies mentales, y compris la toxicomanie et la d�pendance, dans le risque du suicide. �M�me si la majorit� des personnes souffrant de maladies mentales ne meurent pas par suicide, les �tudes r�alis�es en Europe et aux Etats-Unis indiquent que 90% des personnes suicid�es pr�sentaient une forme ou une autre de trouble mental, y compris l�alcoolisme et la toxicomanie�, nous dit encore le document de la WFMH. Exemple, plac�e au quatri�me rang des pathologies les plus pr�occupantes dans le monde, la d�pression est la cause, rien qu�en France, de 10 000 d�c�s par suicide et de 160 000 tentatives de suicide par an. En Grande-Bretagne, une �tude a montr� que 12% des personnes qui meurent par suicide ont �t� en contact avec les services de la sant� mentale au cours des 12 derniers mois pr�c�dant leur d�c�s. Parmi ces personnes, 16% sont hospitalis�es en psychiatrie, et 24% sont sorties de l�h�pital au cours des trois derniers mois. �Le non-respect du traitement et la perte de contact avec ces services sont des facteurs courants. Il est donc clair, dit en conclusion la m�me �tude que les personnes souffrant d�une maladie mentale ont plus de risque de se suicider si elles ne sont pas trait�es ou si elles re�oivent un traitement inad�quat. Ceci devrait donner aux personnes travaillant dans le milieu de la sant� mentale un nouveau sens de l�urgence de leur travail dans le monde entier�, dit encore l��tude de la WFMH. On peut donc le dire sans risque de se tromper que les facteurs de risques de la mortalit� par suicide sont partout les m�mes et sont li�s � la situation de l�homme et � sa capacit� d�adaptation au stress qu�engendrent les contraintes et les r�alit�s multidimensionnelles de l�environnement et de la vie. Le suicide s�inscrit, d�abord et avant tout, dans l�histoire individuelle complexe propre � chaque victime. S�il est difficile de faire l�impasse sur les conditions socio�conomiques telles que les relations familiales, la crise du logement, le ch�mage, l��chec scolaire, les difficult�s �conomiques, la promiscuit� qui peuvent �tre � la source de souffrances auxquelles beaucoup tentent d��chapper par une agression de soi qui conduit � la mort, la r�alit� psychique du sujet en proie � une alt�ration psychique quelconque, tels la d�pression nerveuse, les troubles de la personnalit� et du comportement est primordiale. Les contraintes socio�conomiques, l�hostilit� du milieu familial, �conomique et social satur� par plusieurs formes de violence et d�agressions tels le chaos et la d�gradation du milieu urbain, l�agressivit� et l�incivisme ambiants, l�oisivet� Bref, un faisceau d�agressions qui influent n�gativement sur la vie de l�homme et qui peuvent constituer des facteurs de risques suppl�mentaires susceptibles d�agir de fa�on indirecte pour d�clencher un processus suicidaire qui serait latent, en raison d�une souffrance psychique couv�e et, souvent, non d�cel�e chez des sujets qui n�attendent que la r�union de certaines conditions pour le passage � l�acte. �Souvent, ajoute le Dr Ziri, la mort constitue un ultime refuge contre le mal-�tre de ces personnes vuln�rables et fragiles et qui ne vivent pas de la m�me fa�on les agressions de l�ext�rieur ; tout d�pend de la capacit� de r�action de chacun aux �v�nements traumatisants de la vie�, signale ce praticien pour qui les tentatives de suicide signifient �un appel au secours de la part de la victime qui tente de se d�fendre et de se d�faire de la souffrance comme un malade le ferait d�une camisole de forces. �Dans tous les cas, il y a un d�sir de fuite devant les contraintes de la vie par la mort et l�an�antissement de soi�, commente le praticien qui s�int�resse au sujet du suicide dans une perspective acad�mique et de recherche. Mais l�aspect pr�ventif n��chappe pas au travail entrepris par ce psychiatre qui insiste sur la n�cessit� de �ne pas dramatiser, il faut savoir d�tecter le message avant le passage � l�acte�. Selon lui, il est important d�intervenir en amont et en aval du ph�nom�ne. �Tout est dans la pr�vention�, dira le Dr Ziri pour qui �derri�re chaque suicide, il y a une histoire, un processus biographique complexe o� interf�rent le v�cu psychique et les contraintes ext�rieures�. Voil� qui tord le cou aux poncifs et aux clich�s profess�s ici et l� avec l�allure d�ex�g�se savante sur l�attrait des jeunes Kabyles au suicide comme le montre cet exemple. Interrog� sur les motivations des jeunes qui mettent fin � leurs jours dans la wilaya de Tizi-Ouzou, l�officier de la gendarmerie en charge du dossier au niveau du groupement de gendarmerie de Tizi- Ouzou soutient mordicus que le taux du suicide sup�rieur � Tizi-Ouzou � celui enregistr� dans d�autres wilayas du pays, tient pour beaucoup du rel�chement du sentiment religieux et au manque de la foi religieuse chez ces jeunes victimes. Les id�es re�ues ont d�cid�ment la peau dure d�autant plus que le propos se donne souvent des allures doctes et savantes et se moque de l�avis autoris� des sp�cialistes de la sant� mentale qui ont toujours mis en garde contre les approches stigmatisantes de ce genre de conduites asociales mais qui restent tout de m�me inh�rentes au comportement humain. On se rappelle de la campagne tendancieuse men�e � la suite du battage m�diatique durant les ann�es 2001 � 2004 autour du suicide en Kabylie. Le ph�nom�ne avait alors donn� lieu, � profusion, � des extrapolations politiques tendancieusement moralisatrices et infamantes sur les causes du suicide en Kabylie. Les petits soldats de cette campagne ont �t� des partis et personnalit�s des milieux islamoconservateurs. �L�alcoolisme, l��vang�lisme, le communisme, l�agnosticisme�� des Kabyles ont �t� tour � tour convoqu�s par ces milieux m�diatiques et politiques pour expliquer la forte pr�valence du ph�nom�ne en Kabylie, s�est indign� un psychiatre lors du s�minaire tenu en 2005 � l�EHS de Oued-A�ssi. Pourtant, les chiffres qui sont, comme on dit, t�tus, situent la Kabylie dans la moyenne nationale de 4 � 5 suicides par 100 000 habitants. Rien ne prouve donc qu�on se suicide plus ou moins en Kabylie que dans d�autres r�gions du pays. Selon le professeur Kacha, qui s�est exprim� durant la m�me rencontre scientifique, les taux en apparence �lev�s du suicide dans cette r�gion s�expliquent par sa forte densit� de peuplement. Valoriser le statut social de la psychiatrie et de la maladie mentale Le Dr Ziri pose le probl�me de la sant� mentale et de la consultation psychiatrique dans notre soci�t�. �Le cas du suicide du P/APC d�A�t Agouacha est significatif d�une situation pathologique qui aurait pu �tre d�tect�e s�il y avait eu consultation en service psychiatrique de ville ou en institution. Il n� y a pas de honte � consulter un psychiatre qui est le seul sp�cialiste � pouvoir d�celer et soigner un trouble psychique. Le charlatanisme, le recours � des soins alternatifs du genre roqia ou consultations des talebs peuvent �tre fatales dans le cas de la survenue d�un trouble ou d�une alt�ration psychique quelconque�, pr�vient le m�decin pour qui �il y a une persistance de la relation magique � la maladie mentale au sein de notre soci�t�. Le Dr Ziri fait sciemment l�apologie du sp�cialiste de la maladie mentale qui est �seul capable d�aider le malade � se resocialiser�. Lanc� en 2001 � la suite des pr�conisations des autorit�s sanitaires des Nations unies (OMS), le plan national de sant� mentale, qui constitue un indice de la qualit� de vie des citoyens, n�a visiblement pas atteint le niveau de mise en �uvre n�cessaire. Emettant une s�rie de recommandations visant � am�liorer le niveau de prise en charge et la pr�vention du ph�nom�ne du suicide en milieu hospitalier, � travers, notamment, la disponibilit� des m�dicaments, la r�duction du nombre de consultations par psychiatre dont il faut augmenter les effectifs, l�augmentation du nombre de lits, le t�moignage du Dr Ziri, ma�tre-assistant � l�EHS de Oued-A�ssi, peut �tre saisi dans ce sens : �A l�h�pital de Oued-A�ssi, on est d�bord�. C�est un h�pital r�gional qui a un taux d�occupation tr�s important qui avoisine les 100%. Il n�arrive pas � prendre en charge toute la demande en mati�re d�hospitalisation des wilayas couvertes (Tizi-Ouzou, Boumerd�s, B�ja�a et Bouira).� L�am�lioration de la couverture psychiatre du territoire, l�une des pr�conisations de l�OMS, est une urgence, selon le m�decin qui regrette l�absence de structures sp�cialis�es en la mati�re � Bouira et B�ja�a. �Une situation qui rend de plus en plus difficile la gestion des urgences psychiatriques au niveau de l�EHS o� se pose parfois le probl�me du manque de places.� De la n�cessit� �de faire parler les morts� Du c�t� des autorit�s sanitaires, il y a comme une tendance � la banalisation inqui�tante d�un ph�nom�ne qui ne cesse de monter en puissance dans la soci�t�. Aucune enqu�te �pid�miologique et sur le terrain fond�e sur une approche clinique n�a �t� �labor�e qui permettrait d�intervenir en amont et en aval dans une optique de pr�vention de ce ph�nom�ne qui ne semble pas focaliser l�int�r�t des services de la Direction de la sant� et de la population de la wilaya. Aux derni�res nouvelles, la commission intersectorielle de wilaya de suivi et de surveillance du ph�nom�ne suicidaire, mise en place en 2005 sur recommandation de l�APW qui s�est r�unie en session sp�ciale autour des maux sociaux en 2005, est mise en veilleuse. Les �lus de l�APW, qui ont �voqu� ce ph�nom�ne dans le cadre de ladite session sp�ciale, ont �t� unanimes � critiquer l�analyse des chiffres pr�sent�s par les services de la Direction de wilaya de la sant� et de la population qui �taient ��loign�s de la r�alit� �. La Gendarmerie nationale, les services de la Protection civile sont les seuls services publics qui disposent d�informations statistiques mais qui demandent � �tre soumises � l�analyse critique des sp�cialistes. Se contenter de la tenue d�une comptabilit� morbide sans se soucier de faire la �tra�abilit� � de chaque cas ne suffit pas. �Mieux comprendre les circonstances d�un suicide et l��tat d�esprit de la victime au moment de son acte pourrait contribuer � la pr�vention du suicide�, estiment les sp�cialistes. D�autant plus que les avanc�es th�rapeutiques actuelles et en vigueur dans certains pays d�velopp�s tendent � �faire parler les morts�, en proc�dant � �une autopsie psychologique�, une technique qui consiste � reconstituer le contexte psychosocial et m�dical entourant le d�c�s d�une personne suicid�e. Cette m�thode, qui est en vigueur dans de nombreux pays comme la France, le Canada, le Royaume-Uni, la Finlande, est un examen en profondeur o� les d�tails de la mort, l�histoire familiale, les conditions de travail, la sant� physique et mentale, d��ventuelles conduites suicidaires ant�rieures, les r�actions des proches� sont analys�s et d�cortiqu�s dans une perspective de mise en place d�un plan de lutte et de pr�vention du suicide. S. A. M. Dr ZIRI DE L�EHS DE OUED-A�SSI : �La mise en place d�un observatoire du suicide est vivement souhait�e� La mise en place d�un observatoire du suicide et des tentatives du suicide au niveau des institutions publiques est n�cessaire, selon le Dr Ziri qui regrette l�insuffisance ou la quasi absence des structures d��coute et de prise en charge psychologique qui aideraient � l�am�lioration de la pr�vention du suicide et des tentatives de suicide. �La fonction de cette structure sera d��tudier et de tenter de comprendre tous les param�tres et les facteurs qui favorisent les conduites suicidaires. Il s�agira de mettre en place un dispositif qui permettra d�intervenir en amont et en aval du ph�nom�ne suicidaire. Le travail ou l�observation consistera � r�pertorier tous les cas de suicide et des tentatives de suicide. Ce qui servira ensuite � �tablir une cartographie nationale du ph�nom�ne. Chose qui n�existe pas encore en Alg�rie, en dehors de quelques �tudes �pid�miologiques � caract�re local et limit�. Le fichier que nous sommes en train d��laborer, qui est d�abord un corpus de base pour un travail de recherche, permettra de faire un �tat des lieux diagnostic sur le plan local mais qui peut �tre utile dans une d�marche th�rapeutique et de pr�vention �. S. A. M. A) Les dangers de l�imitation ou l��effet Werther�(1) Les ph�nom�nes d�imitation sont souvent b�n�fiques et indispensables pour le d�veloppement des individus. Cependant, il arrive que la conduite des autres ait des cons�quences n�fastes sur celui qui les observe. En effet, le sociologue Philips a �tudi� les statistiques relatives aux suicides aux Etats- Unis dans les ann�es 1947 et 1968. Il a d�montr� qu�il existait un lien entre la publicit� faite autour d�une histoire de suicide et le nombre de personnes qui mettaient fin � leur existence peu de temps apr�s la diffusion de ce fait. En effet, dans les deux mois qui suivait la diffusion du suicide d�une personnalit� connue et respect�e du public, on comptait en moyenne 58 suicides de plus que d�ordinaire. C�est ce que l�on appelle �l�effet Werther�. Philips explique ce ph�nom�ne surprenant par le ph�nom�ne d�imitation. Certains individus en mal de vivre d�cideraient que le suicide est, pour eux aussi, une bonne solution. Tout se passe comme si les obstacles personnels ou moraux, qui les emp�chaient de mettre � ex�cution cette issue tragique, �taient alors d�sinhib�s. L�effet Werther a depuis �t� retrouv� et v�rifi�. Cela pose le probl�me de la m�diatisation faite autour des suicides de personnalit�s. La preuve sociale (2) La preuve sociale est une forme de persuasion qui provoque une adh�sion automatique et donc non r�fl�chie de la part des individus. Le principe de la preuve sociale veut que les gens d�terminent le bien-fond� de leur comportement en regardant ce que font les autres. Souvent sans gravit�, il peut, on vient de le voir, avoir des effets pervers. La similarit� est un facteur essentiel dans le comportement d�imitation. En fait, le principe de la preuve sociale fonctionne tr�s bien si deux conditions sont r�unies : lorsque l�on observe le comportement des gens qui nous sont semblables d�une part et lorsque nous nous trouvons dans un �tat d�incertitude d�autre part. B) Impact m�diatique des reportages sur le suicide Le suicide est peut �tre le moyen le plus tragique de terminer sa vie. La majorit� des personnes qui envisagent le suicide sont ambivalentes. Elles ne sont pas s�res de vouloir mourir. Un des nombreux facteurs, pouvant conduire une personne fragile au suicide pourrait �tre la publicit� dans les m�dias � propos de ce ph�nom�ne ; la fa�on dont ces derniers pr�sentent les cas de suicide peut en pr�cipiter d�autres. Une diffusion plus appropri�e de l�information et une prise de conscience du ph�nom�ne sont les �l�ments essentiels pour assurer le succ�s des programmes de pr�vention du suicide. En 1999, l�OMS a lanc� son programme Supre qui est une initiative mondiale de pr�vention du suicide. Cette brochure (cf. r�sum� ci-apr�s) fait partie d�une s�rie de recommandations pr�sent�es dans ledit programme et s�adresse aux groupes professionnels et sociaux sp�cifiques (dont les journalistes) impliqu�s dans la pr�vention du suicide. Indications de l�OMS pour les professionnels des m�dias R�sum� de ce qui �doit �tre fait� et de ce qui �ne doit pas �tre fait� : Ce que l�on doit faire : Donner les informations sur les services d�assistance et les possibilit�s locales de pr�vention. Mettre l�accent sur les indicateurs de risque et les signes d�alerte. Collaborer �troitement avec l�autorit� sanitaire en pr�sentant les faits. Parler du suicide en termes de �suicide accompli� et non de �suicide r�ussi�. Publier uniquement les donn�es appropri�es dans les pages int�rieures. Ce que l�on ne doit pas faire : Ne pas publier de photos ou de lettres de suicid�s. Ne pas donner des d�tails pr�cis sur la m�thode employ�e. Ne pas donner de raisons simplistes. Ne pas glorifier ou faire du sensationnalisme � propos d�un suicide. Ne pas utiliser de st�r�otypes religieux ou culturels. Ne pas r�partir le bl�me. Source : Organisation mondiale de la sant� Source (1 et 2) : in psychologie-sociale.com