L'Algérie connaît une “flambée” suicidaire. Une moyenne de 728 décès est enregistrée chaque année, soit une incidence de 24 cas pour 100 000 habitants. Ces chiffres ont été livrés à l'occasion de la journée d'étude sur le suicide organisée, jeudi dernier, à l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi. “Il y a un mort toute les 12 heures. Le suicide est un problème de société qui interpelle la conscience de tout un chacun”, a indiqué le Dr Boudarène psychiatre. Par wilaya, Tizi-Ouzou vient en tête avec un taux de 13,74%. Dans sa communication sur l'ampleur de ce phénomène en Kabylie, le Dr Ziri, maître-assistant en psychiatrie a fait état de 322 décès entre l'année 2000 et 2004. Pour ce qui est des moyens utilisés, 84,9% des suicidés ont recouru à la pendaison et 4,3% à l'arme à feu. “C'est une importante cause de mortalité prématurée”, admet le conférencier. Il a estimé, par ailleurs “qu'on ne peut établir aucune étude comparative avec d'autres wilayas en l'absence de données”. Avis partagé par Mme F. Z. Sebaâ du CHU d'Oran. “Il n'y a pas de recensement fiable de suicides et de tentatives de suicide à Oran”, déplore-t-elle avant de relever “le manque de communication entre les services médicaux, de médecine légale et les différentes institutions”. Invité du séminaire, un spécialiste français, le Dr G. Ferrey, a rappelé l'ampleur du fléau dans son pays où 11 000 personnes mettent fin à leur vie chaque année. Les tentatives de suicide représentent quant à elles, entre 300 000 et 500 000 cas par an. Se basant sur une étude de l'organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Ferrey a soutenu que le suicide tue plus que les guerres. A. T.