[email protected] Il en est de la guerre comme de la religion : on l�adopte avec passion ou on la repousse avec brutalit�. On ne peut rester indiff�rent quand le bruit de bottes se fait entendre autour de soi. Mais si la religion apaise l��me et offre un refuge pour tous les excit�s et les esprits dubitatifs, si le calme majestueux d�une mosqu�e ou d�une �glise peut apaiser les ardeurs des agit�s, la guerre est un exercice qui exige l�abandon des sentiments et une force brutale � toute �preuve. Ce n�est pas un jeu pour fillettes endimanch�es ! Il y a les guerres immorales dont nous avons v�cu des exemples �difiants au cours des derni�res ann�es, conflits n�ocoloniaux attis�s par l�app�tit toujours pantagru�lique d�un incorrigible imp�rialisme ! Et il y a les autres guerres, celles r�pondant � la guerre, celles qui font germer la r�sistance, s�habillant de l�honneur et se couvrant de dignit� : les guerres moralement acceptables� Quand il faut y aller, il faut y aller ! On ne peut refuser la guerre tout le temps. Lorsque vous �tes agress�, lorsque le danger peut � tout moment vous submerger, et, surtout, lorsque vous �tes dans votre droit, que vous prenez la pr�caution de bien calculer votre coup et d�avoir la b�n�diction de vos voisins et des grandes puissances, lorsque votre mission et vos objectifs sont bien expliqu�s � tout le monde, il faut y aller. Dans la vie des hommes, comme dans celle des nations, il y a des moments o� il ne faut pas reculer� Aujourd�hui, un grand danger terroriste persiste � nos fronti�res et peut �voluer facilement en quelque chose de plus grave, d�impr�visible et peut-�tre d�incontr�lable. Aqmi, d�j� en activit� au nord du pays, est pr�sente en force au Sahel. Le Mujao, nouveau-n� de la terreur islamiste, a pris possession du Nord-Mali et active � quelques kilom�tres de notre fronti�re. Combattre ces factions n�est pas un luxe. Car elles agissent clairement contre les int�r�ts de notre pays. Nous n�avons pas besoin d�une nouvelle politique pour les mettre hors d��tat de nuire : cela fait partie de notre strat�gie antiterroriste. Les harceler, les emp�cher de nuire, les poursuivre aux confins alg�ro-maliens fait partie de nos engagements et de nos objectifs majeurs en mati�re de s�curit� nationale. Agir, y compris en dehors de nos fronti�res, ce n�est pas se compromettre dans un conflit qui nous est �tranger, ni aller forc�ment vers �l�embourbement� et moins encore un pi�ge n�ocolonial. Les voix qui appellent l�Alg�rie � croiser les bras devant les attaques incessantes de ces v�ritables machines de guerre sont en d�calage avec la dure r�alit� qui nous est impos�e. La question cruciale qui se pose aujourd�hui est de savoir comment r�pondre � ces attaques, comment les neutraliser, comment rendre � ces grandes �tendues leur visage pacifique et de zone de coop�ration et de rencontres. Et ce n�est certainement pas en appelant assid�ment � une �solution pacifique� aux contours flous que l�on va r�gler d�finitivement le probl�me. Les derniers d�veloppements du dossier nord-malien font �tat de rencontres secr�tes, � Alger, entre Ansar Dine et des officiers sup�rieurs maliens. Mais, nous dit-on, l�Alg�rie n�encourage ces n�gociations que si les groupes y participant ne sont pas �terroristes�. C�est aussi la position des Am�ricains. Au m�me titre que le mouvement pour l�autonomie de l�Azawad, Ansar Dine est une mouvance politique qui veut avoir son mot � dire dans la construction du nouveau Mali. Ce qui est loin d��tre le cas pour le Mujao et Aqmi. Les laissera-t-on torpiller tous les efforts de paix, torturer et tuer des innocents, d�truire des mausol�es class�s au patrimoine universel et enlever des diplomates ou se d�cidera-t-on � les attaquer de front et � les chasser de ces r�gions o� elles n�ont rien � faire ? Ce sont souvent des non-Maliens qui composent ces groupuscules : d�anciens mercenaires ayant donn� un coup de main � la r�volution libyenne ou pr�t� main-forte aux forces loyales, des terroristes d�p�ch�s du nord de l�Alg�rie, etc. A la faveur de l��clatement de la Libye, ils ont pu se renforcer en puisant dans le formidable arsenal abandonn� aux quatre coins de la Tripolitaine. Qui pour faire le sale boulot ? Si combattre le Mujao et Aqmi au Nord-Mali s�impose comme une n�cessit� in�luctable, alors qui pour accomplir le sale boulot ? L�Alg�rie, fid�le � sa ligne diplomatique, n�acceptera certainement pas que des troupes occidentales ou m�me africaines se d�ploient � quelques kilom�tres de Bord-Badji-Mokhtar ! Alors qui pour aller d�loger ces intrus et redonner � Gao, Tombouctou, Kidal, etc. leur charme s�culaire ? C�est l�Alg�rie qui est interpell�e parce qu�elle est la premi�re � subir les attaques frontales de ces terroristes et parce qu�elle doit le faire en tant que puissance r�gionale impliqu�e dans la guerre locale contre le terrorisme. Lorsque nous �voquons la n�cessit� de concevoir un r�le pour l�Alg�rie dans toute action qui visera � nettoyer le nord du Mali, nous ne pensons pas � une guerre de longue dur�e qui mettra en p�ril nos troupes et fragilisera notre position sur le plan diplomatique. Nous parlons d�actions spontan�es, limit�es dans le temps, extr�mement pr�cises, fond�es sur le renseignement militaire, qui viseront � porter un coup d�cisif aux terroristes du Nord-Mali.(*) Non � la guerre et non au plan n�ocolonial visant � pousser l�Alg�rie dans le bourbier malien. C�est ce que nous entendons ces derniers jours de la bouche d�Alg�riens jaloux pour l�ind�pendance de leur pays et craignant d�in�vitables d�rapages qui d�couleraient d�une implication alg�rienne dans ce conflit. Tout en respectant ce point de vue qui honore ses partisans, nous nous permettrons de rappeler que l�Alg�rie ne va pas � une guerre nouvelle. Elle est d�j� en guerre contre le terrorisme islamiste. Et c�est une guerre qui lui est impos�e. Apr�s Aqmi, c�est le Mujao aux origines douteuses qui nous attaque ouvertement. En frappant � Tamanrasset, puis � Ouargla. En enlevant des humanitaires �trangers pr�s de Tindouf (suivez mon regard !). En d�tenant nos diplomates au Nord-Mali. Et ces mercenaires devaient certainement pr�parer un grand coup lorsque leurs chefs ont �t� arr�t�s � Gharda�a. Vous remarquerez que l�axe de la terreur allait s��largir tout en se rapprochant du Nord (Tam, Ouargla, Gharda�a). Nous avons le devoir d�y aller. Un devoir moral que l�on peut d�celer dans le regard de ces populations touaregs qui font partie du grand peuple berb�re et qui nous observent sans comprendre nos h�sitations. Des voyous sans foi, ni loi, des fous du d�sert sadiques et barbares tuent des innocents, torturent des femmes et des jeunes et imposent la terreur � quelques encablures de nos fronti�res. Ces Touaregs ont appris � compter sur l�Alg�rie, l�amie des temps difficiles. Agir, c�est dire notre espoir de reb�tir un Sahel pacifique et fraternel, loin de l�agitation et de la terreur islamistes, mais aussi loin des plans n�ocoloniaux qui ne visent qu�� exploiter ses richesses et � asservir ses peuples. Lorsque les peuples du Nord Sahel sont en danger, ils savent qu�ils ne peuvent compter ni sur la France, ni sur l�Am�rique� Alors Alg�rie, oublies-tu ton pass� si proche et tes engagements solennels en faveur de l�Afrique, oublies-tu la Transsaharienne et le pipeline qui am�nera les richesses du Nigeria vers la M�diterran�e ? Assumer notre r�le de puissance r�gionale Nous avons le droit d�agir parce que nous sommes attaqu�s par ces forces hostiles qui n�ont explos� ni la gendarmerie de Marseille, ni celle de Doubs. Ils ont agress� Tamanrasset et Ouargla. Les laissera-t-on frapper Laghouat et Djelfa ? Nous avons le droit d�agir parce que c�est la continuit� logique du combat que nous menons contre les forces du mal. Ce n�est pas une �nouveaut� que de tenter d�encercler les terroristes du Mujao ou d�Aqmi, m�me si le terrain de chasse est une terre �trang�re, mais n�anmoins amie. Ce titre, il est �vident que toute action en territoire malien doit avoir l�aval des autorit�s de Bamako. Agir vite et bien, ce n�est pas une op�ration belliciste contre un ou plusieurs voisins, ni une action entrant dans le cadre d�une quelconque strat�gie n�ocoloniale. C�est de la l�gitime d�fense. L�Alg�rie n�est pas un simple canton d�pourvu de moyens de d�fense et ce Mujao a d�pass� toutes les bornes. Se taire encore et accepter sa loi nous met dans la position d�une puissance r�gionale qui refuse d�assumer son r�le. Cette Alg�rie craintive et attentiste n�est pas l�Alg�rie qui a envoy� des troupes au Golan et au Sina�. Ce n�est pas l�Alg�rie qui a combattu le Makhzen � Amgala. M. F. (*) : Il y aura des risques, c�est s�r. Il faut savoir les calculer. Il y aura l��ventuelle perte d�hommes � toujours difficile � supporter � mais aussi la manipulation. Il n�y aura aucune surprise � voir ces terroristes liquider des familles enti�res et incriminer les troupes alg�riennes. Al Jazeera, qui filme d�j� les �prouesses� des islamistes � Gao et Tombouctou, est toute pr�te � �t�moigner�� Mais ce sont des risques in�vitables�