Dix ans apr�s la disparition tragique du journaliste d�El Watan Abdelhai Beliardouh, ses bourreaux comparaissent, enfin, devant le tribunal criminel de T�bessa dans un proc�s marathon qui s�est poursuivi jusqu�� une heure tardive de la nuit d�hier. L�on aurait dit un assassinat par d�l�gation sauf que dans le cas de feu Beliardouh, l�ex�cutant n��tait autre que la victime elle-m�me. Sa�d Guerboussi et ses acolytes n�ont pas fait que pousser Abdelhai au suicide car la mort de l��me l�avait d�j� emport� avant qu�il ne passe � l�acte ultime. Terrass� par �la honte et le sentiment d�indignit� apr�s les s�vices corporels et psychologiques subis dans une maudite cave de friperie que seuls des barons de tous les trafics de la trempe de Guerboussi poss�dent, le journaliste aussi humble que vuln�rable n�avait plus le courage de tra�ner sa silhouette fr�le dans les rues du vieux Thevest, o� tout le monde conna�t tout le monde. Il ne pouvait affronter les regards des membres de sa famille, proches et amis. Comment pouvait-il en �tre autrement alors que ses bourreaux �taient les ma�tres des lieux, eux qui ont sillonn� en toute impunit� le tout T�bessa exhibant tels des pr�dateurs barbares, �le scalpe de leur butin� : Abdelhai Belriadouh. Trois mois jour pour jour apr�s l�exp�dition punitive des Guerboussi pluriels dont-il fut victime, Abdelhai ingurgitera de l�acide pur. Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2002, soit un mois plus tard, un mois entier de souffrances atroces, il rendra l��me � l�h�pital Mustapha-Pacha o� il avait �t� transf�r� dans un �tat lamentable et d�sesp�rant. Dix ans apr�s, Sa�d Guerboussi et ses complices ne sont toujours pas jug�s pour leurs crimes : enl�vement, s�questration, violence� Dix ann�es durant lesquelles �l��ternel� pr�sident de la Chambre de commerce et d�industrie qui glane les mandats comme s��coule la friperie dans sa capitale d�excellence, T�bessa, avait us� de moyens dilatoires qui lui ont permis de reporter sa comparution devant le tribunal criminel jusqu�� hier. Toutes les voies de recours ont �t� �puis�es par ce dernier qui a vu ses pourvois rejet�s l�un apr�s l�autre, notamment devant la Cour supr�me en 2008, 2010 et 2012. Auparavant, �la cour de T�bessa avait confirm� le 7 f�vrier 2005, et ce, malgr� l�appel du parquet et des accus�s, le jugement d�incomp�tence mat�rielle du tribunal correctionnel rendu le 23 mai 2004, du fait que l�affaire rel�ve du tribunal criminel�. L�influence et le pouvoir de l�argent surtout ont particip� � la neutralisation de la proc�dure normale vou�e � une affaire criminelle d�une telle gravit� et qui plus est porte atteinte au-del� de l�int�grit� morale et physique des personnes � l�un des fondements de la d�mocratie et l�Etat de droit : la libert� d�expression. Abdelhai Beliardouh qui doit, m�me � titre posthume, la reconnaissance de tous � son m�tier de journaliste, redoit sa fin tragique � ce m�me job. Mais, son nom qui avait retenti au-del� de nos fronti�re depuis l��clatement de cette affaire un certain 20 juillet 2002 et surtout l��cho de l�annonce de son d�c�s quatre mois apr�s n�ont pas pes� sur l�inertie de l�appareil judiciaire, justement, pour que justice soit faite. Paradoxalement, des centaines, voire des milliers de journalistes continuaient durant la d�cennie �coul�e � d�filer devant les tribunaux ou dans les locaux de la police pour les �d�lits� d��criture. Mais dans l�affaire qui nous concerne, une anomalie de taille est apparue � la veille du proc�s. La disparition du rapport pr�liminaire de police et le P-V d�audition d�un t�moin � charge qui a assist� � l�enl�vement de Beliardouh en tant que pi�ces accablantes ont purement et simplement disparu du dossier. Est-ce � dire que le d�roulement du proc�s est d�ores et d�j� biais� et qu�il ne faille pas s�attendre � un verdict juste ? Les ayants droit de feu Abdelhai Beliardouh et le journal El Watan repr�sent� par son directeur Omar Belhouchet, qui a �t� de toutes les luttes pour faire avancer ce dossier et rendre justice � son journaliste �assassin� et qui s'est constitu� partie civile, auront donc attendu une d�cade pour voir, effectivement, Guerboussi et ses complices au banc des accus�s, ce qui est en soi une premi�re victoire pour le regrett� �Daha�. Nous reviendrons dans notre prochaine �dition sur les p�rip�ties du proc�s.