Le rideau est tombé hier sur la première édition du concours national de la caricature de Béjaïa, un événement premier du genre qui a rassemblé pas moins de 200 œuvres en lice pour différents prix. Ouvert lundi dernier à la maison de la culture de Béjaïa, ce rendez-vous initié par un commissariat installé par le ministère de la Culture a regroupé une cinquantaine d'artistes issus de 23 wilayas du pays. Un record si l'on se fie au manque de considération que les responsables culturels et autres acteurs de la vie artistique ont toujours eu à ce genre d'expression qu'on présente comme " des dessins humoristiques qui chargent certains traits de caractère souvent ridicules ou déplaisants dans la représentation d'un sujet (individu, organisation, pensée…). " Le fait que ce rendez-vous se tient pour la première fois est la preuve de plus qui démontrerait que la caricature, un art par excellence a toujours été à la traîne voire sous estimé comme c'est le cas par exemple pour le court-métrage chez nous, et là encore, cet autre genre a depuis l'an dernier son propre festival qui se déroule depuis déjà deux années dans la ville paradisiaque de Taghit dans la wilya de Béchar. Mieux encore, ce festival est devenu cette année une rencontre internationale avec tout ce que cela comporte comme sens, parce que les membres du jury ainsi que les festivaliers viendront de l'étrangerpour montrer aux côtés des nôtres leurs œuvres respectives. Qu'est ce que la caricature ? C'est d'abord une idée que le caricaturiste concrétise à travers un dessin très critique diffusé souvent dans la presse écrite et qui a une visée sociale, politique, ou autre. Pour un portrait-charge, un caricaturiste rendra plus importants certains traits du visage selon ce qu'il cherche à montrer. Mais la caricature ne déprécie cependant pas de manière obligatoire son sujet, car cela met malgré tout l'être ou l'organisation en avant, ce qui peut se révéler être un avantage si la charge est évidente., Par extension en littérature, il s'agit aussi d'une description qui se veut comique ou satirique par les mêmes moyens : la charge de certains des traits, pouvant aboutir à la parodie voire au simulacre (synonyme de satire). Les 200 œuvres présentées lors de ce concours par des artistes qui sont de parfaits inconnus sur la scène caricaturale, ont été élaborées sous le thème générique et engageant de la violence contre les enfants. Tous les dessins qu'ont présenté ces artistes en herbe sont non seulement inédites, mais aussi dessinées par tous ceux qui sont en quête de reconnaissance ou d'affirmation, selon le commissaire de la manifestation, Ahmed Aïci. Ce dernier a eu à présenter ce travail pour le grand public qui s'était rendu durant trois jours à la maison de la Culture de Béjaïa pour écouter " la sonnette d'alarme lancée par les organisateurs afin de prévenir sur les conséquences des actes de rudoiement à l'endroit de l'enfant." En parallèle à cette manifestation qui s'est déroulée en hommage au billettiste et caricaturiste Said Mekbel , assassiné par des terroristes à Alger en décembre 1994, les organisateurs ont proposé une exposition ouverte du caricaturiste du journal Echourouk, des conférences traitant de plusieurs thèmes parmi lesquels figuraient " l'art et l'enfant ", " la problématique de la caricature " et " rôle de la caricature dans la presse écrite". Cet événement artistiquement encadré par des enseignants des Beaux-Arts d'Alger et Azazga, a donné l'opportunité à quelques uns des amis de Said Mekbel d'évoquer son souvenir et l'oeuvre laissée par lui en la matière. "On va favoriser le langage ludique de la dérision, du rire qui, souvent, est plus percutant que tous les discours sur le sujet ", avait indiqué le commissaire de la manifestation, Ahmed Aïci, pour qui ce rendez vous national est, d'abord, un moment de rencontre artistique ouvert à tous les talents en herbe sachant dessiner ou en quête de reconnaissance. L'objectif premier de ce concours consiste à attirer l'attention sur la réalité de l'enfant maltraité, rudoyé, voire négligé, et ses effets sur le développement psychique et psycho émotionnel de ceux qui la subissent. " Ce que les enfants subissent dans les premières années de leur développement, particulièrement au sein de l'espace familial ou scolaire, influence beaucoup dans la détermination de leurs attitudes face à la violence ", a encore relevé Aïci. Le concours, soumis à l'appréciation d'un jury de professionnels, notamment un maître issu de l'école des beaux-arts et un journaliste caricaturiste, est ouvert au public spécialisé ou non, à la seule condition que les dessins soient inédits. Trois prix, d'une valeur de 30.000, 20.000 et 10.000 DA, ont été prévus pour récompenser les lauréats.