�L�Alg�rie ne peut pr�tendre �tre un pays �mergent.� La sentence, qui fera grincer bien des dents � bien des �chelons, est loin d��maner d�un profane en �conomie ou encore d�un �conomiste en mal d�aura m�diatique mais de Abdelatif Benachenhou. S�r de son constat, il appelle � un large dialogue �conomique et social, quoique, comme il le regrettera, �nous n�avons pas encore d�velopp� de culture du dialogue�. L�ancien ministre des Finances et ex-conseiller �conomique � la pr�sidence de la R�publique, � qui est revenu, hier, l�honneur d�entamer le nouveau forum �conomique mensuel du quotidien El Moudjahid, a eu, deux heures durant, � expliquer son constat. Usant d�un discours p�dagogique truff� d�anecdotes et autre sens de l�humour, le conf�rencier diss�quera le tableau de bord �conomique du pays qui ne plaide, selon lui, aucunement � son classement parmi les pays �mergents comme il a eu, d�ailleurs, � le signifier dans un ouvrage fort � propos. Fort taux de croissance, �conomie diversifi�e et dynamisme dans le monde, consolidation des classes moyennes avec son corollaire le recul de la pauvret�, taux d��pargne important pour l�investissement productif et la formation de la ressource humaine, d�veloppement technologique avec l�accent mis sur les nouveaux proc�d�s et les nouveaux produits, autant de crit�res qu�exige l��mergence et dont le pays ne dispose malheureusement pas. Encore que ce concept est tributaire de deux autres moteurs et non des moindres, la stabilit� de la vision �conomique qui constitue, selon Benachenhou, un obstacle pour tout d�veloppement, et la nature de l�ouverture �conomique. �On ne peut pas changer de politique � chaque fois au risque de perdre notre cr�dibilit� aupr�s de nos partenaires�. Et puis, encha�nera- t-il, �si erreur il y a, c�est avec des actes qu�on y rem�die, pas avec des paroles�. Plaidoyer pour la refonte du syst�me des prix et des subventions Mais atteindre le statut de pays �mergent est une chose et le demeurer le plus longtemps en est une autre. Car ce �privil�ge suppose aussi son lot de risques dont la pression sur les ressources naturelles, la mont�e des cr�ances douteuses, la grogne sociale avec son in�vitable changement de syst�me politique et la course � l�armement entre les nations�. Benachenhou regrette que la protection sociale ait pr�c�d� la croissance. Tout le contraire, selon lui, de ce qui aurait d� pr�valoir pour un pays qui se veut �tre �mergent. Et de lancer dans la foul�e une autre conviction selon laquelle, �la r�alisation de la paix sociale est compatible avec la refonte du syst�me des prix et des subventions�, dont se dit un fervent d�fenseur. Autre certitude de l�ex-conseiller �conomique � la pr�sidence de la R�publique, l�Alg�rie ne peut pr�tendre entrer dans l��re de l�apr�s-p�trole, avec seulement �2% du PIB consacr�s � l�investissement productif au sens propre du terme� et au moment o� le fonds de r�gulation qu�il a lui-m�me mis en place du temps o� il �tait ministre des Finances, annuellement aliment� de 4 milliards de dollars avoisine maintenant les 56 milliards d�euros. Plaidant pour la diversification de la client�le du pays en mati�res d�hydrocarbures, Benachenhou rel�vera la baisse en volume des exportations en mati�re d�hydrocarbures depuis 7 ans. Une baisse palli�e, dira-t-il, par la mont�e des prix. Pour les gaz, la probl�matique est double avec la crise de quantit� et de prix. Et de mettre le doigt sur la r�cession �conomique s�vissant dans le Vieux Continent, autant de facteurs qui dictent l�imp�ratif d�explorer d�autres clients autres que ceux traditionnels, invitant � un d�bat large sur la question. Et s�il a insist� � chaque fois sur l�imp�ratif d�id�es claires, l�ancien ministre des Finances ne s'appesantira pas pour autant sur l�autre exigence, celle de la bonne gouvernance avec des acteurs capables et l�gitimes que le concept suppose. Un aspect politique sur lequel Benchenhou n�a pas voulu s�y engager, �vitant soigneusement de commenter l�actualit� faite de scandales touchant presque les principaux projets engag�s dans le sillage du programme du pr�sident de la R�publique.