Entre licenciés en télécommunication et en biologie, ingénieurs en travaux publics et génie civil, l'élite du Sud du pays semble n'avoir plus pour choix que de s'engager dans les rangs de la police. Le seul corps en mesure, à leurs yeux d'offrir en ces temps de chômage un poste de travail permanent, étant donné que la majorité des autres secteurs en particulier le privé, si jamais ils offrent de l'emploi, c'est plutôt en formule contractuelle. Le Salon de l'emploi de la police qui s'est déroulé entre le 23 et le 25 avril 2013, dans huit wilayas du Sud du pays, en l'occurrence Ouargla, Ghardaïa, Tindouf, Adrar, Béchar, Tamanrasset, Illizi et El Oued, a reçu plus de 50 000 visiteurs. La wilaya de Ouargla a enregistré à elle seule 18 000 visiteurs, dont la plupart ont postulé pour les 2 020 postes d'emplois parmi les 6 180 qu'offre la direction générale de la Sûreté nationale dans le Sud de l'Algérie. Un chiffre qui renvoie à l'évidence que cette région manque cruellement d'évènements, de manifestations et surtout d'initiatives envers la population. Plus encore, l'image de ces universitaires diplomés dans des spécialités qui n'ouvrent pas de perspectives dans les rangs de la police, tel que les ingénieurs en travaux publics et en génie civil, et qui ont quand même déposé leurs candidatures, renseigne sur l'absence de choix. «A défaut de création de postes d'emploi dans les autres secteurs, nous nous rabattons sur le corps de la police, le seul qui depuis mes 28 ans d'existence, est venu avec des postes de travail réels. Bien que ma spécialité universitaire soit incompatible avec les différentes branches de la DGSN, je préfère m'assurer un poste d'emploi permanent plutôt que de passer encore des années au chômage, avant de pouvoir trouver un job en fonction de mes études... », dira Madani, un jeune universitaire au chômage depuis trois ans. Il s'agit là d'un exemple parmi tant d'autres qui appellent à la réflexion. Le cas de Mahmoud, ce jeune diplômé en génie civil, en est un autre : «J'ai 34 ans et je sens que le secteur du privé, surtout celui des sociétés étrangères, a consumé ma vie à petit feu. J'ai travaillé pendant 12 ans en contractuel et souvent sans contrat même. Des sociétés pétrolières nous faisaient travailler dans des conditions difficiles et nous n'étions pas toujours déclarés à la sécurité sociale. Aujourd'hui, je suis dans la trentaine et je ne peux plus me permettre ce mode d'emploi. J'ai besoin d'un travail stable et permanent et pour le moment, il n'y a que la police qui soit venue nous proposer quelque chose de concret. Peut-être que ce corps m'assurera la place qui me convient, car je suis diplomé en génie civil et jusque-là, je n'ai travaillé que comme agent de sécurité... ». L'autre aspect Le manque de choix ou la rareté des évènements dans les régions du Sud, ne justifient pas eux seuls, l'affluence de la population sur le salon de l'emploi de la DGSN. Il y a aussi cette nouvelle approche dans le recrutement, le passage des concours et la gestion des ressources humaines en général. L'autre aspect consiste, à vrai dire, dans le fait que la période de recrutement une fois que le postulant a déposé sa candidature ne dépasse pas les trois mois, alors qu'avant, cela durait jusqu'à 16 mois. Aussi, les candidats ne sont plus contraints de se déplacer jusqu'au Nord pour passer le concours de recrutement. Désormais, chacun postulera dans sa propre wilaya. Ce qui facilitera aux jeunes postulants, qui parcouraient des centaines de kilomètres sans moyens financiers et sans hébergement, se débrouillant chacun à sa manière, pour pouvoir passer le concours. Le lieutenant-colonel, Mohamed Benaïred, directeur de la ressource humaine au niveau de la DGSN, a d'ailleurs fait savoir que d'autres mesures incitatives ont été prises, à l'exemple d'une prime calculée sur le salaire de base allant de 25 à 40%, de même qu'un traitement spécifique a été dédié à l'élément féminin. Selon toujours le DRH de la DGSN, elles occuperont en grand nombre la fonction de police des frontières (PAF), dans les différents aéroports de la région.