De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A l'époque, celle où les Mouloudéens étaient des «chiffoune », la chorale de l'USMA, redoutable, déjà chantait «Douar, douar, ya Guittoune, Mouloudia oualate chiffoune», n'était pas usmiste qui veut, c'était le temps de l'«Uesma». Pour être supporters des Rouge et Noir, il fallait trois conditions nécessaires et suffisantes : aimer le beau jeu, les tirs en pleine équerre, sur la barre, les une-deux, notamment celles de Meziani, Bernaoui, la façon d'opérer du maître, du virtuose, Guittoune, Lakhdar pour les intimes, Si Lakhdar même pour les initiés. Second critère : suivre l'évolution du club, à la veille d'un match important, depuis Soustara, se tenir informé, ne pas se décourager, accepter les coups du sort : suspension de Rachid Debbah à la veille d'une finale contre le Mouloudia alors, qu'en face, il y avait Batrouni et que notre arrièred'aile droite devait le contrer, nonparticipation de Chalabi contre Hamra Annaba, premiers balbutiements du 5-Juillet, pris par la Gendarmerie nationale pour sa propre finale militaire (Chalabi était sous contrat avec ce corps d'élite) et ne jamais s'avouer battu, l'USMA restant l'USMA. Troisième condition, enfin, ne pas changer, rester fidèle aux couleurs, accepter les traversées du désert. L'USMA en a traversé, des déserts... Plusieurs fois reléguée en seconde division, 7 finales perdues. Il aura fallu attendre Sidi-Bel-Abbès, l'inauguration du stade de la ville, la décentralisation des finales et la venue de Omar Batrouni «chez nous». Arrivant du lointain... Mouloudia pour remporter la Coupe d'Algérie. Les Usmistes, pourtant, l'ont voulue, cette coupe dans les années 60, 70 et 80. Un tube de l'époque le prouve : «Que veux-tu, USMA chérie ? La Coupe d'Algérie...» La malchance, les erreurs d'arbitrage (but contre son camp de Hamiti du CRB annulé en finale contre le Chabab, blessure du gardien volant El Okbi, suspensions régulières et injustes du maestro Abderrahmane Meziani, surveillance rapprochée de Bernaoui, l'auteur de plusieurs «mains de Dieu» par les arbitres), ont souvent empêché l'USMA, l'Uesma de triompher. Mais les Rouge et Noir ont un centre de redéploiement unique en son genre, à nul autre pareil, un refuge revigorant, mystique : Soustara, l'étrange et sublime quartier. Proche et frontalier de Bab Ejdid, pas loin de la rampe Louni Arezki, de Djamaâ Lihoud, de Bab El Oued, si Mouloudia, mais si cher, du Cadix... Demain, c'est une autre finale de l'UESMA. Si nous gagnons, c'est la fête, si nous perdons, ça sera la faute, bien sûr, de l'arbitre, des juges de ligne, et du... Mouloudia. Nous ne perdrons pas, parole de supporter usmiste de Bruxelles. A. M. N. B. Douar douar ya Guittoune, Mouloudia oualate chiffoune (excelle dans le beau jeu, excelle dans le beau jeu, le Mouloudia est devenu du chiffon)... Pensée pour Lakhdar Guittoune, ce virtuose du foot, cet intellectuel du spectacle...