Par Kader Bakou Les deux amis sont à la place de la Grande-Poste, considérée depuis toujours comme le centre d'Alger ville. Quelques dizaines de mètres vers l'ouest, et ils arrivent à la rue Larbi-Ben-M'hidi, l'ex-rue d'Isly. «D'ici, on aurait pu voir La Casbah, si ce n'est ces constructions de type colonial sur cette colline-là», fait remarquer le plus jeune des deux. «Ça aurait gâché la vue aux Européens d'Alger, et ça leur aurait rappelé qu'il y avait une ville et des habitants avant leur arrivée ici», répond l'aîné. Les deux amis, l'Algérois et le campagnard, arrivent à l'extrémité de la rue Ben- M'hidi. Ils décident d'aller voir la mer et le port. «Nous sommes maintenant à Bab Azzoun, une des portes de la ville d'Alger, avant 1830», explique l'Algérois. Ici aussi, ils ont l'impression que les Français avaient tout fait pour cacher La Casbah. Arrivés à la place des Martyrs, ils constatent que La Casbah demeure invisible, soigneusement cachée par la ville européenne. Bab-El-Oued complète le siège de la médina, des côtés nord et ouest. Les deux amis décident alors d'aller voir de plus près le plus ancien quartier d'Alger. Mais plusieurs «lignes de défense», telles que la rue de la Lyre, entravent leur progression. Ils découvrent, en outre, que non seulement les Français avaient encerclé La Casbah de tous les côtés, y compris par Bab Djedid au sud, mais qu'ils y avaient également ouvert une grande rue européenne afin de la couper en deux (cette rue européenne, c'est l'ex-rue Randon, aujourd'hui la rue Amara-Ali). Effectivement, les Français avaient voulu cacher cette Casbah qui leur gâchait le décor. Ils ont aussi démoli une bonne partie de la Basse- Casbah afin de faire la jonction entre les quartiers européens de l'est et de l'ouest d'Alger. Aujourd'hui, La Casbah n'est pas pour autant sauvée : «L'ennemi» est à l'intérieur des murs ! K. B.