Situation toujours chaotique dans les structures de santé. En plus de la grève des corps communs et des paramédicaux qui se poursuit, l'Intersyndicale de la santé a reconduit son mouvement de grève. Les rendez-vous sont ajournés et les praticiens qui assurent le service minimum sont dépassés. La tutelle reste sans réaction, se contentant de donner ordre de sanctionner les grévistes. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - C'est le pourrissement dans le secteur de la santé. Les paramédicaux continuaient, hier, d'observer la grève pour la troisième semaine consécutive, les corps communs n'avaient toujours pas repris du service alors que praticiens, spécialistes, psychologues et enseignants du paramédical entamaient un mouvement de protestation de trois jours à l'appel de l'Intersyndicale de la santé regroupant le SNPSP, le SNPSSP, le Snapsy et le syndicat des enseignants en paramédical. Au niveau des structures de santé, c'est le chaos total. Les rendez-vous pour les explorations sont systématiquement reportés, les interventions chirurgicale non urgentes sont ajournées. Seules les urgences sont assurées par un personnel dépassé par l'anarchie ambiante et la pression des malades qui ne comprennent pas toujours les motivations du corps médical. Une situation que les syndicats incombent en premier lieu à la tutelle qui fait la sourde oreille. Le président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) est catégorique. Il affirme que la balle est dans le camp du ministère de la Santé puisque, explique Lounès Gachi, avant même le début du débrayage, le syndicat avait saisi le ministère de la Santé pour clarifier ses revendications. Une démarche qui s'est soldée par une fin de non-recevoir qui laisse perplexe le président du SAP qui rappelle que les paramédicaux ne réclament pas une révision du statut mais une application stricte du contenu de ce denier. Pour le président du SNPSP, l'état d'esprit des praticiens est le même que celui qui les avait animés lors du précédent mouvement de protestation. Ils restent mobilisés face à une tutelle qui, de son côté, tente, par le bais d'une batterie de mesures, de casser le mouvement. Le Dr Merabet n'hésite pas à parler de «véritable conseil de guerre» tenu à Tipasa par le ministre de la Santé. Le président du SNPSP affirme qu'en réunissant les directeurs de la santé, le ministre a donné instruction afin qu'une batterie de mesures répressives soit mise en branle pour sanctionner les grévistes. Les gestionnaires des structures de santé ont été sommés de mettre en application ces directives. Le Dr Merabet dira à ce sujet qu'«il faudra certainement s'attendre à de l'excès de zèle de la part de certains gestionnaires » même si aucune instruction écrite ne leur a été adressée. Mais pas question de céder face aux menaces de ponctions sur salaires. Les praticiens restent mobilisés en dépit de l'entêtement de la tutelle qui a fermé les portes du dialogue. Le département de Ziari n'a effectivement fait aucune offre de dialogue. Le seul syndicat à avoir été reçu est celui des corps communs relevant de l'UGTA. La réunion ne s'est soldée par aucun accord. Les corps communs tout comme le reste des personnels de la santé sont toujours en grève. N. I. Qu'est-ce le service minimum ? La paralysie des structures de santé depuis plusieurs jours déjà et le chaos qui y règne remettent au goût du jour le débat autour du service minimum. Quelle en est la définition ? Comment doit-il être appliqué ? Le service minimum est régi par la loi 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit à la grève. C'est le chapitre 2 réservé à «la limitation du droit de grève». L'article 37 stipule que «lorsque la grève concerne des activités dont l'interruption complète est de nature à porter atteinte à la continuité de services publics essentiels, à des activités économiques vitales, l'approvisionnement de la population ou à la sauvegarde des installations et biens existants, la poursuite des activités indispensables est organisée en la forme d'un service minimum obligatoire ou résultant de négociations ou de conventions ». L'article 38 classe les «services hospitaliers de garde, des urgences et de distribution de médicaments » parmi les secteurs où le service minimum est obligatoire. Ladite loi spécifie clairement dans son article 39 que la mise en œuvre du service minimum doit faire l'objet de consultations entre les représentants des travailleurs et l'employeur. Dans le cas de figure de la grève qui est en cours, le ministère de la Santé n'a provoqué aucune réunion dans ce sens. Ce sont donc les praticiens et les paramédicaux qui se sont organisés en fonction des services dans lesquels ils exercent pour assurer un minimum d'activité. En pratique, l'appréciation des cas est du seul ressort du praticien. C'est en effet lui qui juge de la gravité d'un cas et qui peut décider de la prise en charge immédiate ou de l'ajournement de la prise en charge. Une appréciation souvent mal acceptée par des malades qui, de manière légitime, estiment toujours que leur cas est prioritaire. Le service minimum s'est, toutefois, avéré rapidement inefficace en raison d'une grève qui a duré plusieurs jours et du fait que ce sont pratiquement tous les corps de la santé qui sont en grève.