Des centaines de voyageurs ont été pris de court hier, dans les différents aéroports nationaux et internationaux, suite à une grève déclenchée par le personnel navigant d'Air Algérie, sans aucun préavis. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - Samedi 18 mai 2012. Il est 10h et l'aéroport international d'Alger grouille de voyageurs en attente depuis 5h du matin. Et pour cause, le personnel navigant d'Air Algérie a décidé de débrayer. Une vingtaine de vols sur les lignes nationales et internationales sont bloqués. Il s'agit, entre autres, de départs sur Paris, Montréal, Genève, Londres, Istanbul et Djeddah. Plus de quatre heures sont déjà passées et les voyageurs, qui n'avaient d'autre choix que de patienter, vu que beaucoup sont venus de loin, attendent toujours devant les guichets d'enregistrement des bagages. Des familles entières, parfois avec des enfants en bas âge, attendaient dans d'interminables files d'attente que le personnel navigant reprenne du service. Beaucoup d'interrogations chez les uns et les autres qui ne comprennent pas pourquoi ils n'ont pas été informés de cette grève. «Il s'agit d'une compagnie aérienne et non d'un simple transport de voyageurs routier sur de courts trajets. Nous nous demandons pourquoi rien n'a été communiqué sur cette grève, auquel cas, nous aurions pris nos dispositions. Je suis venu de Bordj Bou-Arréridj avec ma femme et mes trois enfants, dont l'un est âgé de 18 mois, et nous patientons depuis 5h du matin. Ce qui nous fait le plus peur, c'est d'attendre encore longtemps, une épreuve que je ne souhaite pas faire endurer à mes enfants», dira un voyageur rencontré sur les lieux. Il est 11h passées quand deux dames s'adressent à un travailleur d'Air Algérie : «Allons-nous attendre encore longtemps ?» Et à ce dernier de leur répondre : «Je ne peux rien vous dire, nous sommes en grève et ça prendra le temps que ça prendra...» Les deux dames ne se découragent pas pour autant et le relancent : «Mais pourquoi n'avons-nous pas été mis au courant sur cette grève ?» «La grève a été décidée ce matin», leur rétorque-t-il. Des propos qui n'ont pas manqué de susciter des réactions chez d'autres voyageurs qui estiment qu'une telle attitude, voire un tel comportement, «est la preuve tangible d'un manque de considération et de respect à l'égard du citoyen voyageur». Ce qui a, d'ailleurs, poussé un monsieur d'un certain âge à clamer : «Ce n'est pas un comportement responsable. Vous avez droit à des revendications socioprofessionnelles mais à condition que cela se fasse dans les règles de l'art et surtout dans le respect de la loi. Un peu de considération pour vos frères qui sont venus de loin et qui ont des engagements et des rendez-vous importants, voire vitaux pour leur avenir. Vous auriez pu donner un préavis de grève pour que chacun puisse prendre ses dispositions...» Il est presque midi, et le personnel navigant en grève est regroupé devant le terminal des vols spéciaux, celui utilisé notamment pour le Hadj et la Omra. Approchés par un groupe de journalistes, pour s'enquérir des raisons de cet arrêt de travail, les grévistes ont eu une réaction pour le moins inattendue : «Qu'est-ce que ça peut vous faire que nous soyons en grève ou non ? Si vous tenez à le savoir, nous sommes ici pour draguer nos chères collègues les hôtesses de l'air. D'ailleurs, vous avez interrompu notre conversation et nous avons tendance à employer des mots vulgaires. Si vous tenez à rester ici et que cela ne vous dérange pas, nous allons reprendre notre bavardage en usant de notre langage... » Des propos qui n'ont pas laissé quelques journalistes sans réaction. Suite à quoi, un employé du personnel navigant a tenu à une journaliste du quotidien le Temps d'Algérie des propos vulgaires avant qu'un commandant de bord n'ôte sa veste, retrousse ses manches et tente d'agresser physiquement un autre confrère, pour avoir refusé de quitter les lieux. Vers 14h, la chargée de communication d'Air Algérie, Mlle Bertouche, fera savoir, après contact, que la direction, à sa tête le P-dg Mohamed Salah Boultif, a convenu d'un accord commun avec les représentants du personnel navigant. Les vols ont repris en milieu d'après-midi et beaucoup de voyageurs ont juré de ne plus recourir aux services de cette compagnie aérienne. Les revendications du personnel navigant restent inconnues du moment que ce sont les concernés eux-mêmes qui ont refusé de s'exprimer sur la question.