Les tentatives d'éradication des marchés informels n'ont finalement pas eu raison des produits phare du mois du Ramadan. H'chich, dioul, zlabia et «cherbet» sont vendus via des circuits bien rodés qui sont à l'occasion réactivés. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Le ton a été donné quelques jours avant le début du Ramadan. Si les petits vendeurs à la sauvette n'envahissent plus les rues, ils ont réussi à se fondre dans le décor. À l'intérieur des marchés, ils se sont trouvé des petites places et y ont installé leurs tables, proposant les ingrédients rois de la table du Ramadan. Coriandre, persil et menthe étaient les plus prisés en ce premier jour de Ramadan. Sans oublier les fruits secs nécessaires au fameux l'ham lahlou et aussi le frik et autres vermicelles pour lier la chorba. Comme le veut la tradition, les prix ont rapidement été revus à la hausse pour passer du simple au double pour l'ensemble des condiments. Aucun risque de voir la marchandise boudée par les consommateurs. Réflexe pavlovien oblige, ces derniers se ruent sur ce qu'ils considèrent comme les ingrédients indispensables. Même scénario pour les diouls. Vendus le restant de l'année par quelques bouchers, ces derniers se retrouvent sur des petits étals vendus à 60 dinars la douzaine. Comme chaque année, le réseau dormant des femmes les fabriquant est réactivé. Des milliers de femmes constituent des réseaux bien huilés qui approvisionnent les marchés en diouls fabriqués de manière artisanale. Souvent, ce sont leurs propres enfants qui se chargent de les vendre directement. Dans d'autres cas, elles ont recours aux services des épiciers ou des bouchers qui assurent la revente. Une économie informelle naît chaque année de manière occasionnelle permettant à des milliers de foyers de se garantir des revenus aussi irréguliers soient-ils. La filière résiste très bien à l'arrivée en force des diouls industriels qui ont fait depuis plusieurs années une entrée en force sans pour autant réussir à détrôner les diouls faites de manière traditionnelle. Phénomène le plus révélateur de l'arrivée du Ramadan, la vente de la prétendue cherbet. Une boisson fortement colorée, vendue dans des sacs en plastique par des vendeurs à la sauvette ou des épiciers. Tous les appels au boycott de cette boisson, dont ni le processus de fabrication ni l'origine ne sont connus, n'ont eu aucun écho sur le consommateur qui continue de booster une filière juteuse. Et pour cause, il suffit de mélanger eau, colorant et acide citrique et de les conditionner dans des sachets en plastique pour prétendre vendre de la cherbet. La santé, nul ne s'en préoccupe en ce mois transformé en mois de la consommation.