«Algérielle, une pluralité singulière» est le titre de l'exposition de peinture sous verre de l'artiste Farah Laddi. Inaugurée mardi dernier à Alger, au palais Mustapha- Pacha, l'exposition s'étale jusqu'au 28 septembre. Occupant deux salles du Musée public national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie dans la Basse-Casbah, l'exposition, scindée en deux volets, répercute l'angoisse et la colère de l'artiste devant «un patrimoine condamné à tort à l'indifférence ». L'intitulé du premier volet, «Enchanteresses », donne à voir le patrimoine matériel de l'Algérie et invite le regard des visiteurs à apprécier le travail réalisé dans le détail du geste. Les œuvres représentent des sites historiques et des monuments de différentes régions du pays, dans un jet coloré de spontanéité et de lumières. Cédant au lyrisme de l'artiste qui a usé de néologismes intelligents pour titrer ses œuvres, l'exposition propose un retour nostalgique dans le passé, mettant en valeur les lieux dans leur profondeur historique et le riche parcours civilisationnel de l'Algérie. Le deuxième volet, traitant du patrimoine immatériel de l'Algérie, est déroulé en trois thématiques. En première et deuxième partie, intitulées «Callimages», l'artiste passe en revue quelque 120 anciens prénoms féminins et près de 90 anciens prénoms masculins, savamment calligraphiés et enluminés. «Proverbères », la troisième partie, regroupe des calligraphies en tifinagh de vieux proverbes berbères. Ces proverbes sont offerts par des mains en forme de «khamsa» (main mystique), inspirées des tapis berbères. Les toiles sont présentées sur support en verre, superposant, dans des figures inversées, l'étalage des couleurs en dessous de la toile et le travail minutieux des miniatures, audessus. L'artiste appelle cette méthode de travail «la technique sous et sur verre». Farah Laddi est artiste verrier autodidacte, diplômée des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral, en écologie marine (année 1999). Elle a plusieurs expositions à son actif, et a été distinguée, en juin 2010, par le prix d'encouragement Ali-Maâchi.