Parce que l'option de la prolongation du mandat de l'actuel président de la République que l'on mijoterait en haut lieu achèverait, à leurs yeux, le peu de l'Etat de droit qui reste encore indemne, un trio de personnalités nationales propose une initiative politique a contrario des desseins du pouvoir portés à bras-le-corps par ses relais. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) Le trio, constitué d'Ahmed Adimi, colonel à la retraite et enseignant en sciences politiques à l'Université Alger III, Mohand-Arezki Ferrad, ancien député du FFS avant qu'il n'en soit éjecté en compagnie de sept de ses camarades, et l'ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, a, au bout de contacts et de changements de points de vue, adopté un texte qui se veut le fil d'Ariane de leur initiative à proposer à la classe politique et aux personnalités nationales. Et l'ancien ministre de la Communication, qui avait éventé la semaine dernière la velléité du pouvoir de prolonger le mandat présidentiel de deux ans et de faire l'impasse sur l'élection présidentielle prévue en avril prochain, nous déclinait, hier, la philosophie de cette initiative qui vise principalement trois objectifs. En tout premier, alerter l'opinion publique nationale et internationale sur la gravité de la situation actuelle du pays empreinte d'un vide constitutionnel que le trio dénonce avec, argumente Rahabi, l'entourage du Président qui tient les véritables rênes du pouvoir. Ce qui constitue, ajoutera-t-il, une grave menace pour la stabilité du pays, surtout qu'il est actuellement confronté à des tensions extrêmes à nos frontières. Second «pilier» de ce texte fondateur d'un front du refus du fait accompli que le pouvoir veut à tout prix imposer : le respect de l'ordre constitutionnel qui suppose et le rejet de toute «révision de la Constitution» et d'opposition «à une présidence à vie» de Bouteflika et le respect du calendrier électoral qui prévoit une élection présidentielle en avril prochain. Voilà qui doit bien animer une scène politique dominée jusque-là par les voix de ceux qui appellent à un quatrième mandat de suite pour Bouteflika, émanant principalement du FLN et du RND, remaniés, mais aussi du MPA et du TAJ. Et avant même qu'il ne soit rendu public, ledit document susciterait l'intérêt, selon Rahabi, aussi bien auprès des partis politiques que de personnalités, dont Djilali Sofiane, porte-parole de Jjil Jadid, qui affirme avoir adopté l'initiative une fois imprégné de son contenu. Car, pour lui, il ne s'agit pas de tergiverser, l'objectif principal était, dira-t-il, «de parer au plus urgent : barrer la route, d'abord, à la révision de la loi fondamentale et, ensuite, exiger l'organisation de l'élection présidentielle dans les délais, soit en avril prochain».