Un match de coups tactiques dont Carlo Ancelotti est sorti K.-O. : les choix de l'entraîneur Gerardo Martino ont permis au FC Barcelone de remporter samedi le clasico (2-1) pour prendre six points d'avance et un ascendant psychologique sur le Real Madrid dans le championnat d'Espagne. Bien sûr, 10 journées seulement ont été disputées jusqu'ici et ce match au Camp Nou ne dit rien de qui succèdera au Barça au palmarès de la Liga. Mais le Real pourrait avoir pris un coup au moral avec ce deuxième échec au sommet, après celui à domicile fin septembre dans le derby madrilène (0-1) contre l'Atletico, actuel dauphin du Barça. «J'imagine davantage une incidence en terme mental qu'en terme comptable, a fait valoir Martino. Nous n'en sommes qu'à la dixième journée, cela veut dire qu'il reste 70% du championnat à jouer.» Les Catalans l'ont emporté juste au moment où ils semblaient marquer le pas, avec deux nuls consécutifs. A l'inverse, les Madrilènes subissent un revers après deux victoires prometteuses et ont semblé très timorés au début du match, ce qu'a reconnu Ancelotti. «En première période, nous avons été trop préoccupés pour jouer. Mais nous avons fait beaucoup mieux en seconde période», a-t-il résumé. Ramos au milieu, Messi à droite Le pari tactique de l'Italien n'est sans doute pas étranger à ce match mitigé: afin de déstabiliser l'entrejeu du Barça et «d'avoir de l'équilibre au milieu», il avait aligné le défenseur Sergio Ramos en sentinelle avancée devant la charnière Varane-Pepe, un poste inédit pour l'international espagnol. Pourtant, c'est seulement après le remplacement de Ramos (qu'un carton jaune précoce a trop vite freiné) par un milieu de métier, Asier Illarramendi, que le Real a commencé à reprendre du poil de la bête. De son côté, Martino a aussi tenté un petit coup de poker, certes moins détonnant: au lieu des habituels ailiers Alexis Sanchez ou Pedro, il a choisi de titulariser le milieu offensif Cesc Fabregas en attaque aux côtés de Lionel Messi et Neymar. «C'était pour pouvoir trouver un joueur entre les lignes. Le principe était d'alterner la position avec Leo», a-t-il décrypté. Mais, constatant l'embouteillage au milieu de terrain, «Tata» Martino a demandé à Messi de prendre le couloir droit «pour jouer le un contre un sur les ailes». Option qui a permis d'écarter la défense, et les dribbles de Neymar (buteur à la 19'') ont fait le reste, compensant la discrétion inhabituelle de Messi, sevré de ballons à droite. Martino : «Mon influence est minimale» Comme tout allait décidément dans le sens de Martino dans une soirée où le Real a réclamé en vain deux penalties et trouvé la transversale par Karim Benzema, les remplacements de l'Argentin se sont aussi avérés payants: Alexis Sanchez, à peine entré en jeu, a marqué le deuxième but d'une merveille de lob. «Je sais qu'il n'est pas facile d'enchaîner neuf victoires et un nul en Liga, mais il est certain que (mes joueurs) sont capables de le faire. Cela me donne la sensation que mon influence sur l'équipe est encore minimale», a-t-il estimé avec modestie. Pour un entraîneur qui n'avait exercé qu'en Amérique du Sud, le baptême du feu européen semble réussi, surtout face à l'expérimenté Ancelotti. Ce dernier a laissé entendre qu'il ne fallait pas enterrer le Real trop vite : «Bien sûr, nous voulions gagner, mais c'était un bon test, nous nous améliorons, ce match le montre». Deuxième round prévu le week-end des 22 et 23 mars 2014.