Le propos virulent à la limite du populisme, Moussa Touati n'est pas allé par quatre chemins pour, encore une fois, fustiger les tenants du pouvoir en Algérie, en particulier «ceux» en charge de la barre de l'économie nationale, gérée, selon ses dires, par «des traîtres au service de l'ex-régime colonial, l'Etat français, en l'occurrence». Dans un bref discours prononcé hier devant les cadres et militants de la région Est de sa formation, le président du Front national algérien a estimé que l'indépendance de l'Algérie n'est toujours pas entière et ce, tant qu'elle n'est pas souveraine dans ses décisions et choix économiques, politiques et culturels. «Un Etat est indépendant quand il jouit pleinement de sa souveraineté économique, politique et culturelle. Et l'Algérie, en cinquante années d'indépendance, ne l'est toujours pas», dira Moussa Touati qui s'exprimait hier à partir de Constantine. Selon ce dernier, «ceux qui gèrent et planifient la stratégie économique du pays sont des intrus et des étrangers». Enfonçant le clou davantage, le président du FNA désigne clairement la France, laquelle, affirme-t-il, exerce sur l'Etat algérien «un tutorat en matière de décision économique via ses larbins et ses serviteurs en place et leur dicte les choix et la marche à suivre». Aussi, il pense que «le problème de l'Algérie et de son économie est la France qui veut spolier le pain des Algériens». Qualifiant ces derniers de traîtres, Moussa Touati dira que «la trahison, ce n'est pas seulement trahir la confiance dont le peuple vous a gratifié ou encore faciliter l'accès des frontières à l'ennemie. La trahison, a-t-il estimé, c'est également de faciliter et de remettre aux mains de l'étranger le pain et les biens du peuple». Abordant l'actualité politique, le président du FNA, qui ne manque pas de réitérer son appel pour que «le pouvoir soit restitué au peuple», a réclamé, encore une fois, à ce que le bulletin de santé du président de la République, toujours convalescent, soit rendu public. Et de s'interroger, lorsque il s'exprime sur les présidentielles, «si le peuple était prêt pour ce rendez-vous». Un rendez-vous de vitrine tel que voulu par le pouvoir pour plaire au monde et notamment se maintenir en place. «Un pouvoir de l'ombre fait et défait les présidents au mépris de la volonté du peuple», entonnera-t-il. En ce sens, il ne manquera pas au passage de décocher une flèche à l'endroit du nouveau ministre de l'Intérieur Tayeb Belaïz, réclamant la mise en place d'une commission autonome pour l'organisation et la gestion du processus électoral. S'exprimant sur l'affaire du consulat d'Algérie au Maroc pris d'assaut par des extrémistes, Moussa Touati dira que cet «acte était prémédité et pensé par des officines de l'Etat français puisque, selon lui, le Maroc à lui seul n'aurait jamais osé». Aussi, il qualifia le projet de réalisation de tranchée entre l'Algérie et le royaume du Maroc pour mettre un terme à la contrebande d'absurde. «Ce n'est pas en creusant un trou de trois mètres de largeur et de profondeur tout en laissant 100 mètres de notre sol au Makhzen que nous arrêterons le trafic de zetla et de mazout. C'est insensé», lancera-t-il. «Si tu veux sécuriser tes frontières, construits un mur comme ceux que construisent Israël et les Etats-Unis d'Amérique», a-t-il encore martelé.