Le pr�sident palestinien Yasser Arafat d�c�de, jeudi 11 novembre � Paris, � l'�ge de 75 ans dans des circonstances tr�s suspectes et laisse derri�re lui un embryon d'un Etat qui demeure toujours � construire. Mais aussi un h�ritage tr�s lourd � porter. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Au-del� des hommages posthumes surfaits et circonstantiels, l'homme, l'une des personnalit�s les plus marquantes du vingti�me si�cle, doit sa stature � trois actes majeurs qu'il l�gue � son peuple. C'est lui qui, d�s les ann�es soixante, mettra sur pied les deux instruments politique et militaire qui canaliseront, depuis, la lutte du peuple palestinien pour son droit � l'existence et � la libert�. Le mouvement Fatah et l'OLP (l'Organisation pour la lib�ration de la Palestine) cr�� par Yasser Arafat sont, en fait, l'�quivalent du FLN et de l'ALN des Palestiniens. Arafat est � ce titre le pr�curseur de la lutte arm�e contre Isra�l en m�me temps qu'il incarne l'autorit� politique de la Palestine en guerre. Inlassablement men� dans un environnement fortement hostile, de par une traque des plus meurtri�re de l'armada isra�lienne, mais aussi et contrairement � ce que propage la propagande, de pays arabes, ce combat de Arafat permettra sa premi�re victoire � la nation palestinienne. En 1974, Yasser Arafat est re�u officiellement � l'ONU � l'occasion de la session que pr�sidait l'Alg�rie. Un �v�nement qui a valu, tout simplement, "d'acte de naissance" de l'Etat palestinien des temps modernes. C'est du moins ce jour-l� que la communaut� internationale reconnaissait l'existence d'une nation et d'un peuple palestinien qu'incarnent, depuis, l'OLP et son chef charismatique. Ce jour-l�, l'ennemi n�1 du Mossad et du Sin Beth proclamait, du haut de la plus prestigieuse tribune communautaire de l'histoire de l'humanit�, la renaissance d'un Etat, des si�cles durant, mis entre parenth�ses par l'Empire Ottoman, son h�ritier britannique et, depuis 1948, par l'Etat h�breu. "Je suis venu avec un rameau d'olivier et un fusil" lancera de la m�me tribune le p�re fondateur de la Palestine moderne. Et ce sera effectivement un usage alternatif du "fusil" et du "rameau d'olivier" qui caract�risera le restant de la vie de Arafat. A la vie d'exil de clandestinit�, Arafat devait �galement faire constamment face, outre la menace de mort de tous les instants qu'il confrontait dans sa guerre � Isra�l, aux non moins mortels coups "fraternels" du r�gime arabe. En Jordanie, au Liban et en Syrie, les r�fugi�s palestiniens ont souvent subi les pires humiliations et parfois m�me combattus par les r�gimes de Amman, Damas et les milices libanaises. N'emp�che Arafat a su �lever la cause palestinienne au rang d'une noble question de d�colonisation qui mobilise l'ensemble de la communaut� internationale. En 1988, c'est toujours Yasser Arafat qui annoncera au Palais des nations, � Club-des-Pins � Alger, la naissance officielle de "l'Etat de la Palestine". Ennemi mortel d'Isra�l au combat duquel il consacrera toute sa vie, Arafat aura cette grandeur, apanage des seules personnalit�s n�es pour marquer l'histoire, d'oser l'inimaginable : il paraphe � Camp David (aux Etats-Unis) le premier accord dans l'histoire entre l'Etat d'Isra�l et l'Etat palestinien. C'�tait en 1993. Un accord qui relancera l'espoir dans cette r�gion maudite du Moyen-Orient mais, qu'h�las, les int�gristes religieux des deux bords ont fini par faire avorter. Mais de ce pas de g�ant, m�me non accompli tout � fait vers la paix, il en est rest� cet acte p�dagogique que Arafat et Rabin ont l�gu� pour l'ensemble de l'humanit�. Et c'est naturellement que les deux hommes se sont vu d�cerner le prix Nobel de la paix 1993 pour avoir, sinon d�finitivement mis fin � la guerre du moins rendu possible une cohabitation pacifique dans la r�gion. Ce, m�me si les extr�mistes de la droite isra�lienne qui se fait repr�senter par des criminels de guerre au pouvoir et les int�gristes du Hamas et du Hizbollah libanais r�duisent chaque jour davantage la port�e historique de cette grande avanc�e. Le d�funt pr�sident palestinien, qui, de son vivant, �crasait de par sa stature et charisme tous les app�tits vell�itaires de pouvoir de l'ensemble des factions palestiniennes, a r�ussi � laisser un troisi�me h�ritage � son peuple : une �lite assez cons�quente quantitativement et peut-�tre la plus importante qualitativement du monde arabe ! Pour preuve, la succession du "Ra�s" se fait sans heurts majeurs et devra se concr�tiser � l'issue d'une �lection au suffrage universel. Une belle le�on de d�mocratie aux tuteurs riverains d�j� de Damas et du Caire, notamment.