On le connaissait parmi les partisans du président de la République, mais, hier, il a franchi un pas de plus en distinguant le premier magistrat du pays dans une première de l'entité qu'il dirige. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) Lui, c'est Me Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) qui a, ainsi, mis le pied à l'étrier dans ce qui apparaît comme une course à l'allégeance. La manière ? En octroyant à Abdelaziz Bouteflika une distinction à l'occasion du 65e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Une toute première pour la CNCPPDH que son président justifiera par, dira-t-il, des raisons «sérieuses» et «objectives». Dont, selon lui, le fait que le président de la République fut «de tout temps un militant des droits des peuples et des droits de l'homme, une personne qui a fait beaucoup et a consacré sa vie à son pays». Ce qui est, poursuivra-t-il, dans une cérémonie abritée par l'hôtel Hilton d'Alger en présence du secrétaire général de la présidence de la République, Habba El Okbi auquel le prix a été remis, et de représentants du corps diplomatique accrédité à Alger, du vice-président de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, ainsi que des représentants du réseau des défenseurs des droits de l'Homme, «un fait historique» et palpable à travers, dira-t-il, «les nombreux droits sociaux dont notamment l'accès au logement. Me Ksentini citera également les 532 prisonniers qui ont décroché leur bac en 2012 et ont vu leurs peines réduites, ce qui est le fruit des réformes engagées dans le secteur de la justice par le président de la République, ou encore les droits des femmes dont les réformes du code de la famille en 2005 sont «significatives» et tout ce qui a suivi comme représentativité féminine dans les assemblées élues. Mais il y a, ajoutera le président de la CNCPPDH, aussi et surtout, la politique de réconciliation nationale dont Bouteflika est l'auteur et l'artisan. Une option politique qui, selon Me Ksentini, a atteint 95% de ses buts. Autant de profondes réformes politiques qui ont eu pour apothéose, selon lui, l'élection récente de l'Algérie à la commission des droits de l'homme de l'ONU. K. M. Deux événements en «un» Au même moment où se déroulait cette cérémonie de remise du prix par le CNCPPDH au président de la République, une conférence internationale sur les flux migratoires mixtes était programmée au même endroit. Une activité de l'Union européenne de concert avec l'organisation que dirige Me Farouk Ksentini s'étalant sur deux jours (hier et aujourd'hui) et qui a été, de fait, décalée puisqu'ayant démarré dans l'après-midi alors qu'il était question qu'elle débute dans la matinée. Et si Me Ksentini n'a pas trouvé à dire sur ce «double emploi», un participant n'a pas hésité à parler, sur le ton de la dérision et de l'anonymat, d'un «changement de tactique de toute dernière minute». A comprendre que la cérémonie de distinction du président de la République a été «imposée» aux participants à cette conférence internationale de toute première importance.