Bouteflika d�cide de se passer de Ahmed Ouyahia, son chef du gouvernement. Il prend langue avec des ministres pour les informer des grands axes du programme de d�veloppement de son second quinquennat en l'absence de son Premier ministre, rassure certains de ne pas faire partie de la liste des ministres qui seront r�voqu�s, il arbitre � plus d'une fois en faveur de son ministre des Finances en conflit avec le chef de l'ex�cutif concernant la gestion de la finance publique, donne au premier argentier du pays carte blanche d'entreprendre des d�marches n�cessaires pour engager les r�formes m�me en contredisant certaines d�cisions gouvernementales. Des conseillers au palais d'El- Mouradia parlent d'un �ventuel remaniement du gouvernement sans que le premier concern� soit encore mis au parfum dans les d�tails. C'est une foultitude de signes qui traduisent des incoh�rences certaines dans le fonctionnement d'une �quipe. Nadir Benseba- Alger (Le Soir) - Les informations recueillies, ce week-end, aupr�s de quelques ministres font �tat d'une situation des plus tendue au sommet de l'Etat. Les consultations bilat�rales que vient d'engager il y a une semaine de cela le locataire du palais d'El-Mouradia sont loin de correspondre aux premi�res rencontres du genre effectu�es durant l'exercice de l'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, en 2001. Si � cette �poque, Bouteflika a convoqu� ses commis de l'Etat, en pr�sence du chef du gouvernement, pour fixer les orientations multisectorielles, cette fois-ci la nature des discussions est d'un tout autre ordre : �Evaluer l'action de chaque ministre et lui annoncer le cas �ch�ant le sort qui lui est r�serv� en perspective du prochain remaniement minist�riel�, indiquent nos sources. C'est dire que ces consultations traduisent un m�contentement certain du pr�sident concernant le rendement de son ex�cutif. La cadence des r�formes ne suit pas le discours triomphaliste du chef de l'Etat. Ce dernier n'arrive plus � supporter en effet le d�saveu que lui inflige quotidiennement une r�alit� des plus catastrophique : exacerbation des tensions sociales en raison de la mauvaise prise en charge des dol�ances des travailleurs, aggravation du taux de ch�mage, reflux des actions d'investissements et une machine �conomique presque � l'arr�t. Les promesses de construction de 1 million de logements, par exemple, se sont av�r�es un d�fit irr�alisable depuis que l'agence AADL (qui b�n�ficie d'une importante dotation mat�rielle et financi�re) a fait part de son incapacit� de r�aliser tous ses projets dans les d�lais qui lui sont impartis. Le temps urge ainsi pour Bouteflika afin de limiter les d�g�ts et de parer � son discr�dit. Il aborde ainsi son sujet et proc�de par convoquer, mardi dernier, les ministres de l'Enseignement sup�rieur, de l'Education nationale et de la Formation professionnelle. Les entrevues bilat�rales durent des heures. Si Bouteflika a r�it�r� au terme des discussions sa confiance au responsable du d�partement de l'Education concernant les efforts consentis dans la r�forme du syst�me �ducatif, le verdict pour le reste demeure mitig�. Cette d�marche qui s'apparente � un v�ritable audit a �t� entreprise �galement, hier. Le chef de l'Etat, croiton savoir, a �cout� durant la journ�e l'expos� de six autres ministres. Il s'agit entre autres des responsables des d�partements des Travaux publics, de la Jeunesse et des sports, des Ressources en eau, de l'Am�nagement du territoire. Ces entrevues bilat�rales, affirme-t-on, ont �t� interrompues mercredi dernier en raison de la tenue du Conseil de gouvernement. Bouteflika, qui, annon�aiton, risque de reprendre langue avec ses ministres durant la soir�e, a re�u d'autres membres de l'ex�cutif le lendemain. Le rythme de ces entretiens bilat�raux conna�tra une acc�l�ration dans les tout prochains jours pour toucher l'ensemble de l'�quipe d'Ahmed Ouyahia. Car, � partir de l'adoption de la loi de finances, le compte � rebours commencera pour d�signer le nouveau staff gouvernemental. En tout �tat de cause, pour reprendre les dires d'un ministre qui a requis l'anonymat, �personne ne sait qui sera et quand il sera convoqu�. L'artisan de cette op�ration �donne juste le temps � ses interlocuteurs de pr�parer leurs dossiers et de prendre le chemin vers El-Mouradia�. Cette mani�re de mener les affaires du pays n'a pas surpris les observateurs puisque, signale-t-on, �cela est conforme au style de gouvernance du concern�. Car, de l'avis de ces derniers, �le Premier ministre qui, depuis sa d�signation, a agi en v�ritable chef de service, n'assure aucun contr�le sur les importants minist�res de souverainet�. Mais d'autres attribuent au premier magistrat du pays �l'intention de se d�barrasser d'un chef de gouvernement impos� par le fait des rapports de force qui ont surv�cu quelques semaines apr�s les �lections du 8 avril dernier�. A ce moment, rel�ve-ton, �Ouyahia jouissait d'un poids lui permettant de refuser une liste du gouvernement que lui a pr�sent�e le nouveau pr�sident de la R�publique�. �Le temps est ainsi venu au chef de l'Etat de fermer cette parenth�se et de mettre un terme � un gouvernement de compromis et laisser place comme il a toujours souhait� aux technocrates�, pr�cise-t-on.