La formation du gouvernement de Ahmed Ouyahia a tout l'air d'être un accouchement au forceps. L'opinion publique, habituée sous le règne de Bouteflika à connaître les noms des ministres le jour même du changement de l'Exécutif, est restée, cette fois-ci, sur sa faim. Le consensus, même artificiel, d'avril 1999 est davantage fragilisé par le limogeage de Ali Benflis. Conscient de la difficulté et de la complexité de sa mission, le patron du RND a, selon ses proches, décidé de prendre son temps pour se prémunir des surprises du palais Zighoud-Youcef. S'appuyant sur l'article 79 de la Constitution, qui ne fixe pas de délais au Premier ministre pour la formation de son gouvernement, Ahmed Ouyahia entend s'en tenir à l'esprit et à la lettre de cette disposition constitutionnelle. Des consultations on été entamées, affirment des sources proches de la présidence de la République juste après les passations de consignes entre Benflis et Ouyahia. Ce dernier a passé des heures à appeler les ministres, ceux qu'il compte, bien sûr, maintenir dans son cabinet, pour discuter avec eux sur les perspectives immédiates de l'Exécutif. Si concernant la représentation de sa formation le problème ne se pose pas, ce n'est pas le cas pour le FLN. Ce dernier, ne donne pas des signaux positifs et ne semble pas disposé à faciliter la tâche du nouveau Premier ministre. L'actuel chef de l'Exécutif sait que des concessions importantes doivent être faites à la formation de Benflis pour avoir un quitus à l'Assemblée nationale. Cette situation pousserait Ouyahia à ne pas faire de grands chamboulements dans l'organigramme du gouvernement. Plusieurs ministres seront reconduits, d'autres changeront juste de portefeuilles ministériels. Le patron du RND compte, avancent des sources partisanes, opérer un léger lifting sur la composante actuelle à laquelle seront ajoutées certaines personnalités de son entourage dans le parti. Il aura donc à choisir des ministres dans la liste que le FLN lui soumettra et sur lesquels il doit convaincre le chef de l'Etat. Reste les postes “à problèmes” comme ceux de l'Intérieur, des Privatisations et de l'Energie sur lesquels un “consensus général” devra être trouvé, affirme une source informée. Les regards resteront donc braqués sur ce qui sortira des palais. M. A. O.