Abdelatif Benachenhou a fini par craquer. Le ministre des Finances a donc profité de son passage à Tlemcen avec pour mission principale d'expliquer les nouvelles dispositions de la loi de finances 2005 pour fustiger ceux qui l'accusent d'être un mauvais argentier en gardant bien liés les cordons de la bourse. Ses accusateurs, ce sont principalement les ministres des autres secteurs à qui Benachenhou exige de l'ordre et une meilleure organisation pour mieux contrôler où va l'argent public. Pour une première, c'en est vraiment une dans les annales politiques. Jamais auparavant il n'y a eu une telle volée de bois vert d'un ministre des Finances au sujet de la répartition des budgets sectoriels alloués à la faveur de chaque loi de finances. A priori, l'on peut se dire heureux d'entendre un ministre de la République évoquer le peu de transparence dans la gestion des fonds publics. En portant sur la place publique cette divergence autour du processus budgétaire, Abdelatif Benachenhou conforte certaines informations rapportées par la presse et qui font état d'un profond désaccord entre lui et le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. Car, à l'évidence, s'il y a bien quelqu'un qui doit prendre en charge les arguments du ministre des Finances et décider des affectations budgétaires, c'est bien le chef du gouvernement. Il y a dans l'intervention de Benachenhou une inversion de rôle. Et Ouyahia est réduit à un rôle d'observateur, appelé par Benachenhou à arbitrer le conflit qui l'oppose aux autres ministres. Il y a assurément du désordre dans cette affaire qui aurait pu se régler « en famille ». La sortie du ministre des Finances fait porter un rude coup à la solidarité gouvernementale. Elle serait le prélude à d'importants changements au sein du gouvernement. Le véritable arbitre dans ce conflit, c'est bien entendu le président Bouteflika. Et personne ne peut préjuger de ses véritables intentions.