Professeur Bouzid, professeur Bendib, madame Kettab (secrétaire générale de l'association d'aide aux cancéreux El Amel) sont d'accord pour dire que le système de santé national dysfonctionne et qu'il est temps de le réformer. Soit ! Maître Ben Brahim parle, quant à elle, de droit des patients à pouvoir poursuivre les responsables en cas de défaut de soins, de mauvaise ou absence de prise en charge médicale. Soit ! Dans ce cas qui poursuivre ? Le médecin ? Le directeur de l'hôpital ? Le responsable de santé au niveau des wilayas ? Ou alors l'Etat ? Saadia Gacem - Alger (Le Soir) Le 4 février Journée mondiale contre le cancer. A cette occasion, une conférence de presse était organisée hier par l'association d'aide aux personnes atteintes de cancer, El Amel, dans les locaux du quotidien El Moudjahid. L'etat des lieux de la prise en charge des cancéreux n'est pas très glorieux, il est même très alarmant, à tel point que «les personnes atteintes de cancer perdent espoir dès l'annonce de leur maladie et se jugent condamnées d'avance», déclare madame Kettab. Le cancer est une maladie qui se soigne à condition de se donner les moyens. Les professionnels présents lors de cette conférence, comme le professeur Bouzid et le professeur Bendib, relèvent les mêmes manquements et ne cessent d'alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en place de manière effective le plan cancer. Pour le moment, ce plan décidé en 2012, reste de belles paroles, promesses qui n'ont aucune réalité sur le terrain. Un diagnostic avait été effectué afin d'évaluer les manquements pour une bonne prise en charge des personnes atteintes de cancer : manque criant de centre de radiothérapie (2 ans d'attente pour bénéficier de ce traitement), parcours du combattant pour le patient pour se soigner, incidence qui augmente, absence de registre de cancer, manque de radiologue, non remboursement des actes médicaux dans le privé alors que les patients cotisent à la CNAS, «le trésor de la Sécurité sociale, où va-t-il ? C'est l'argent des Algériens», clame le professeur Bendib. Ce diagnostic avait abouti à la création de ce plan cancer, qui devait, entre autres, permettre l'ouverture de centres de radiothérapie notamment à Sétif, Batna, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et Tizi-Ouzou. Cependant, «aucune annonce officielle n'a été faite, aucune personnalité (scientifique ou autre) n'a été chargée de le coordonner, aucun changement dans le fonctionnement n'est intervenu. Les documents présentés par les ministres sont restés lettre morte», déplorent les professionnels. «On sait ce qu'il faut, ce qu'il manque mais comment, par qui et quand, ça personne ne sait», dit le professeur Bendib. Il incombe aux pouvoirs publics de remédier à ce manque. En effet, le système de santé dépend de l'Etat, c'est un système étatique centralisé, seul le ministre concerné et le président de la République, enfin ce qu'il en reste, peuvent débloquer la situation. Toutefois, à 2 mois des présidentielles il semble peu probable que le ministre se penche sur ce dossier.