Samedi après-midi, s'est tenue au Sheraton d'Oran, une rencontre nationale regroupant des dizaines de spécialistes et oncologues algériens, venus de plusieurs wilayas du pays et exerçant dans des centres et établissements hospitaliers. L'objectif de ce rendez-vous des praticiens oncologues était de présenter, sous forme de compte rendu, les dernières nouveautés en matière de prise en charge de tous types de cancer. Ces données scientifiques ont été évaluées lors de l'un des congrès internationaux les plus en vue dans le monde, celui de Chicago organisé par la Société américaine d'oncologie. L'initiateur de la rencontre de samedi dernier à Oran est le professeur Djillali Louafi, doyen des oncologues algériens et chef du service d'oncologie médicale au CHUO. Ayant participé aux travaux du congrès de Chicago avec d'autres confrères, il a jugé utile de rendre compte des nouveautés dans la prise en charge de tous types de cancer afin d'assurer, en quelque sorte, une mise à niveau des oncologues algériens. Alors qu'à l'ouverture des travaux, des intervenants ont signalé que le cancer en Algérie était la première incidence avec annuellement pas mois de 40 000 nouveaux cas, le professeur Louafi, en s'adressant à la presse, livrera un chiffre très inquiétant. En effet, il dira que le chiffre de 40 000 nouveaux cas par an est sous-évalué. «Il y a un réel problème de collecte des données et par rapport à la population algérienne, il faut parler de 200 000 nouveaux cas chaque année.» Un chiffre qui donne froid dans le dos et qui est à mettre en parallèle avec ce que qualifie ce même orateur, de bureaucratie de la santé. «Je l'ai déjà dit à maintes reprise, la santé ne peut être gérée par la bureaucratie, le ministère de la Santé ne se gère pas comme l'agriculture et les pommes de terre, la santé, c'est stratégique. Tous les ministres ont failli, personne n'est comptable», a-t-il dénoncé. Pour comprendre ce coup de colère, le professeur Louafi évoque le programme anti-cancer lancé par le président de la République en 2006 et qui prévoyait la réalisation de 20 centres anti-cancers et de radiothérapie. En 2013, sur ces 20 centres, un seul a vu le jour, c'est celui de Messerghine, près d'Oran et qui est totalement débordé, avec des rendez-vous s'étalant sur des mois d'attente pour les malades. L'intervenant s'interrogera sur les raisons qui font que sur ces 20 centres, 4 seulement sont en cours de réalisation : «Les projets sont à l'indicatif des DDS, pourquoi personne ne demande des comptes aux DDS ?» Cette situation vient faire tristement écho aux appels de détresse des malades, d'autant plus que pour le doyen des oncologues, le problème n'est pas celui des moyens, des ressources humaines mais simplement de la gestion bureaucratique.