Les révélations sur Chakib Khelil, ex-ministre algérien du pétrole pendant plus de 10 ans, continuent leur déferlante. Il y a quelques jours, c'est la presse italienne, relayant les échos du parquet de Milan au sujet des «raisons» qui auraient motivé le représentant du gouvernement algérien à négocier des contrats dans les salons discrets de grands palaces européens avec les dirigeants de l'ENI et Saipem. Que cachaient ces pratiques opaques ? Une chose est sûre, Chakib Khelil et consorts rejetaient toute démarche transparence à même de préserver les deniers publics. A titre d'exemple, revenons sur ce qui s'est passé à Oslo en 2006... Nous y étions. La 3e Conférence plénière de l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives - ITIE - a eu lieu à Oslo (Norvège) les 16 et 17 octobre 2006 : elle avait réuni les représentants de plusieurs dizaines de gouvernements, les grandes compagnies pétrolières et minières, de nombreuses ONG et les institutions financières internationales. ITIE fut lancée en 2002 à l'occasion du Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg. L'ITIE rassemble une coalition internationale de gouvernements, entreprises, organisations de la société civile et investisseurs en vue d'encourager une plus grande transparence dans les paiements et les revenus tirés des ressources naturelles. Les revenus découlant du pétrole, du gaz et des minéraux peuvent transformer les économies, réduire la pauvreté et augmenter le niveau de vie de populations entières dans les pays riches en ressources. Sonatrach était présente aux premières réunions qui ont précédé la rencontre d'Oslo, endossant un statut d'observateur. Puis plus aucune participation depuis 2006, au moment où l'on exigeait des engagements fermes ! Les 3 sièges vides et nominatifs de l'Algérie Pour rappel, lorsqu'un pays met en œuvre l'ITIE, son gouvernement prend l'engagement de renforcer la transparence de ses revenus provenant des ressources naturelles, et ses citoyens prennent l'engagement de demander des comptes au gouvernement quant à sa manière d'utiliser ces revenus. L'Algérie, qui avait été officiellement invitée par le gouvernement norvégien, pays hôte de cette 3e Conférence plénière, et qui avait accepté l'invitation, avait choisi en dernière minute de s'absenter, à la grande surprise de nombre de délégations officielles présentes, et sans même avoir la bienséance de s'en excuser auprès des organisateurs ! Ni le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, ni le ministre des Finances (invité lui aussi), ni le PDG de Sonatrach ne se sont expliqués sur cette volte-face de dernière minute. C'était visiblement le moment choisi par le gouvernement algérien de tourner le dos définitivement à l'ITIE. Terrible image dans cette grande salle du palais des congrès d'Oslo : les 3 sièges vides et nominatifs de l'Algérie, au premier rang (placement des délégations gouvernementales selon un ordre alphabétique) — laissés volontairement en l'état par les organisateurs norvégiens. Cette dérobade officielle et «autorisée» au plus haut niveau de l'Etat était en fait un signe avant-coureur à la fois du refus de toute transparence dans la gestion des industries extractives, et surtout du pillage en règle et autre corruption qui allait marquer le secteur. Nous étions présent à Oslo ce jour-là...