Une centaine de jeunes, se définissant comme de simples citoyens algériens, sans attache partisane et n'appartenant à aucun mouvement, clament-ils, ont organisé une protestation pacifique, jeudi matin, à Boumerdès, au niveau de la placette de la gare ferroviaire, pour dénoncer le quatrième mandat et formuler des exigences d'ordre politiques. «Nous sommes ici parce que nous sommes des jeunes pour la plupart âgés de moins de 25 ans. Nous posons constamment des questions, à nos dirigeants politiques, sur le devenir de notre pays et par conséquent du nôtre. Ces derniers au lieu de donner des réponses claires à nos inquiétudes, nous répriment.» Nous dit l'un d'eux. Ces manifestants, dont une bonne majorité est à inscrire dans l'effectif de la faculté des sciences (Campus sud de l'université M'hamed Bougara) ont, en plus de leur rejet de la candidature de Bouteflika au quatrième mandat, formulé des revendications d'ordre politiques : «Nous exigeons le départ du système comme préalable pour l'édification dans notre pays d'un Etat civil sur la base de valeurs universelles. Nous exigeons l'officialisation de tamazight comme langue nationale et officielle.» Résume pour nous un participant. Pour appuyer leur protestation et leurs revendications, les manifestants qui étaient porteurs de pancartes et de banderoles, ont passé en revue tous les slogans anti vote et anti-pouvoir. «Ulac L'Vote Ulac !» «Lla Oujda, Lla DRS, Djazaïr Hia El Assass !» (Ni Oujda, ni DRS, l'essentiel c'est l'Algérie) «Djazaïr horra democratia !» «Chiyatine, Serrakine wigoulou wataniyine !» (Brosseurs et voleurs et se disent nationalistes). Dans l'une des banderoles on pouvait lire : «Etat policier+corruption=faillite.». «Ahchemou aala rouhkoum. Tab Djenankoum !» (Ayez de la décence, vous êtes séniles). «Bouteflika, Ouyahia Houkouma irhabia !» (Bouteflika, Ouyahia gouvernement terroriste) «Bouteflika dégage !» ont été, en outre, les slogans chantés par ces jeunes. Les manifestants nous ont affirmé qu'ils avaient prévu de marcher en ville avant d'aboutir au siège de la cour de justice. «Les policiers nous ont empêchés.» «Ils ont usé de violence pour nous barrer la route.» Pourquoi le palais de justice ? «C'est pour dire aux magistrats du pays de l'injustice : n'ayez pas peur ! Relevez votre tête ! Défendez votre dignité et celle de vos compatriotes !» Nous sommes arrivés sur le lieu de cette action publique juste après le début de la manifestation. Le groupe de protestataires était cerné par des policiers en tenue qui l'empêchaient d'avancer. Des policiers en civil ainsi que des officiers et des agents du DRS complétaient l'arsenal répressif. Mais durant notre présence sur les lieux nous n'avons enregistré aucun incident notable entre manifestants et policiers. Par contre, un groupuscule de baltaguias, qui hante tous les jours les couloirs de l'APC de Boumerdès et les couloirs de l'administration de la wilaya a tenté de perturber cette manifestation en proférant des menaces contre les manifestants. Les intrus étaient porteurs de posters de Bouteflika. Ils n'ont pas hésité à utiliser un enfant handicapé dans leur besogne. La fillette exhibait le poster de Bouteflika en face des manifestants. L'une des beltaguiates a tenté, par ailleurs, d'agresser la consœur du journal arabophone El Maghreb El Ouassat. Ce qui a donné lieu à une vive protestation des confrères présents sur les lieux.