Incertitudes, rumeurs et attentisme. L'année qui s'achève aura été celle de l'immobilisme au plan politique. La maladie du Président, les incertitudes qui entourent son avenir immédiat, les intentions qui lui sont prêtées en matière de révision de la Constitution ont participé à l'instauration d'un parfait flou artistique qui promet d'être encore de vigueur pour les quelques mois à venir. Nawal Imès - Alger (Le Soir) En avril dernier, soit une année avant l'élection présidentielle, les Algériens, déjà habitués à de très rares apparitions de Bouteflika, apprenaient que ce dernier avait été évacué en urgence en France. Peu propices à communiquer en pareil cas, les proches du Président ont tenté de jouer la carte de la transparence en évoquant un accident vasculaire cérébral. Le médecin de Bouteflika avait été chargé d'alimenter l'opinion publique sur l'état de santé du Président. Il aura été quelque peu bavard les premiers jours avant que les informations sur l'évolution de la maladie ne redeviennent du domaine du tabou. Ni le Premier ministre ni les membres du gouvernement n'étaient en mesure d'avancer une date de retour de Bouteflika. L'absence d'image aura alimenté les plus folles rumeurs. Il aura fallu attendre juin pour que le Président soit filmé à Paris, recevant Sellal et Gaïd Salah. Ce n'était là qu'un épisode d'un long feuilleton qui prendra fin le 16 juillet avec le retour au pays d'un Président convalescent. Le pays sombrait de nouveau dans une léthargie qui aura été caractéristique de l'année qui s'achève. Ce n'est que fin juillet que le Président reprenait l'initiative. Des changements sont alors opérés au sein du DRS. Plusieurs directions auront été remaniées, signe d'un repositionnement dans les plus hautes sphères. L'interlude aura été de courte durée avant que le pays ne replonge dans la paralysie. Partis politiques et société civile auront été totalement tétanisés. Le flou qui a entouré la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat a paralysé une classe politique en attente de signaux pour se positionner, se contentant d'une vie organique moribonde. Le FLN aura fait exception en se distinguant cette année encore par une énième crise interne. De bataille judiciaire en escarmouches, le parti finira par voir Saâdani intronisé à sa tête. Un passage en force de celui qui, tout juste intronisé, adressera ses remerciements au président de la République. Belkhadem s'est aussitôt retrouvé hors compétition. Le FLN pouvait alors assurer le Président de tout son soutien au candidat Bouteflika, non encore déclaré. Le RND aura lui aussi connu un mouvement de redressement qui aura mené au départ d'Ahmed Ouyahia de la tête du parti. Le parti réussira néanmoins à éviter le déballage auquel s'est livré le FLN. Rapidement, le parti aura réussi à contenir la crise. L'année qui s'achève aura été également marquée par une interminable polémique au sujet de la révision de la Constitution. Le timing et la teneur du texte fondamental ont fait l'objet de supputations et de surenchères. Beaucoup de parties avaient prêté au Président l'intention de se tailler un texte à la mesure de ses ambitions. Le poste de vice-président aura alimenté la polémique. Bouteflika souhaiterait le créer pour pouvoir lui déléguer un certain nombre de prérogatives. L'année se termine comme elle a commencé avec autant d'interrogations.