Outre le RCD qui appelle à une marche pacifique pour la journée de demain, mardi 15 avril, de nombreux acteurs et personnalités appellent à une mobilisation accrue, à l'occasion de la commémoration du 34e anniversaire des événements d'avril 1980. Première organisation à avoir lancé un appel à la mobilisation populaire, pour commémorer ces événements, le RCD entend faire coïncider ce rendez-vous commémoratif du 15 avril avec sa campagne active pour le boycott et le rejet des élections présidentielles du 17 avril prochain. C'est le sens que donne à son initiative le RCD, dans une conférence de presse organisée, hier, et animée conjointement par les responsables de son bureau régional, Saâdi Hadibi, Malek Hessas et le maire de Tizi-Ouzou, Ouahab Aït Menguellet. «Un appel est lancé à la population pour une marche le 15 avril 2014 afin de dénoncer l'accaparement du pays par une oligarchie prédatrice qui, après avoir confisqué les richesses nationales, brisé les élites, et détruit l'appareil de production, tente d'humilier les citoyens restés dignes», est-il écrit dans la déclaration liminaire du RCD qui dit inscrire cette initiative dans son action et ses activités habituelles qu'il déploie à travers le territoire national, visant «la mobilisation de la société pour une riposte organisée et salutaire pour notre pays». Dénonçant les dérives politiques et les dépassements constatés lors de la campagne électorale qu'il impute au régime en place, le RCD entend associer les citoyens au rejet de toutes «les pratiques du système qui ont ruiné le pays», en les invitant «à la marche pacifique à Tizi-Ouzou, le mardi 15 avril 2014 à 11h». L'officialisation de la langue amazighe figure parmi les mots d'ordre et objectifs assignés à son action par le RCD. Interrogé si cette marche ne contrevient pas à la loi qui interdit toute action publique entre la fin du délai imparti à la campagne électorale et l'ouverture du scrutin, S. Hadibi, président du bureau régional de ce parti, considère, tout en se disant légaliste, que l'action du 15 avril prochain est un acte de résistance. «C'est le pouvoir qui n'a pas respecté la légalité en empêchant l'opposition de s'exprimer.» Répondant à une interrogation, le maire de Tizi-Ouzou dénoncera l'affichage anarchique qui s'est fait, selon lui, au détriment de l'environnement. Il considère que ces actes nuisibles à l'esthétique urbaine et au cadre de vie sont «prémédités» et politiquement ciblés, visant à nuire à l'APC gérée par le RCD. Par ailleurs, d'anciens militants du MCB et des personnalités politiques bien connues, à l'exemple de Dr Saïd Khellil, Mouloud Lounaouci, l'universitaire Doumane Saïd, Tari Aziz, Baraka Malika, Oulebsir Rachid, Boukhari Saïd, Aït Bachir Ahmed, Chemekh Saïd, Boumedine Hamou, Ounoughène Idir et bien d'autres ont rendu public un texte appelant à la mobilisation populaire et pacifique pour la commémoration des événements du 20 avril prochain. «Nous célébrons, cette année, le 34e anniversaire du printemps amazigh dans un contexte particulier marqué par l'organisation d'une élection présidentielle qui engage le pays dans de grandes incertitudes et menace par les enjeux de pouvoir qui se dessinent de porter atteinte au lien social qui fonde toute communauté politique. Oui, les conditions dans lesquelles sont préparées ces élections ne sont pas de nature à favoriser l'expression de la souveraineté populaire dans un climat libre et serein. La pérennité du système rentier liberticide responsable d'un délitement sans précédent des institutions de l'Etat est sans conteste le seul objectif recherché par les tenants du pouvoir. La Kabylie s'est investie dans le combat identitaire et la lutte pour les libertés démocratiques depuis l'émergence du mouvement national auquel elle a donné ses meilleurs enfants. Mais, cinquante-deux ans après l'indépendance, les questions identitaire, démocratique et nationale restent toujours posées avec acuité et aucun signe d'évolution vers les attentes profondes et légitimes des citoyens ne se dessine à l'horizon», écrivent ces personnalités signataires de ce texte qui appellent «à une présence massive aux marches commémoratives du 20 avril suivies de recueillement à la mémoire des martyrs de la cause amazighe de la crise antiberbère de 1949 jusqu'aux événements sanglants de 2001 en Kabylie. Cet appel se veut rassembleur et en appelle à l'unité des militants de toute la mouvance amazighe. Aussi, nous réaffirmons notre attachement aux valeurs d'Avril 1980, à savoir la reconnaissance de l'identité et de la langue amazighes, le respect des libertés démocratiques. Et portons haut et fort l'exigence de constitutionnaliser tamazight, historiquement première langue de l'Afrique de Nord, comme langue nationale et officielle et de permettre à ses locuteurs de se donner les moyens juridiques et institutionnels (Académie berbère, loi de développement et d'aménagement linguistique...) pour son épanouissement dans le cadre d'un Etat de droit reconnaissant la diversité de la société algérienne», écrivent encore ces militants de la démocratie et de la cause identitaire qui disent «s'élever avec la plus extrême énergie contre l'impunité dont jouissent les responsables des massacres du «Printemps noir» de 2001, nous appelons à l'extrême vigilance pour déjouer les manœuvres d'implication de la Kabylie dans les luttes claniques dans lesquelles elle ne se reconnaît pas. Par cet appel, nous témoignons aussi de notre solidarité avec les Mozabites qui résistent, par le plus grand des sacrifices, afin de préserver leur identité culturelle et religieuse et dénonçons avec la plus grande vigueur toute atteinte, sous quelque forme que ce soit, à la dignité des Amazighs des Aurès. » Rappelons que le texte est paraphé par une quarantaine de personnalités qui se sont réunies à Tighremt, dans la wilaya de Béjaïa, le 11 avril 2014. Des appels sont lancés pour des marches dans la journée du 20 avril à Béjaïa, Bouira et Tizi-Ouzou.