L'Algérie, pays semi-aride, qui peine à mettre en place une politique d'irrigation et d'économie d'eau et par conséquent à augmenter les superficies irrigables, va solliciter l'expertise européenne par le biais des structures de l'UE. L'information nous a été donnée par Zidan Merah, secrétaire général du ministère des Ressources en eau, au cours d'un point de presse qu'il a conjointement animé, à Boumerdès, avec le chef de la délégation de l'Union européenne en Algérie, Marek Skoli. Nous avons tenté d'obtenir une déclaration, à ce sujet, du responsable européen. Mais le SG du ministère des Ressources en eau a tenu à préciser que pour l'heure, ce n'est qu'une demande qui va être formulée. Précisément, les deux visiteurs de la wilaya de Boumerdès, qu'accompagnait Kamel Abbès, wali de la région, ont présidé une cérémonie au sein de la Step (Station d'épuration des eaux usées) de Boumerdès, de remise de diplômes à 18 formateurs sortis du Centre de formation aux métiers de l'assainissement (CFMA). Ces nouveaux diplômés sont des cadres de l'ONA. Leur formation et la modernisation de leur Centre ont été inscrites dans le programme «Eau2 2012-2014» de partenariat entre l'Algérie et l'Union européenne (UE). Pour la réalisation de ce programme, l'UE a dégagé un budget de 40 millions d'euros, complété par la contribution algérienne chiffrée à 10 millions d'euros. Ce programme a, selon le communiqué de la Délégation européenne, trois objectifs : renforcer le cadre stratégique de l'eau et de l'assainissement, promouvoir l'efficacité du secteur de l'assainissement liquide urbain et améliorer la qualité des eaux épurées. Utilisation des eaux épurées : intervention massive de l'Etat Justement, les responsables en visite dans ces lieux ne pouvaient pas échapper à des questions au sujet de la réutilisation des eaux épurées dans le secteur de l'agriculture d'autant plus qu'ils sont en visite dans une wilaya que l'on peut considérer comme pionnière en matière de recyclage des eaux épurées dans l'agriculture. Pour rappel, le fellah El Flici Dahmane a investi, en 2003, des sommes énormes pour récupérer, de la Step de Boumerdès, des eaux épurées avant de les acheminer par un système de pompage sur 5 000 mètres jusqu'à Corso pour irriguer 70 hectares d'arboriculture et de vignoble. L'expérience est une réussite totale et des membres du gouvernement, y compris Sellal du temps où il gérait les ressources en eau, avaient visité la ferme en question. Ils étaient subjugués par la réussite de ce programme. Mais les choses n'ont pas trop bougé depuis. Pour le seul exemple de la wilaya de Boumerdès, qui revendique la double vocation (agricole et touristique), de la production des trois stations (Boumerdès, Thénia et Zemmouri) d'épuration, pas plus de 5% seulement de cette manne sont utilisés. Le reste est déversé dans les oueds ou en mer. De plus, ce n'est pas tous les fellahs qui peuvent consentir des efforts financiers pour récupérer cette eau et l'utiliser. Dès lors, la question se pose d'elle-même : que compte faire le gouvernement pour aider les fellahs à utiliser cette eau ? «Dorénavant, des études seront réalisées autour de chaque projet de station d'épuration. Seront également touchées les stations fonctionnelles. Je vous informe que des investissements seront réalisés pour irriguer avec cette eau 900 hectares à Tlemcen et 6 000 hectares à Oran», dira Zidan Merah, qui n'a pas manqué, par ailleurs, de rappeler que l'ONA gère 96 Step et produira à fin 2014, plus de 850 millions de mètres cubes d'eau épurée. Quand on a voulu titiller le secrétaire général du ministère des Ressources en eau lui disant qu'un pays voisin a plusieurs longueurs d'avance sur notre pays dans le domaine de la réutilisation de ces eaux, il nous a répondu : «Dans ce pays en question, ce sont les multinationales qui ont consenti des investissements et qui gèrent cette eau pour irriguer leurs propres terres. Chez nous, l'expérience est entièrement algérienne.» Ce qui est vrai.