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Initié par l'association didukla N Imezien Imcheddalen à Bouira Rencontre avec Hend Sadi autour de son livre Mouloud Mammeri ou la colline emblématique
Profitant de son séjour en Algérie, l'association Didukla N Ilmezien Imcheddalen a invité le professeur Hend Sadi qui vit en France pour parler de son ouvrage intitulé : Mouloud Mammeri ou la colline emblématique. Dans cet ouvrage ou essai littéraire, cet éminent militant de la cause berbère et professeur de mathématiques à l'université de Paris, qui a réussi son incursion dans la littérature à travers cet ouvrage, retrace, via des documents authentiques qu'il a réussi tout au long de ses recherches à dénicher et à mettre en annexe pour tout lecteur et surtout étudiant qui voudrait approfondir les recherches, toute la polémique qui avait suivi la parution du premier roman de Mouloud Mammeri en 1952 aux éditions Plon. L'ouvrage, qui avait été salué à l'époque comme un grand événement littéraire et qui avait signé, selon les critiques coloniaux, la naissance de la littérature «arabe», cet ouvrage qui a été fort logiquement nominé pour les grands prix littéraires de l'époque, cet ouvrage qui avait reçu également et fort logiquement à Alger le Grand prix des lettres décernés chaque année à un ouvrage hors Hexagone par le jury composé des responsables des journaux coloniaux, n'a pas été du goût de certains «intellectuels» frères, car ceux-là, comme Mostefa Lacheraf, Mohand Chérif Sahli ou encore Ahmed Taled Ibrahimi et Amar Ouzegane, étaient tous sous la fascination du zaïm Messali Hadj qui avait décrété, suite à la crise berbériste de 1949 et l'éviction de tous ceux qui prônaient une Algérie algérienne, que l'Algérie est arabo-islamique et l'identité berbère était totalement reniée ; tout ce beau monde s'est trouvé de l'inspiration et du verbe pour tirer à boulets rouges sur l'ouvrage mais plus que tout sur l'auteur, car la majorité de ces critiques n'avaient pas lu l'ouvrage. Aussi, le mérite du militant et professeur Hend Sadi est de restituer à l'histoire ces moments d'affolement des frères qui, au lieu d'encourager l'auteur dont l'ouvrage était un véritable hymne à l'Algérie algérienne, un roman qui parlait d'une véritable Algérie, l'Algérie qui souffre, qui combat, qui est mobilisée malgré elle durant la Première Guerre mondiale pour défendre un idéal qui n'était pas le sien, le roman qui décrit tout cela est totalement ignoré par ces critiques qui se comptaient parmi ceux que Hend Sadi décrit comme des «intellectuels organiques» car écrivant et critiquant selon une ligne bien tracée de l'arabo-islamisme en utilisant d'ailleurs le canal de la revue des oulémas Le Jeune Musulman. L'ouvrage de Hend Sadi a le mérite de restituer la vérité sur ces moments et même de confondre les contempteurs de Mammeri qui ne s'est jamais d'ailleurs attardé, ni tombé dans le jeu de polémique, par un autre critique inattendu, venu de l'Orient, de l'égypte exactement avec l'éminent Taha Hussein qui avait lu l'ouvrage et qui en a fait une lecture critique d'une quinzaine de pages. Taha Hussein, qui était loin de ces considérations arabo-islamistes qui s'opposaient à la vraie identité algérienne, a lu l'ouvrage et en a écrit tout le bien qu'il pensait, le jugeant de haute facture littéraire au point de signaler le mérite qu'a le roman d'être primé par l'un des prix décernés par la France littéraire. Egalement, Taha Hussein évoque le côté documentaire et même la dissension anticolonialiste que véhicule le roman de Mammeri... Lors de cette rencontre tenue au théâtre Boukrif-Salah de M'chedallah ce jeudi après-midi, le professeur Hend Sadi a fait un bref aperçu sur cet ouvrage, en racontant toutes les péripéties et ces moments de polémique menés par des Algériens, au moment où les critiques coloniaux saluaient le niveau littéraire du roman et se montraient fascinés par le style et le verbe de l'auteur.