De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A Bruxelles, plusieurs manifestations de soutien à la population ghazaouie ont été organisées. D'autres sont prévues demain et durant toute la semaine prochaine. Aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie et un peu partout en Europe, la solidarité s'organise en faveur des souffrances des Palestiniens de Ghaza. Plusieurs actions ont été déclenchées spontanément. Les autorités publiques et celles chargées de la sécurité n'ont pas interdit ces élans populaires. Sauf en France où le ministre de l'Intérieur veut annuler un rassemblement public, légal et pour lequel un préavis a été déposé. Fait rarissime en France, pays traditionnellement peu enclin à prendre des libertés avec l'une... des libertés les plus protégées et les plus précieuses : celle de manifester, un fondement, si ce n'est le fondement de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, de la révolution française et de tout l'héritage républicain et démocratique de la patrie de Jaurès, Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Balzac, Zola, Aragon, Eluard et Picasso. Pourquoi le ministère de l'Intérieur français est-il allé à cette extrémité que, d'ailleurs, la justice risque d'invalider ? Prétextant des incidents devant deux synagogues, œuvre de provocateurs et d'excités, rapidement, maîtrisés, Cazeneuve a jeté le bébé avec l'eau de bain. Ce qui rend suspect son Oukaze. On sait, tous, ici et ailleurs, personne n'est dupe, l'influence énorme des lobbies sionistes sur les appareils décisionnels en France, mais en gros, l'équilibre démocratique formel était respecté, jamais manifestation de soutien aux Palestiniens n'a été interdite. Pas même du temps des guerres dites arabo-israéliennes. Jusqu'à Jacques Chirac, Paris était considéré comme un partenaire juste et crédible dans le traitement de la question palestinienne. Dernier représentant du gaullisme, Chirac tenait à rester dans le sillage de la «politique arabe» de la France. Il est vrai que c'est N. Sarkozy qui lui a succédé. Atlantiste, pro-israélien jusqu'à l'os, piétinant allègrement l'héritage gaulliste et le souci d'indépendance du Général par rapport aux Etats-Unis et à Israël, Sarkozy a fait rentrer dans le rang la France et lui a trouvé un positionnement de force supplétive des USA. On s'attendait, il est vrai, à ce que François Hollande ne continuât pas sur cette ligne pro-israélienne et à ce qu'il revienne vers les fondamentaux de la France d'après la Seconde Guerre mondiale. Il n'en a rien été. Les lobbies pro-israéliens ne sont pas moins actifs au Parti socialiste qu'ailleurs et ils semblent avoir gagné la partie au détriment des droits élémentaires des Palestiniens La ligne Valls, Cazeneuve, Fabius, a le vent en poupe et les pauvres gens de Ghaza ne doivent pas s'attendre à des signaux positifs de Paris. Dommage, pourtant, en France, la société civile, des personnalités qui comptent de droite comme de gauche, des syndicats comme le CGT, le Parti communiste, le Parti et le Front de gauche, des courants au sein du Parti socialiste, une multitude de maires, de conseillers généraux, de députés, de sénateurs et une bonne partie de l'opinion publique refusent de se taire face aux agissements d'Israël à Ghaza. La fetwa Cazeneuve n'y pourra rien. Peut-être même qu'elle mobilisera davantage en faveur des Palestiniens. Ailleurs, en Europe, personne n'a pensé à interdire les élans de sympathie pour une population en danger de mort. Il est vrai que les gouvernements multiplient les déclarations lénifiantes genre : «il faut arrêter le conflit». Alors qu'il s'agit d'une expédition punitive et de massacre de populations civiles.