La nouvelle liste des postulants à l'activité montage automobile continue à alimenter les discussions et à susciter les supputations les plus diverses. A défaut d'une communication officielle, chacun y va de sa version et d'informations puisées auprès de «sources crédibles». On se retrouve ainsi avec une liste révisée et élargie à pas moins de 40 projets d'assemblage de véhicules tous types confondus. D'une première liste où seuls une dizaine d'heureux lauréats avaient réussi à convaincre le Premier ministre par la «consistance» de leurs dossiers, à une seconde mouture affublée de 40 marques, le fossé est abyssal. Si cette information venait à être confirmée, on se situerait alors aux antipodes mêmes des soucis d'économie des devises qui a été pourtant la raison majeure de la refondation du secteur de l'automobile en Algérie et l'arrêt sine die des importations de véhicules. Et pour cause, cela se traduira nécessairement par une révision à la hausse des volumes globaux de production qui étaient déjà pour la première liste de l'ordre de 430 000 véhicules assemblés à terme et par an. L'enveloppe financière affectée à cette activité dépasserait, par voie de conséquence, les 7 milliards de dollars. Autant dire qu'on est bien loin d'une démarche d'optimisation et de rationalisation des dépenses. Cette liste, après validation par le chef du gouvernement, devra impérativement passer par le Conseil national d'investissement (CNI) qui, officiellement, tranchera en définitive sur la viabilité de chaque projet. Un quitus indispensable pour le bénéfice de l'exonération de taxes et de droits de douane ainsi que des avantages fiscaux et parafiscaux. Si parmi les noms des repêchés figurent des marques connues et éprouvées par les clients algériens depuis des années, d'autres, en revanche, semblent effectuer leur baptême dans le secteur. Emergeant pour beaucoup du monde des affaires, ils n'on aucune expérience dans le domaine de l'automobile, qui reste, en tout état de cause, un métier à part entière.Le traitement de ce dossier par les services du ministère de l'Industrie a toujours laissé transparaître un manquement aux règles d'objectivité et de professionnalisme. Il en résultera, rappelons-le, une redistribution inique des marques et le passage à la trappe de la plupart des anciens acteurs du secteur, dont le doyen de l'automobile en Algérie, en l'occurrence le groupe Achaïbou. Son patron a fait, du reste, le buzz ces derniers jours en dénonçant «l'injustice» dont a été victime son groupe de la part de l'ancien ministre, Bouchouareb. Certes, les chances de retour sur la scène de ce groupe, qui a représenté pendant 20 années quelque 7 marques et employé plus de mille personnes, sont minimes, son P-dg a tenu, néanmoins, à user des ultimes recours qui s'offraient encore à lui pour faire entendre son cri de détresse en jetant de véritables pavés dans la mare. Mais tout porte à croire que les responsables qui nous gouvernent sont, depuis longtemps, immunisés contre les attaques les plus acerbes qui leur sont adressées.