"La wilaya de Djelfa vous souhaite la bienvenue". C'est en lettres g�antes suspendues au flanc de la montagne, un peu � la "Hollywood", que la ville accueille ses visiteurs. La d�couvrir avec ses innombrables b�tisses aux couleurs vives est � la fois surprenant et plaisant pour l'œil. C'est l'œuvre de jeunes entrepreneurs et architectes, qui ont voulu donner un nouveau visage � la ville o� modernit� et tradition s'allient avec go�t. Les �tablissements scolaires ont une empreinte architecturale sp�cifique � la r�gion. Le style arabo-musulman est largement repr�sent�. Les arcades, les imposantes entr�es, la couleur verte ont �t� r�serv�es pour les grands �difices publics, concentr�s dans la nouvelle ville de Djelfa, � l'image du nouveau si�ge de la wilaya. Construit sur un terrain � perte de vue, le faste �tait du go�t de l'ancien wali et l'enveloppe d�gag�e pour un projet aussi grandiose �tait plut�t cons�quente. Il avait �galement mis le paquet pour la construction des �tablissements scolaires et universitaires. Celui qui traverse le centre-ville ne peut en aucun cas rater l'imposant lyc�e "Enajah" (r�ussite), un nom qui ne lui sied gu�re quand on sait que le taux d'�checs au bac demeure le plus �lev� � l'�chelle nationale. "En fait, nous sommes class�s derniers dans tous les domaines" n'h�siteront pas � nous confier ses habitants. Mal-�tre, ch�mage, mis�re, des maux, qui dans un pass� r�cent, rappelons le, ont suscit� la col�re des citoyens. La r�volte avait gagn� la rue. Des centaines d'hommes, jeunes et moins jeunes, ont dit "basta" � l'injustice, l'isolement et la discrimination. C�t� cour, c�t� jardin Nous quittons le "centre-ville", l'unique appellation qui d�signe l'agglom�ration. Ici, dans les quartiers qui la composent les plaques grav�es des noms de moudjahidine n'existent pas. "C'est la cons�quence d'un conflit que le minist�re des Moudjahidine n'a pas encore r�gl�. Chaque arch veut que son chahid figure sur les plaques. Les responsables n'ont pas encore tranch�. Un dossier qu'ils doivent prendre avec des pincettes pour ne pas provoquer le courroux des Djelfaouis." C'est l'explication fournie par quelques notables de la ville. Les belles cit�s nous les avons laiss�es derri�re nous � quelques kilom�tres seulement. C'est le c�t� cour qui s'offre � pr�sent � nous. "Dhaya", une immense �tendue aux mille gourbis, coll�s les uns aux autres, abrite plus de 500 familles. Des montagnes d'immondices couvrent une terre boueuse qui n'a jamais connu le bitume. Des enfants, en guenilles, le nez coulant, les mains bleuies par le gel nous accueillent en sautant de joie. "Vous �tes venus pour la d�molition ?" ne cessaient-ils de r�p�ter. Des hommes envelopp�s dans leurs quachabias accroupis � proximit� de leur demeure d�fient les caprices de la nature et s'adonnent � leur passetemps favori : le jeu de dominos. Ni le froid, ni les tas d'ordures n'ont eu raison d'eux. Ils pr�f�rent la rudesse du climat et les odeurs naus�abondes des d�tritus � l'exigu�t� de leur unique chambre glac�e, lugubre presque vide, hormis de vieux tapis r�p�s, quelques matelas, des couvertures et des ustensiles de cuisine. Le gaz co�te trop cher pour laisser leur "tabonna" allum�e jour et nuit. Les femmes et les enfants se tiennent au chaud le temps de la pr�paration des repas. Le soir, lorsque le mercure descend � z�ro, c'est au bois que les familles se r�chauffent. Notre arriv�e a apport� un souffle d'espoir pour ces laiss�s-pour-compte. Hay Dhaya est s�par� en deux par une route. Dhaya 36 et 40. Deux importants bidonvilles n�s au temps de la colonisation. Des num�ros dont l'origine est m�connue des habitants. "C'est ainsi que nos grands-p�res les appelaient, puis nos parents, sans trop chercher � savoir ce que cela signifiait". Les ghettos c�toient des b�timents flambant neufs formant une nouvelle cit�, ce sont les "logements de la discorde". Ils sont la cause des �meutes qui ont secou� ces quartiers il y a de cela six mois. Des taudis qui devaient �tre ras�s dans le cadre de l'op�ration de d�gourbisation pr�vue dans le programme du pr�sident. "Les appartements on les a distribu�s � ceux qui ont des dossiers, ceux qui ont donn� la "tchipa", ce n'est d'ailleurs un secret pour personne, tout le monde le sait", hurlera un p�re de famille, la quarantaine, qui, suite au mouvement de protestation, r�prim� par les forces de l'ordre, a �cop� d'une peine d'emprisonnement. "On nous a jet�s en prison parce qu'on a d�cid� de ne plus . nous taire. De ne plus accepter la hogra. Plusieurs personnes ont �t� arr�t�es, quatre ont pass� 6 mois derri�re les barreaux, dont un enseignant. Nous fondons nos espoirs sur le nouveau wali. Pour l'instant nous ne pouvons pas encore le juger. Mais pour l'heure, nous sommes au m�me point que le mois de juillet. Apr�s les �meutes, les autorit�s nous ont promis qu'en moins de 3 mois, le bidonville dispara�tra mais nous ne voyons rien venir". Si pour beaucoup l'espoir fait vivre, d'autres, les plus jeunes s'entend, n'ont plus go�t � la vie. Ils d�sesp�rent de voir un jour leur vie changer. Pour eux, les scandales p�sent lourd sur la ville de Djelfa. "On est tent� de croire qu'on lui a jet� des mauvais sorts. Rien ne va plus. La fiert� des Ouled-Na�l a disparu, ou du moins on s'en souvient juste pour le folklore. Aujourd'hui, elle se distingue par sa mis�re, sa pauvret� et sa malvie qui font souffrir la majorit� �crasante de sa population". Au milieu de la place principale, des adolescents, des fillettes pas plus haute que trois pommes, charg�s de jerricans, accourent vers le camion citerne. Tel un essaim d'abeilles, ils s'agglutinent autour de l'engin, en se bousculant. Ils ont tout int�r�t � remplir leurs bidons, car le prochain passage de la citerne est dans une semaine, parfois plus. "Et dire que nous avons barr� la route aussi pour revendiquer notre part de ce pr�cieux liquide qui se fait de plus en plus rare. Ici, il n'y a aucun signe visible d'ind�pendance. L'Alg�rie vient de marquer le 51�me anniversaire de la proclamation des droits de l'homme. Nous c'est le droit � la vie qu'on nous a confisqu�". Victimes de la d�perdition scolaire, les enfants sont exclus de l'�cole avant m�me de passer l'examen du BEF. A dix-huit ans, pour acheter leur paquet de cigarettes, les jeunes font appel � leur sens de la d�brouille qui, par la force des choses, s'est consid�rablement aiguis�. C'est au quartier des "Dlalas" au centre-ville, qu'ils vendent tout ce qui leur passe par la main. Du pantalon us� en passant par la vieille quachabia, au portable. Leur r�ve : prendre le large. Convaincus que sans cela ils sont condamn�s � mourir dans le maudit Dhaya, comme leurs grands-p�res, leurs p�res, sans que rien ne change. Vous reviendrez dans dix ans et ce sera pire encore", l�chent-ils. Ils se r�veillent tous les matins en regardant les b�tisses qui leur font face. N'est-ce pas l� une provocation ? Ces immeubles ont remplac� les quelques gourbis que l'Etat a d�molis en 2002 pour la construction d'une �cole. Ils en ont distribu� une vingtaine environ, le reste a �t� destin� aux petits copains. Il faut tout de m�me r�tablir quelques v�rit�s. Certains b�n�ficiaires qui logeaient dans les gourbis en ont fait un fonds de commerce, ils les ont vendus et ont vite �rig� des baraques en parpaing pour ensuite s'inscrire sur une autre liste. D'autres ont m�me divorc� d'avec leurs �pouses pour en rafler encore. C'est pourquoi la solution d�finitive est de raser le centre afin que personne ne puisse y reconstruire". La cit� des Jardins, Hay El Wiam sont les nouveaux sites de 500 logements situ�s dans la nouvelle ville, r�serv�s au recasement de cette frange de la population. Apr�s les manifestations, berc�s par des illusions, ils �taient m�me autoris�s par les autorit�s locales � visiter leurs futurs appartements. "De la poudre aux yeux", nous expliquera un repr�sentant du comit� de quartier. "La mis�re nous a unis. Ne diton pas que l'union fait la force ?" Pour la bonne cause, ils se sont organis�s pour que leurs voix soient port�es aux plus hautes instances du pays. "Nous avons constitu� des dossiers pour chaque famille, nous avons formul� nos dol�ances et demand� audience au nouveau wali, qui faut-il le pr�ciser, a visit� les deux quartiers d�s son installation, sans que nous puissions l'approcher. Il �tait au fait des �v�nements de juillet, il a promis de s'occuper de Hay Dhaya. Nous attendons pour notre part qu'il r�ponde � notre demande". Ce volontaire, qui se d�m�ne comme un forcen�, n'est autre que l'�picier du coin. Il a ferm� sa boutique pour rester � notre disposition, afin de nous fournir toutes les informations sur cette partie exclue de la ville. Un dossier volumineux dans lequel il pioche en sortant des pi�ces ma�tresses qui lui servent de preuve. L'œil vif, le ton grave, il n'h�sitera pas � les arborer pour appuyer ses dires. Il lira de sa voix la plus solennelle les dizaines de demandes qu'il a adress�es aux responsables locaux leur d�crivant avec force d�tails les conditions d�plorables dans lesquelles vit la population. "Aujourd'hui, personne ne peut dire que nous violons la loi, nos revendications nous les exprimons cette fois par �crit, d'une mani�re pacifique, dans le grand respect des textes. Maintenant, nos gouvernants n'ont pas le droit de faire la sourde oreille. Nous pers�v�rons jusqu'� ce que nos revendications soient satisfaites". Rassur� d'avoir accompli sa mission, celle de transmettre son message � qui de droit, il prendra cong� de nous. "A pr�sent, excusez-moi, je dois ouvrir l'�picerie, c'est ce r�duit de 5m2 qui fait vivre ma famille." R. S. LA DEPERDITION SCOLAIRE Un mal qui ronge la r�gion A la cit� A�ssa-Ka�d, � quelques m�tres de Hay- Dhaya, le d�cor est moins agressif et la mis�re moins visible. Des maisons en dur, aux espaces plus grands, aux sols rev�tus remplacent les sinistres taudis. Ici, dans la mansarde qu'il a achet�e, le ma�tre d'�cole, suivant ses moyens, l'a am�nag�e. "Vu mon statut, je ne pouvais vivre dans une maison d�pourvue de canalisations d'eaux us�es, de carrelage. Avec mes maigres �conomies j'essaye de la rendre plus vivable ". En effet, notre enseignant a pu construire une grande cour, par o� l'on acc�de � trois chambres. Ici, l'eau coule dans les robinets, mais le chauffage demeure une denr�e rare et le gaz de ville inexistant. Vu les faibles revenus du ma�tre, il se contentera du stricte minimum, deux canap�s, une table basse, une vieille armoire o� sont dispos�s quelques ouvrages, sont les seuls �l�ments de d�cor de la pi�ce. A l'int�rieur, le froid est insupportable. Mouloud est professeur d'arabe. L'enseignement est sa passion, une profession qu'il exerce depuis 23 ans. C'est � lui que les habitants de la cit� ont confi� la pr�sidence du comit� de quartier. Un homme de lettres, avec ses connaissances, est tout indiqu� pour �tre leur porte-parole. C'est non sans d�pit qu'il aborde les probl�mes li�s � son m�tier. A l'�cole Esa�la qui compte plus de 500 �l�ves o� les moyens mat�riels et humains font d�faut, transmettre le savoir � une population en proie au d�nuement n'est pas une mince affaire. Le surpeuplement dans les classes, le manque d'enseignants, l'inexistence de sp�cialistes dans les mati�res sont autant de facteurs qui ne facilitent gu�re leur lourde charge. "Nous avons des classes de 43, voire 50 �l�ves, de plus, c'est le m�me professeur qui enseigne toutes les mati�res. De l'arabe il passe au fran�ais, aux sciences en passant par la technologie, jusqu'aux math�matiques et l'histoire-g�ographie . Malgr� toute sa bonne volont�, il ne peut s'attendre � des exploits. D'autant que les �l�ves qu'il a en face de lui viennent de milieux d�favoris�s. Ce sont des �l�ves qui mangent, dorment mal et ont d'�normes difficult�s � se concentrer. Sans compter le fait qu'ils ne poss�dent pas toutes les fournitures scolaires, qu'on leur exige. Souvent les �l�ves arrivent en classe sans cahiers, ou livres. En fait, sur 43 �l�ves, une dizaine seulement suit avec attention les cours et la majorit� sont des filles. La d�perdition scolaire commence d�j� au primaire : beaucoup n'arrivent pas au BEF. Rares sont ceux qui d�crochent le bac. Les difficult�s nous les rencontrons avec les enfants qui d�veloppent une crise d'adolescence, l'influence du milieu dans lequel ils vivent les d�courage � pers�v�rer. Pour eux, les �tudes ne m�nent � rien, puisque bon nombre de dipl�m�s qu'ils voient autour d'eux sont de potentiels ch�meurs, ils pr�f�rent quitter l'�cole, voler de leurs propres ailes et fr�quenter l'�cole de la "d�brouillardise". En ce qui me concerne, pas plus de dix �l�ves ont pass� leur examen de baccalaur�at avec succ�s et ont fait des �tudes sup�rieures. Je me souviens de l'un d'entre eux que j'ai corrig� injustement et qui s'est av�r� un excellent �l�ve. Il est ing�nieur, il est revenu me voir, en me remerciant de la correction. "C'est cette gifle qui m'a donn� une volont� de fer pour pousser mes �tudes". Sa r�ussite fut une fiert� pour moi. En revanche, nous souffrons d'une frustration terrible devant les �checs scolaires. Les facteurs sont multiples, parmi eux, la s�v�rit� dans les corrections aux �preuves, mais jusqu'� pr�sent, aucune �tude n'a �t� effectu�e pour d�terminer d'une mani�re scientifique les v�ritables causes. Toutefois, lors de la derni�re visite du ministre de l'Education nationale, ce fl�au a �t� soulev� par le premier responsable du d�partement. C'est une �nigme d'autant que les infrastructures �ducatives existent, et en m�me temps les classes souffrent de surcharge. Le ministre a d'ailleurs d�cid� d'installer une commission scientifique pour se pencher sur ce ph�nom�ne." Malgr� ses menues rentr�es d'argent, Mouloud, comme le reste de ses voisins, n'a pas perdu le sens de l'hospitalit� cher aux habitants de Djelfa. Nous ne quittons pas sa modeste demeure avant de boire un caf� fumant et de d�guster de d�licieuses cr�pes traditionnelles chaudes que la ma�tresse de maison, cach�e dans sa cuisine, nous a pr�par�es. R. S. Sidi-La�djal, le d�sespoir des laiss�s-pour-compte Au nord de Djelfa, � 150 bornes du chef-lieu de wilaya, Sidi-La�djal avec ses 15 000 habitants est sorti de l'anonymat en juillet dernier lorsque les citoyens ont d�cid� de se r�volter contre les conditions de vie d�plorables dans lesquelles ils se d�battent. Dans ce quartier, o� vivent pr�s de 400 familles, le gaz, l'eau sont des "denr�es rares" ; ce sont les principales revendications que les citoyens ont exprim�es en investissant la rue. Les routes n'ont pas �t� goudronn�es depuis 1962. En effet, il faut retrousser les pantalons et se munir de godasses pour ne pas s'enfoncer dans la gadoue. Slimane, la trentaine bien entam�e mais qui en para�t beaucoup plus, nous guide vers sa demeure. Une pi�ce vide. Son �pouse, assise sur une �toffe en lambeaux, tient un b�b� dans ses bras et se chauffe aupr�s du feu d'une tabouna. L'odeur du renferm�, m�lang�e au feu de bois, qu'ils ont br�l� la nuit pour se r�chauffer, vous prend � la gorge. Slimane a cinq enfants. Son dernier, un bout de chou, tente d'introduire la bouteille de gaz trop lourde pour ses fr�les �paules � l'int�rieur de la maison. "C'est une corv�e qui lui incombe au moins une fois tous les quinze jours. Quand les nuits sont glaciales et qu'il neige, la tabouna ne r�siste pas plus d'une semaine." Slimane, cet homme maigre et longiligne, assure le pain quotidien en bricolant "nekreche", c'est le cas de la majeure partie des habitants du Hay, qui ne croient plus en rien. "Nous avons manifest� pour demander nos droits pour que les maisons construites sur le lit d'oued soient d�molies car ce sont elles qui font barrage � oued Bel-Hadra et Fa�dh El- Botma lorsqu'ils sont en crue. C'est un v�ritable d�sastre lorsque ses eaux en furie envahissent les maisons. C'est un grand danger pour la population. Il y a � peine quelques mois l'eau a inond� la plupart des habitations. Ici, nous avons tous l'impression que nous ne faisons pas partie de Djelfa. Notre seul espoir aujourd'hui, c'est le nouveau wali. Pour l'heure, nous n'avons encore rien vu arriver ; mais une chose est s�re, depuis les manifestations et malgr� les promesses des autorit�s locales, aucun changement n'a eu lieu." Selmana, Hay- Dhaya, Sidi-La�djal, des lieux o� la mis�re se conjugue au quotidien, l'espoir de restituer le droit � une vie d�cente s'amenuise chaque jour un peu plus. Des paroles, ils en sont abreuv�s tous les jours. Aujourd'hui, ce sont des faits qu'ils r�clament. R. S.
Oum El-Grad, le village oubli� Quelques maisons en toub, flanqu�es sur le pied de la montagne, une �cole compos�e de deux classes construites en 1972 accueillant 50 �l�ves. Deux ma�tres se partagent la salle de cours pour assurer en m�me temps les mati�res des trois paliers, les �l�ves de la 2e ann�e font face au tableau, ceux de la 3e lui donnent le dos. Et c'est dans une cacophonie sans pareille que les enseignants dispensent les cours. Ici aussi la polyvalence est de mise. Le directeur d�sesp�r� ne sait plus � quel saint se vouer. �Les moyens sont d�risoires certains �l�ves n'ach�vent pas leur ann�e, car leurs habitations sont situ�es � pas moins de 3 km de l'�cole. En hiver, quand le froid est insupportable et la route, que dis-je, la piste est impraticable, le trajet est encore plus long, et les enfants demeurent emprisonn�s chez eux. Ce lieudit semble oubli� des autorit�s. Le nouveau wali, apr�s sa nomination, a fait une vir�e chez nous. Il a diligent� une �quipe pour enqu�ter sur tous les probl�mes dont souffrent les habitants. Notamment l'abus d'autorit� exerc� par le pr�sident d'APC. Nous attendons les r�sultats en esp�rant que cette fois Oum-El-Grad et les villages avoisinants sortiront de l'anonymat et de la torpeur qui p�se sur eux depuis des d�cennies R. S.
Selmana ou la dictature d'un commis de l'Etat C'est � 150 km au sud de Djelfa que se trouve Selmana, une r�gion qui englobe quatre communes. Le passage par Messa�d, la capitale des Ouled-Na�l, entour� de l'imposant djebel Boukhil, est in�vitable. Selmana est tristement connue par son pr�sident d'APC. �Un sherif qui fait sa propre loi�, nous confie Belkacem, un �lu FLN qui s'est retir� de l'ex�cutif. �Le pr�sident d'APC est le chef supr�me, il n'en fait qu'� sa t�te et ne travaille qu'avec ceux qui �pousent ses id�es. Un dictateur par excellence.� Selmana est compos�e de quatre villages : Oum-El- Grad, El-Bordj, Ezaouia et El-Gahra, tous les �lus et les habitants du village sont unanimes � dire que le pr�sident d'APC, un sexag�naire, ne s'int�resse qu'� son village natal El-Gahra. �Ici, les �coles ont tous les moyens, les maisons poussent comme des champignons. Le maire a d�pass� les limites jusqu'� proposer aux habitants d'autres villages de quitter les lieux pour s'installer � El-Gahra. Il y a une disparit� flagrante et une injustice sans pareille.� Ce maire vraisemblablement a la peau dure. Pour cause il n'est pas � son premier mandat. �Les �lections ont �t� truqu�es, ici tout le monde le sait. Il est ind�tr�nable, nous avons fait des sit-in, l'APC a �t� ferm�e � deux reprises, la majorit� des �lus lui a retir� sa confiance mais rien n'y fait�. A Messa�d, l'affaire de la spoliation des terres est sur toutes les l�vres. La famille Baya Bentoumi en a fait les frais, affirme-t-elle. Une terre qui appartient aux anc�tres depuis 1800. �Nous avons intent� une action en justice contre le maire pour avoir vol� nos terres. Deux grandes �tendues l'une de 40 ha, l'autre de 52, il a coup� huit arbres, presque centenaires. Il a mont� un sc�nario contre mon fr�re, l'a jet� en prison, pour s'en d�barrasser, et profiter de notre faiblesse", raconte sa sœur, qui frappe � toutes les portes pour que justice soit faite. �Le nouveau wali a �t� mis au courant de cette affaire, il a diligent� une �quipe charg�e d'enqu�ter sur la situation de cette r�gion. Nous souffrons d'un abus de pouvoir. Aujourd'hui, mon fr�re est en prison, depuis 6 mois, c'est moi qui ai pris le flambeau. Je m�nerai le combat jusqu'� ce que les terres de nos anc�tres nous soient rendues. J'ai formul� une demande d'audience aupr�s du chef de cabinet. J'attends une r�ponse incessamment.�