Steven Gerrard, l'icône de Liverpool, a annoncé hier qu'il quitterait à la fin de la saison les Reds qu'il a menés aux plus hautes récompenses, hormis le titre de champion d'Angleterre, cruel manque au formidable palmarès de ce géant du football anglais. Perché au sommet d'une tour, même le Liverbird, l'oiseau mythique emblème de la ville, n'avait pas vu le coup venir. «Stevie G», comme le surnomment affectueusement les fans des Reds, a décidé de partir en juin prochain alors que son contrat avec le club de la Mersey prendra fin. «Ça a été la décision la plus difficile de ma vie», a indiqué dans un communiqué le milieu de terrain anglais qui a passé seize saisons, soit toute sa carrière professionnelle, à Liverpool. Ancien capitaine de l'Angleterre (114 sélections jusqu'à sa retraite internationale après le Mondial-2014), arrivé à l'âge de neuf ans chez les «Reds», Gerrard a ajouté qu'il avait l'intention «de continuer à jouer» sans préciser où. «Ce ne sera pas un club concurrent et je ne jouerai pas contre Liverpool, je ne peux pas l'envisager», a simplement indiqué celui qui aura alors 35 ans. Il ne pouvait en être autrement pour Gerrard, l'âme et le souffle du Liverpool des années 2000, un des rares joueurs de football de l'époque moderne à n'avoir pas changé de boutique en cours de carrière. Glissade fatale pour le titre De fait, Gerrard, ce «Scouser» pure souche, natif de Whiston dans la banlieue est de la ville, représente bien plus que son seul club. Il symbolise à lui seul sa ville, Liverpool, jadis grande cité prospère du nord de l'Angleterre, décimée par le déclin industriel dans les années 70 et qui retrouve peu à peu sa gloire d'antan. Lancé par Gérard Houllier dans le grand bain à 18 ans en novembre 1998, Gerrard a, depuis, disputé près de 500 matches de Premier League et 129 de Coupe d'Europe. Dans la ville qui a vu grandir les Beatles, Gerrard a longtemps fait croire, par son talent, que le titre de champion qui échappe au club depuis 1990 pouvait redevenir un tube à la mode. Vainqueur de la Ligue des Champions en 2005, au terme d'une finale ahurissante face au Milan AC, de la Coupe de l'UEFA en 2001, ainsi que des Coupes d'Angleterre (2001 et 2006) et de la Ligue (2001, 2003 et 2012), Gerrard a également soulevé deux Supercoupes d'Europe (2001 et 2005). Sa qualité de passe longue phénoménale, son engagement sans faille et ses qualités de buteur (180 buts en club, 21 en sélection) l'ont propulsé au rang des meilleurs milieux de terrain du monde (3e au Ballon d'or 2005). Au point que les sirènes des plus grands clubs ont souvent résonné à ses oreilles avant que Gerrard ne réaffirme à chaque fois son attachement à ses couleurs. Les fans de Liverpool ont évidemment composé un hymne à sa gloire, sur l'air de «Que sera, sera». Mais, douleur suprême, le titre national s'est toujours dérobé à lui, comme une malédiction qui colle à la peau. Le pire aura été l'épilogue de la saison dernière. Alors que jamais Liverpool n'avait été aussi proche de retrouver le titre, c'est Gerrard, seul au milieu de terrain, qui glissa et offrit à Chelsea un but qui fit basculer le championnat. Quelques semaines plus tard, c'est Manchester City qui fut sacré... Géant dans son club, comme dans son pays, Gerrard s'en va donc. Mais fidèle à l'hymne des Reds, il ne marchera jamais seul.