De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari La presse belge est séduite par la prestation des Algériens face aux Sénégalais. Le royaume, l'autre formateur du football africain, derrière la France, ne tarit plus d'éloges envers les Fennecs. Les médias, d'ici, saluent particulièrement les performances de Bentaleb, Feghouli, Mahrez, Bougherra et M'bolhi pour son sang-froid et «l'énergie» qu'il «distille» à ses coéquipiers. La Coupe d'Afrique des nations qui n'est plus la foire bon marché qu'elle était — la plupart des participants à cette CAN évoluent, déjà, en Europe ou ont été formés, ici — reste un grand indicateur de tendances. Les cotes des uns monteront et d'autres stagneront. Les lobbies et les agents d'affaires sauront en tirer les meilleurs profits. Cette édition, pourtant, est particulière pour l'engineering européen. La plupart des staffs (entraîneurs, adjoints, équipes médicales et préparateurs physiques) sont européens. La France se taille, tout de même, la part du lion, mais la Belgique est bien classée dans cette catégorie. Georges Leekens, Tunisie, est Belge et les Aigles de Carthage ont de fortes chances d'aller, au moins, au carré d'as. Avant l'ouverture de la compétition, plusieurs Belges officiaient en Afrique. L'école belge de formation est compétitive et concurrence sérieusement celle de la France. Pour les quarts de finale, le royaume s'estime en droit de se proclamer vainqueur avant le terme. Les deux Congo et la Tunisie sont déjà passés. Qui dit Congo dit Belgique, dans la mémoire collective du royaume. Cependant, la presse, ici, tant écrite qu'audiovisuelle, ne passe pas sous silence les Verts. Pour le néerlandophone De Morgen, «si l'Algérie ne remporte pas cette CAN, qui alors soulèvera le trophée ?». Plus loin, l'auteur de l'article, à l'évidence «algérianiste», écrit : «En valeurs individuelles, aucune équipe ne possède les joueurs Algériens». Pour Le Soir Bruxellois, «les Algériens reviennent et sont là pour ramener chez eux la Coupe d'Afrique... Ne vous fiez pas aux déclarations de Gourcuff, l'objectif, le seul, est la victoire finale... Ils en ont les moyens, il faut le relever...». Pour La Libre Belgique, même ton. Avec plus «d'expertise footballistique», «l'Algérie est un grand pays d'Afrique et peut, légitimement, prétendre à rester pendant longtemps leader du continent...». Plus loin, il ajoute : «L'équipe est jeune, a des marges de progression et possède un potentiel explosif... Des Brahimi, des Feghouli, des Taïder, des Bentaleb ou des Mahrez ne courent pas les stades d'Afrique ou même d'Europe...». Pour l'un des animateurs sportifs de la RTBF (Radio et télévision francophones) «ne minimisez pas la victoire de l'Algérie contre le Sénégal. C'est une vraie performance, je ne connais pas beaucoup d'équipes en Europe (excepté l'Allemagne et l'Espagne) qui souffleraient aussi facilement les Sénégalais...» Pour ce commentateur, «l'Algérie a opéré comme elle a voulu contre le Sénégal. Elle a scoré au moment qu'il fallait, a géré comme une grande nation de foot puis a remporté le match. A aucun moment, l'on ne sentait les Sénégalais en posture de revenir dans la rencontre. Ils étaient résignés. Pourtant, ce ne sont pas des idiots, ces Sénégalais». De leur côté, les Algériens de Belgique sont sortis dans les rues de Bruxelles, Charleroi, Mons, Gand, Anvers pour animer, à leur façon et comme d'habitude — Maâk yal Khadra, klaxons, fanions déployés, capots ouverts et chants patriotiques — la victoire, sous les regards des policiers plutôt permissifs. L'un des fans veut deux choses «remporter» la Coupe d'Afrique et un match contre la Belgique «comme ça, on les battra facilement pour prouver que lors de la Coupe du monde, leur victoire (des Belges, ndlr) était un accident, simplement...». Ce n'est pas l'avis, évidemment, des médias du royaume qui restent dans la Coupe d'Afrique des nations. Tout en louanges, bien sûr...