De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A trop pister les Russes et à vouloir induire en erreur les Algériens, les Belges ont oublié un autre larron du groupe H. La Corée du Sud. Oublieux, comme ils semblent l'avoir été, que les Asiatiques sont rusés comme des Sioux. Certains historiens leur attribuent même une génétique commune. Présentement, les médias du royaume sont tarabustés par une seule chose : mais où est donc passé le sélectionneur de Corée ? Certains chroniqueurs, pas sûrs d'eux, le donnent dans un hôtel huppé de la capitale, d'autres se disent certains de l'avoir aperçu au sortir de l'ambassade de son pays. Une autre catégorie de journalistes, se recrutant essentiellement dans la presse écrite classique, jure sur tout ce que les Diables rouges veulent que le chef du staff technique coréen est à Lille en France et qu'il y a élu domicile jusqu'à ample informé. Les Belges savent que le Coréen est en Europe mais n'ont pas d'autres indications. C'est la Corée du Sud, souvenons-nous, qui avait informé de la tournée européenne de son manager. Depuis, plus aucune indication n'est venue éclairer les ténèbres de Bruxelles et de ses environs. De- Morgen (néerlandophone - centre-droit modéré) croit savoir que l'ambassade de Corée a acheté une cinquantaine de tickets pour la rencontre Belgique-Côte d'Ivoire (5 mars prochain) et que cette commande, trop visible pour ne pas être un piège, sert de paravent. Le sélectionneur coréen, écrit encore ce journal flamand, y sera, c'est évident, mais pas en tribune officielle. L'une des places réservées par la diplomatie de son pays est à lui, certainement, et que donc il sera en incognito par le peuple diable rouge. Son portrait-robot sportif a été, entre-temps, dressé. Les médias le décrivent «taiseux», «fin stratège», «habile» et très à «cheval sur les principes». Ce qui est, tout de même, peu de choses. Ce sont là des caractéristiques de tout Asiatique tel que vu par les Européens. Rien de plus. L'approche faite par la presse belge est en l'occurrence «bidon», pas du tout au diapason habituel des médias d'ici. Ce charivari et cette tension autour de la présence — ou pas — de l'entraîneur coréen en Belgique ou en Europe n'est en définitive qu'une autre façon, l'autre façon de continuer à entretenir la mobilisation jusqu'à l'ouverture officielle de la Coupe du monde. Le peuple diable rouge, impatient, friand de toutes les informations concernant sa formation ou celle des autres adversaires, ne veut rien lâcher, suit tout et ne se lasse plus des pérégrinations liées au Mondial. Chaque jour, tel ou tel joueur, belge, russe, algérien et, dorénavant, coréen, est pesé et mis aux enchères médiatiques. Que vaut-il ? Est-ce une proie facile pour Eden Hazard, le génial occupant du médian droit belge a supplanté l'euro comme unité, il devient le cours sur lequel s'évaluent les valeurs. On est presque ici, à combien de «Hazard coûte le litre de lait» ou la «chope de bière». Hazard est une cause sacrée, il ne faut pas s'y tromper ou y tremper. Cela peut en coûter. Le choix algérien de Nabil Bentaleb est donc évalué à cette nouvelle pièce nationale. Le milieu de Tottenham, fort gabarit, longiligne, puissant et froid dans sa relance — tels sont les atouts dont il est affublé, ici, par les savants en football — peut-il être l'arme dont disposera le 17 juin prochain Halilhodzic pour contrer Eden Hazard ? Dès l'annonce faite de l'algérianité de Bentaleb, chroniqueurs et commentateurs du royaume n'ont eu comme leitmotiv d'écritures algériennes que le placement de Bentaleb par rapport à Hazard. A une interrogation — écrite — parue dans la Dernière-Heure - D.H (francophone) rappelant l'évidence que Nabil Bentaleb pourrait ne pas être rentrant contre les Diables rouges, seul l'étonnement a été la réponse des autres canards. Pour eux, il est inconcevable que les Verts ne puissent pas ne pas titulariser le praticien de Tottenham. Si tel était le cas, s'angoisse le même journaliste, «cela veut dire que cette Algérie est encore plus performante qu'on veut bien nous le faire admettre». Et ça repart... Aux dernières nouvelles diables rouges — aucune raison de ne pas les prendre au sérieux — une imposante délégation de la FAF serait présente le 5 mars prochain au stade du Roi Baudouin. L'expression «imposante» n'est pas utilisée fortuitement. Elle suggère dans le chef de son auteur que Raouraoua et ses pairs s'adonneront aussi à l'espionnage comme les Russes et les Coréens. Par ces temps où il est beaucoup question de DRS en Algérie, cette suggestion diable rouge n'est pas interdite. Elle l'est d'autant moins qu'ici, espionner pour le compte de son pays n'est pas un délit. Mais la question du jour est : où est passé l'entraîneur de Corée ?...