Les décisions du Conseil ministériel restreint présidé par Abdelaziz Bouteflika mardi dernier ont suscité une réaction extrêmement vigoureuse de la part de l'un des leaders de l'opposition, Ali Benflis. Pour l'ancien chef du gouvernement, lesdites décisions «resteront dans nos annales politiques comme le modèle parfait de la non-gouvernance». Tout simplement. Benflis conteste, dans un communiqué rendu public hier mercredi, et la forme et le contenu en plus du timing. Bref, le tout. Kamel Amarni - Alger - (Le Soir) Pour l'ancien concurrent de Bouteflika aux dernières présidentielles, «ces décisions révèlent avant tout la légèreté et l'improvisation inacceptables dans la gestion des affaires les plus sensibles y compris celles qui concernent la stabilité du pays, la crédibilité de l'Etat et la cohésion de la nation». Benflis, fidèle à sa stratégie de communication qui consiste à cibler prioritairement, voire exclusivement Abdelaziz Bouteflika ainsi que son état de santé, enfonce encore une fois le clou là où ça fait mal : «Les fondations mêmes de notre Etat national sont désormais mises régulièrement à rude épreuve par un sommet de l'Etat vacant qui condamne le gouvernement à la léthargie et jette sa propre disqualification sur l'ensemble des autres institutions de l'Etat». Et en l'occurrence, «le communiqué du Conseil ministériel restreint n'est significatif de rien d'autre que de l'état de dégradation avancée et dangereuse auquel est parvenu un régime politique dont l'illégitimité, la perte de crédibilité, l'inaction et le désarroi prennent, de jour en jour, les proportions d'une véritable menace à l'existence de l'Etat national». L'ancien secrétaire général du FLN trouve que le contenu de ce communiqué «d'une incohérence et d'une légèreté sans précédent» en ce qu'il ramène toute la crise du Sud «à un simple et banal malentendu. Une telle lecture est d'abord inquiétante car elle révèle que nos gouvernants n'ont pas pris la véritable mesure de la gravité de ce foyer de tension qu'ils ont eux-mêmes créé (...) cette lecture est enfin affligeante car des autorités politiques diligentes, vigilantes et performantes ne prennent pas près d'un mois pour procéder au règlement d'un malentendu d'une telle insignifiance, s'il en était réellement un». Benflis conteste également l'argument officiel affirmant que ce dont il s'agit à Ahnat (In Salah) «n'est rien d'autre qu'une expérimentation. En effet, nulle part dans le communiqué du Conseil des ministres du 24 mai 2014 ayant donné le feu vert à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, il n'est question d'expérimentation». Cela, en plus du fait, relèvera encore Benflis, que «l'expérimentation n'ayant plus lieu d'être puisque les responsables concernés ont affirmé à plusieurs occasions que la technologie d'extraction du gaz de schiste était parfaitement maîtrisée». Aussi, estimera-t-il, les mesures annoncées, y compris la création de wilayas déléguées, «tardivement, dans la précipitation et sous une pression citoyenne devenue irrésistible, sont loin de répondre à cet objectif» de règlement de la crise.