Le choix porté sur le DGSN Abdelghani Hamel comme émissaire du président de la République auprès de la population d'In Salah a suscité beaucoup d'interrogations. Surtout, qu'aucun communiqué de la présidence n'en a fait état. Abbas Bouamama, sénateur RND de la région d'In Salah, livre des éclaircissements. Une vive polémique s'est installée au lendemain de la visite du général-major Abdelghani Hamel à In Salah, où il a rencontré les représentants des manifestants anti-gaz de schiste, en qualité d'émissaire du président de la République. Vu la nature du problème, les premières interrogations sont celles de savoir «pourquoi le patron de la police et non pas un membre du gouvernement ou carrément le Premier ministre ?». Aussi, le choix n'a concerné aucun des nombreux conseillers de Abdelaziz Bouteflika, ou encore ces personnalités qu'il a pour habitude de déléguer comme représentants personnels pour tel ou tel autre évènement. Aussi, le silence de la présidence de la République sur cette mission confiée au DGSN, puisqu'aucun communiqué officiel n'en a fait état. Mieux encore, les médias publics ont parlé d'une visite de travail de Abdelghani Hamel pour inspecter ses structures locales et que la population a profité de sa présence pour lui faire part de ses préoccupations. Abbas Bouamama, sénateur RND de la région d'In Salah, bien au fait des détails de cette visite, livre des éclaircissements. Selon lui, ce que beaucoup de gens ignorent est que Abdelghani Hamel a occupé la fonction de commandant de compagnie de la Gendarmerie nationale dans la région avant d'être porté à la tête du groupement de la GN de la wilaya de Tamanrasset. «C'était le patron de la gendarmerie dans la région entre les années 1980 et 1990, et il avait, déjà à l'époque, de bons rapports avec la population», affirme-t-il. A partir de l'année 2000, Abdelghani Hamel a été nommé à la tête des Groupements des gardes-frontières (GGF), alors qu'il avait le grade de général et ce, avant de devenir chef de la Garde républicaine. «Je me souviens qu'au cours de ses visites d'inspection dans la région, il sommait ses agents gardes-frontières d'être aux soins de la population et de lui venir en aide en cas de besoins en médicaments, eau ou nourriture. Les gens d'In Salah n'ont pas oublié cela», ajoute-t-il. «Le gouvernement n'a plus aucune crédibilité dans la région» Le sénateur RND explique aussi que de toutes les promesses du gouvernement envers le Sud, les populations ont retenu que les seules qui ont été concrétisées sont celles du DGSN. «Lorsque le Sud était en ébullition en avril 2013, Abdelghani Hamel s'est déplacé à Ouargla où il a lancé l'opération de recrutement de 2000 chômeurs dans les rangs de la police. Tamanrasset et la région d'In Salah font partie des wilayas qui en ont bénéficié. Pendant cette période, et de toutes les autres promesses lancées par les différents responsables, c'est la seule que nous avons vue se concrétiser», ajoute-t-il. Toutes ces raisons, selon toujours Abbas Bouamama, ont fait que le choix des premiers décideurs a été porté sur la personne de Abdelghani Hamel. «Les hautes autorités du pays ont toutes ces données et savent très bien qu'il est apprécié dans la région et c'est pour cela que le Président a décidé de l'envoyer à la rencontre de la population. Cette dernière sait que sur la question de l'exploitation du gaz de schiste dans la région, Hamel ne peut être que neutre et que ses préoccupations seront rapportées fidèlement et à la lettre au Président», souligne-t-il. Surtout, conclut notre interlocuteur, que «le gouvernement n'a plus aucune crédibilité aux yeux de la population locale». Mehdi Mehenni Malgré la visite du DGSN Abdelghani Hamel Les manifestations se poursuivent à In Salah Les manifestations contre l'exploitation du gaz de schiste se sont poursuivies pour leur 19e jour, hier, à In Salah, et ce, au lendemain de la visite dans la région du DGSN, Abdelghani Hamel, en qualité d'émissaire du président de la République. Selon Azzaoui Mohamed, un des huit représentants des manifestants, et qui a rencontré dimanche l'émissaire de Abdelaziz Bouteflika, la protestation ne cessera pas jusqu'à l'arrêt du premier forage expérimental du gaz de schiste de Tidikelt, à 25 km du chef-lieu de daïra. Pour rappel, le général-major Abdelghani Hamel avait promis de porter les doléances de la population au Président. Les délégués des manifestants, qui ont exigé que la réponse du Président leur soit communiquée à travers la presse, ont expliqué au DGSN que les manifestations se poursuivront jusqu'à satisfaction de leur revendication. La population attendra, ainsi, la décision de Abdelaziz Bouteflika, dans la rue.