«De la Bombonera nous ne partirons pas» : les supporteurs de Boca Juniors sont furieux contre le projet de nouveau stade, qui relèguerait leur chère Bombonera au rang de salle de concerts, et déterminés à le mettre en échec. La Bombonera, stade vétuste de 55 000 places peint en bleu et jaune, les couleurs du club, s'érige depuis 1940 comme un château fort au coeur du quartier populaire de La Boca, peuplé d'abord, au début du XXe siècle, par des immigrants italiens travaillant dans le port de Buenos Aires. Un stade avec une âme et un coeur, ajoutent les passionnés du club le plus populaire d'Argentine, qui entre en effervescence à chaque rencontre de Boca. «La Bombonera ne tremble pas, c'est son coeur qui bat», disent les fanatiques de la 12 (pour 12e homme), le principal club de supporteurs, peu sensibles à l'offre de modernisation pour que Boca dispose enfin d'un stade aux normes de la Fifa. Où la sélection nationale pourrait à nouveau jouer. Les touristes de passage à Buenos Aires, notamment les Brésiliens, se rendent à la Bombonera, rendue célèbre par ses anciens joueurs comme Carlos Tevez, Roman Riquelme, Diego Maradona et ses multiples succès (3 Coupes intercontinentale, 6 Coupes Libertadores, 30 championnats, etc.). Le nouveau stade de 75 000 places sera construit à 200 mètres de l'actuel, sur des terrains vagues appartenant à la mairie. Coût estimé : 400 millions de dollars. «Que sur ces terrains ils fassent un gymnase pour les gens du quartier, mais nous ne voulons pas d'un autre stade», s'emporte Susana Diaz, 55 ans, non loin de la Casa Amarilla, le centre de formation de Boca Juniors. «Impensable» «On a toujours parlé d'agrandir la Bombonera, mais un nouveau stade, c'est impensable», lâche Eduardo, vendeur dans une des nombreuses boutiques de souvenirs estampillés CABJ, pour Club Atletico Boca Juniors. Le projet a été présenté à la mairie de Buenos Aires par le vice-président du club, Oscar Moscariello, qui siège également à l'assemblée municipale. Quelques semaines plus tôt, la Bombonera était déclarée lieu d'intérêt culturel. Les liens entre Boca Juniors et la mairie de Buenos Aires sont étroits. Le maire depuis 2007, le conservateur Mauricio Macri, était avant cela président du club de foot. Celui que M. Macri a porté à la tête du club à partir de 2011, Daniel Angelici, promet un stade modernisé et plus de confort aux «socios». Mais les supporteurs préfèreraient des titres: le dernier remonte à 2011, en championnat, et ils enragent d'assister aux victoires de l'archi-rival River Plate, qui a conquis la Copa Sudamerica 2014. «Personne n'est d'accord pour démolir la Bombonera ou pour l'utiliser pour une autre activité que le football», s'indigne Jorge Ameal, président de Boca Juniors de 2008 à 2011. «Seule une personne dépourvue d'attachement au club peut imaginer une chose pareille, personne ne penserait à démolir le Colisée à Rome», poursuit avec aplomb Jorge Ameal, en campagne électorale pour reprendre la direction du club. «On ne touche pas à la Bombonera» : un slogan qui est désormais décliné sur les réseaux sociaux, sur des banderoles dans le stade ou lors de manifestations devant la mairie.