Les forces du régime appuyées par le Hezbollah ont effectué samedi une percée dans le sud de la Syrie tandis que des jihadistes ont pris une base importante dans le nord du pays en guerre depuis quatre ans. Parallèlement, le médiateur de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura était attendu dans l'après-midi à Damas et entend mettre en œuvre au plus vite sa proposition de cessez-le-feu localisé à Alep, principale ville septentrionale du pays, selon son entourage. Depuis vendredi soir, à une cinquantaine de km au sud-ouest de Damas, l'armée s'affronte à des factions rebelles et des jihadistes du Front Al-Nosra, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). «Les forces pro-régime ont avancé et pris trois villages et plusieurs collines dans la province de Deraa, avec le soutien de l'aviation» syrienne, a précisé l'OSDH. Les combats, qui ont fait sept morts parmi les rebelles, ont lieu dans un triangle où se rejoignent les provinces de Damas, de Qouneitra et de Deraa. L'objectif est d'arriver jusqu'à la ligne d'armistice avec Israël sur le plateau du Golan, dont une partie est occupée par l'Etat sioniste, et de couper la route aux rebelles et au Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, se rendant du sud vers Damas. Pour cela l'armée syrienne et le Hezbollah avancent d'est en ouest, après avoir suspendu leur offensive à cause de la neige. L'agence officielle syrienne SANA a confirmé la prise de collines stratégiques dans le secteur. Selon des habitants, l'offensive a surpris les rebelles dont beaucoup sont morts ou ont fui. Les rebelles et Al-Nosra, qui contrôlent une bande de territoire le long de la frontière jordanienne, avaient progressé dans les provinces du sud, importantes car elles sont proches de Damas, de la Jordanie et du Golan occupé par Israël. Alors que dans le sud rebelles et Al-Nosra combattent côte à côte, la situation est différente dans le nord. Près d'Alep, Al-Nosra a ainsi chassé les rebelles syriens de la base militaire 46, à l'issue de combats ayant fait 29 morts dans les rangs du groupe rebelle syrien Hazem et six dans ceux d'Al-Nosra, a affirmé l'OSDH. La base avait été prise en novembre 2012 par les rebelles qui en avaient chassé les troupes du régime et y avaient saisi des missiles sol-air. Al-Nosra est formé de combattants syriens et étrangers. Hazem est considéré comme un groupe rebelle «modéré» par les Occidentaux par opposition aux jihadistes ultraradicaux. Il fut le premier groupe à recevoir, en 2014, des missiles antichars TOW de pays occidentaux. Le Front Al-Nosra cherche à reprendre des localités ou camps militaires aux rebelles dans les régions d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) et à créer un «émirat» islamique en Syrie. Déclenché le 15 mars 2011 par une contestation populaire violemment réprimée, le conflit en Syrie s'est transformé en une guerre opposant le régime à des déserteurs aidés par des civils armés et plus tard des jihadistes venus pour la plupart de l'étranger. Il s'est complexifié avec les combats entre rebelles syriens et jihadistes devenus ennemis, même si tous deux continuent à combattre le régime de Bachar al-Assad. Néanmoins la rapide montée en puissance en 2013 d'un des groupes jihadistes, l'organisation de l'Etat islamique (EI), qui s'est emparé de vastes régions dans le nord-est, a éclipsé la rébellion contre le régime. Plus de 220 000 personnes ont été tuées depuis mars 2011.