Treize civils kurdes syriens ont été enlevés dimanche par les rebelles dans la province d'Alep (nord) avant d'être remis à des djihadistes qui les détiennent désormais dans cette région, selon une ONG syrienne. Fin juillet, le Front Al-Nosra et l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), deux groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda, détenaient plus de 200 civils dans les villages à majorité kurde de Tall Aren et de Tall Hassel, à l'est de la ville d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Leur sort reste inconnu. Dimanche, 13 autres Kurdes ont été capturés à un barrage des rebelles dans la localité de Sfeira, proche de ces deux villages et ont été remis aux combattants d'Al-Nosra, selon l'Observatoire. Des combats opposent djihadistes et Kurdes dans plusieurs régions du nord et du nord-est de la Syrie, où les Kurdes aspirent à forger une autonomie. Les combats ont éclaté après que les combattants kurdes ont chassé à la mi-juillet les djihadistes de la ville de Ras al-Aïn, dans la province de Hassaké (nord-ouest). Depuis, les affrontements font rage entre les deux bords et les djihadistes multiplient attentats et enlèvements contre des kurdes. A Tall Aren et Tall Hassel, au moins 26 Kurdes, dont 10 combattants, ont été tués par les djihadistes du 29 juillet au 5 août, selon l'OSDH. Dans la région d'Alep, qui échappe en majorité au régime de Bachar al-Assad, les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) sont alliés à ces groupes djihadistes dans leur combat contre le régime. Dans d'autres régions, comme à Idleb (nord-ouest), l'alliance est moins solide et des combats ont éclaté au cours des dernières semaines entre ASL et djihadistes. Au début de la révolte en Syrie, les insurgés syriens qui cherchaient désespérément de l'aide face à la puissance de feu de l'armée avaient accueilli à bras ouverts les djihadistes, dotés d'armes sophistiquées et aguerris au combat. Mais cet engouement a laissé progressivement place au rejet en raison de leur pratique extrême de l'Islam et des arrestations arbitraires. En outre, selon des experts, les pays occidentaux qui soutiennent la rébellion dite modérée, incarnée par l'ASL, font pression sur celle-ci pour qu'elle se démarque des djihadistes. Le n°2 de la CIA, Michael Morell, a dit craindre que la Syrie ne devienne un nouveau sanctuaire pour Al-Qaïda, à l'image de l'Irak.